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Faut-il voir les larmes d'un ministre pour saisir la gravité de la situation ?
Publié dans Business News le 08 - 04 - 2020

Depuis la révolution de 2011 et encore après le décès de l'ancien président, Béji Caïd Essebsi, et la passation pacifique au pouvoir, on ne cesse de clamer par ci et par là que le grand peuple de Tunisie a ébloui le monde. Rien n'indique toutefois que c'est vrai, et si c'est le cas, il est fort à parier que ce n'était en rien intentionnel. Ce constat est d'autant plus probable, qu'à l'heure actuelle, devant un danger aussi grand que la propagation d'une épidémie mortelle, un ministre doit verser quelques larmes pour supplier les citoyens de se conformer aux mesures de sécurité afin de se protéger eux-mêmes d'abord et les autres ensuite…

Les Tunisiens ne sont pas particulièrement connus pour leur civisme c'est un fait mais si jusque-là leur comportement anarchique se limitait aux files non respectées et à des routes où règne la loi de la jungle, aujourd'hui l'incivisme de certains tue et ne fait pas le tri.

Depuis plusieurs semaines, le ministère de la Santé et toutes les institutions rattachées, ne cessent de marteler que la distanciation sociale et le confinement total doivent être scrupuleusement respectés pour espérer contrôler la propagation du Covid-19 et épargner au pays un scénario catastrophique.
Encore aujourd'hui, le ministre Abdellatif Mekki le répétait inlassablement lors d'une séance d'audition à l'ARP. Abdellatif Mekki a souligné, à l'issue de cette réunion, que si les citoyens ne se conformaient pas aux mesures de confinement, plusieurs morts pourraient être déplorées. « C'est une situation à laquelle nous ne devrons jamais arriver », a-t-il dit mettant en garde contre tout relâchement dans les mesures de confinement.

Si le confinement est si important, c'est que les moyens ne sont pas abondants et que les ressources ne sont pas illimitées. L'objectif principal des autorités, depuis l'apparition de l'épidémie en Tunisie, est de ralentir sa propagation et de l'étaler sur le temps à défaut de la stopper. Le raisonnement est simple et ne nécessite pas de grandes connaissances pour être compris. La finalité de toutes ces mesures est en fait d'éviter à tout prix que les hôpitaux et les structures sanitaires ne soient débordés et qu'ils n'arrivent plus à accueillir les malades. Pire encore, si le personnel médical, déjà peu protégé, est débordé et que les patients Covid+ commencent à joncher jusqu'aux couloirs des hôpitaux, à terme il ne restera plus grand monde pour assurer les soins. C'est un scénario qui n'a rien d'improbable et qu'ont émis de nombreux pays dont les moyens en termes de santé publique sont de loin supérieurs à ceux de la Tunisie.

On constate en Tunisie de nombreuses entorses aux règles de protection censées donc être comprises et élémentaires. On observe des violations du couvre-feu, des rassemblements par ci par là et même, cerise sur le gâteau, des patients infectés qui refusent d'être évacués de chez eux et des citoyens qui fuient clandestinement des zones classées clusters. De quoi en perdre son latin et son sang-froid.
« On voulait faire des quarantaines pour les clusters uniquement mais les Tunisiens, qui habitent ces zones, les quittaient en cachette. Si on ne respecte pas véritablement le confinement général sanitaire, on va perdre tout ce qu'on a bâti. Le citoyen doit respecter les dispositions du confinement. Il n'est pas normal que la plupart des citoyens respectent le confinement et qu'une minorité abîme ce qui a été réalisé en ne respectant pas le confinement ! S'exposer au virus puis contaminer d'autres personnes est assimilé à un meurtre avec préméditation ! Malgré les complications économiques qu'elles vont créer pour le pays et les citoyens, les deux prochaines semaines seront décisives, donc il faut respecter le confinement et obliger les autres à le respecter, en les dénonçant», a confié Abdellatif Mekki ce matin.

On disait donc que le confinement est nécessaire pour limiter la propagation du virus et que le personnel médical doit aussi et surtout être protégé car ce sont les soignants qui constituent au final le dernier rempart contre le basculement de la situation. Nous avons traité de ce sujet dans un article précédant et souligné la nécessité d'allouer au personnel médical, au personnel paramédical et aux ouvriers tous les moyens de protection nécessaires. Mais voilà qu'une nouvelle vient ajouter une inquiétude supplémentaire à un contexte déjà peu rassurant.
Le ministre de la Santé a tenu à préciser aujourd'hui que parmi les cas de Covid positifs enregistrés chez le personnel médical, près de 30 personnes ont été contaminées à l'extérieur de leur environnement de travail à l'exception d'un infirmier à Sousse qui a été infecté par un patient. « Ce ne sont pas des cas nosocomiaux !», a-t-il souligné pour dire à quel point la situation est grave.

Hier, le ministre de la Santé mettait en garde contre le relâchement, contre le manque de conscience de certains citoyens. Abdellatif Mekki l'a clairement dit, la guerre ne peut être remportée qu'avec la coopération du peuple et seulement en comptant sur son sens des responsabilités. Il le répétait encore et encore, ne pas respecter les consignes de sécurité et les mesures mises en place c'est courir tout droit vers une situation dramatique.
Schémas à l'appui il montrait que les cas de contagion les plus denses ont concerné l'entourage direct de patients Covid+ qui n'ont pas respecté les mesures de distanciation comme ils auraient dû.
En montrant la courbe de la progression de l'épidémie en Tunisie, Abdellatif Mekki a souligné que la remontée constatée ces derniers jours, malgré les mesures mises en place est particulièrement inquiétante. « Si les choses continuent d'évoluer ainsi, nous allons perdre tous nos acquis. Ayant constaté le manque d'efficacité de la quarantaine volontaire, nous avons décidé de placer toute personne Covid+ dans les hôpitaux ou les centres dédiés afin qu'elle puisse bénéficier du suivi et l'éloigner ainsi d'autres personnes qu'elle risque de contaminer. Nous nous sommes malheureusement heurtés à un manque de coopération qui nous fait craindre le pire. Le pire est de nous retrouver avec des cas sans pouvoir savoir d'où ils ont contracté le virus et cela est très grave. Il faut savoir que ce que nous constatons dans les hôpitaux montre que ce virus est très dangereux, il nous prend au dépourvu, il mute et donne des symptômes jusque-là inconnus. 80% des patients qui entrent en soins intensifs finissent par décéder, quel que soit leur âge » a-t-il affirmé.

Abdellatif Mekki a évoqué un scénario cauchemardesque, de morts dans les rues, d'hôpitaux aux capacités dépassées et de dérive totale du pays dans une situation incontrôlable. Cette sonnette d'alarme le ministre l'a tirée à cause de la propagation horizontale du virus qui laisse l'Etat dans l'incapacité de déterminer avec exactitude les zones infectées.
Il a fait aussi part de fausses données fournies par les personnes atteintes du virus SARS-COV-2 induisant les autorités en erreur. « Ceci est très grave dans la mesure où nous ne pouvons établir toute la chaîne des contacts. Des personnes peuvent être contaminées et circuler librement dans la nature. Nous ne pourrons jamais contenir la maladie de cette manière » a ajouté M. Mekki confiant que certains patients évitent de donner les noms des personnes avec lesquelles elles ont été en contact.
Pour nuancer le propos, Abdellatif Mekki a tout de même précisé qu'il est toujours possible de rattraper la situation en freinant la propagation du virus en se conformant à 100% aux mesures du confinement. « C'est dommage de rater ce qu'on a fait jusqu'ici, à cause de la nonchalance d'une minorité » a-t-il réitéré.

C'est donc une minorité de citoyens peu respectueux des consignes mais aussi du droit aux autres à la vie que les services de santé appellent à faire preuve de plus de responsabilité. Hier les larmes versées par Abdellatif Mekki en disaient long sur la gravité de la situation. Elles avaient fait couler beaucoup d'encre mais ce n'est pas ici qu'on va juger leur sincérité ou du fait qu'un responsable peut agir en humain et pleurer ou pas. Nous n'en sommes malheureusement pas au point de polémiquer sur des futilités au vu de qui attend la Tunisie du fait de l'inconscience de certains de ses citoyens…

Le nombre de contaminés par le Covid-19 est passé à 623 cas sur un total de 8.274 dépistages réalisés, à la date du 6 avril courant. 27 cas étaient positifs sur 549 analyses effectuées.
Il y a 22 gouvernorats touchés. On a enregistré 25 rétablissements et 23 décès (4 à Sfax, 4 à Sousse, 3 à l'Ariana, 1 au Kef, 1 à Mahdia, 1 à Tataouine, 1 à Bizerte, 2 à Tunis, 2 à Médenine, 1 à La Manouba, 1 à Sidi Bouzid, 1 à Nabeul et un 1 à Ben Arous).
La Tunisie est en confinement total depuis le 22 mars et au moins jusqu'au 19 avril 2020.
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