Les chiffres se suivent et se gonflent. La Tunisie, comme les autres pays du monde, est en train de subir de plein fouet les affres de cette deuxième vague du Covid-19. Notre système de santé, déjà affaiblit et sous développé, risque bientôt de lâcher. Les responsables du ministère de la santé ne savent plus quoi dire. Ils s'attendent au pire et le déclarent. En Tunisie, aux derniers chiffres publiés par les autorités sanitaires (25/10/2020), nous totalisons depuis mars 48 799 cas de contamination, dont 1585 cas samedi dernier, et nous avons eu 819 décès ! Les chiffres donnent le tournis et la peur commence à s'immiscer dans notre fort intérieur, et quand ceci arrive, la panique n'est pas loin. Cette fois le virus est bien installé chez nous. Chaque jour on entend parler d'une connaissance ou d'un parent atteint ou mort. Les hôpitaux régionaux et locaux sont débordés ou démunis. Manque de matériel, manque de personnel, manque de tout en fait. Même la très respectable Mme Nissaf Ben Alia, porte-parole du ministère de la santé ne le cache plus. Elle a déclaré à la TAP samedi dernier que la situation est critique, et dangereuse ! Les défis économiques En fait, on est en face de plusieurs défis tous liés au Coronavirus. Le premier et le plus délicat est d'ordre économique. Les ravages occasionnés par le confinement généralisé du printemps dernier sont là. Les effets ne se sont pas arrêtés ni ici ni ailleurs dans le monde. Le tourisme, l'aviation, toutes les industries et les trafics marchands sont en berne partout. Les prévisions sont négatives même dans les économies le plus prospères de la planète. Aucun pays n'envisage un retour au confinement. Nous non plus d'ailleurs. Son coût est insupportable et son efficacité est douteuse puisque la contamination est maintenant intérieure. C'est pour ça que M. Hichem Méchichi ne cesse de répéter que son gouvernement n'envisage pas du tout un confinement généralisé. Alors on se rabat sur des confinements locaux et partiels afin de tenter de casser le rythme de progression de la pandémie. Sans beaucoup de succès jusqu'ici. En plus de ce défi majeur, la Tunisie est en phase de crise économique aiguë qui perdure depuis une décennie. Les experts appellent à instaurer une vraie économie de guerre, qui est à même de mobiliser ce qui peut l'être des ressources du pays pour combattre le coronavirus. Au vu de la Loi des Finances de 2021, on n'est pas encore là ! Les défis sociaux Le stress du Covid-19 est palpable partout même si nous sommes plutôt un peuple fataliste et notre laisser -aller est légendaire. C'est vrai que le port du masque progresse et que les gens font plus attention mais la discipline n'est pas notre fort. Le taux élevé de contamination chez le personnel médical est également élevé et dangereux, résultat d'abord du manque de moyens mais également de notre nonchalance légendaire. Il y a également les contaminations à l'école. Toutes les familles sont concernées et ont peur pour leurs enfants. Aux derniers chiffres du ministère de l'éducation (22/10/2020) on dénombre 1533 cas de contaminations dont 639 élèves et 708 enseignants. Ce n'est certes pas encore la côte d'alerte, mais c'est une situation alarmante dans tous les cas. Les discussions sur une éventuelle fermeture des établissements est lancée, attisée par l'alarmisme feint ou vrais des enseignants. Mais les autorités sont face à un casse-tête d'une autre nature. Car confiner les enfants perturbera le travail des parents et toute la mécanique économique risque de sombrer ! Les défis de santé publique En plus de tout ça, il faut également gérer la situation des hôpitaux qui est lamentable ! On arrive presque à saturation dans plusieurs hôpitaux surtout dans le Grand Tunis et les grandes villes. Plusieurs patients dans des états graves ont été abandonnés à eux même. Les cas de contamination du corps médical sont en progression alarmante et le manque de personnel se fait sentir presque partout. Le Chef du Gouvernement a bien annoncé des mesures exceptionnelles afin de palier au plus pressé mais on attend encore la concrétisation. Il faut ajouter à cette situation le manque de plusieurs autres médicaments et surtout les vaccins de grippe saisonnière, ce qui ne fait pas rassurer du tout le public. Ainsi, le Covid-19 s'installe pour de bon dans nos esprits et risque de paralyser le pays à un moment difficile sur tous les autres plans. Il faut que les autorités s'ingénient à trouver les initiatives à même de faciliter la gestion de cette période de crise. Ce N'est pas chose facile ! A.L.B.M.