On croyait que la Tunisie était, pour l'Europe, un laboratoire pour tenter de tester le processus démocratique dans le monde arabe. C'est le côté cour ! Côté jardin : faire de la Tunisie tout ce que l'Europe ne peut pas faire chez-elle ! En d'autres termes, faire de la Tunisie une poubelle et un gendarme pour les sales boulots que les européens préfèrent les confier, en général, au tiers-monde... Le ministre français de l'intérieur, Gérald Darmanin a été reçu, samedi 6 novembre 2020, par le chef de l'Etat qui a rappelé, à cette occasion, l'accord conclu entre les deux pays, en 2008, relatif à l'expulsion des personnes en situation irrégulière, tout en affirmant que les discussions se poursuivront à ce sujet, notamment avec les autorités sécuritaires, pour trouver rapidement des solutions. De son côté, Darmanin a salué la coopération sécuritaire entre la Tunisie et la France, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme... En fait, l'objectif de la visite du ministre français de l'intérieur vise tout simplement à permettre le retour au pays des Tunisiens radicalisés pour ne pas dire les terroristes tunisiens écroués actuellement en France et faciliter, ainsi, la reconduite à la frontières des migrants illégaux. Douce France et tendre Italie Plusieurs associations et organisations ont adressé, au ministre français de l'intérieur, à cette occasion, une lettre ouverte dans laquelle elles rejettent les pressions exercées sur le gouvernement tunisien et les gouvernements des pays du Sud par certains pays européens, qui profitent de l'effroi occasionné par les effroyables crimes commis par les terroristes, pour se débarrasser des migrants sans papiers, au mépris du droit et de la justice. Elles dénoncent, également, le récent accord arraché par les autorités italiennes généralisant le retour forcé et collectif au détriment de la législation italienne. La Douce France et la Tendre Italie exercent des pressions sur la Tunisie pour en faire un centre de détention pour les terroristes tunisiens écroués en France et en Italie mais aussi pour les migrants clandestins en Europe dont les Tunisiens semblent représenter, hélas, ces derniers temps, près de la moitié ! Certes, on peut comprendre que notre pays soit responsable de ses immigrés clandestins, mais c'est dans le cadre de la loi et du respect des droits de l'Homme que l'Europe devrait régler ces dossiers délicats avec ses voisins du Sud. La loi du plus fort est toujours la meilleure ! Peu importe que ces terroristes puissent constituer de grands dangers pour la Tunisie ! L'important est que l'Europe puisse s'en débarrasser, chez-elle ! La loi du plus fort et les deux poids deux mesures L'Europe et le monde occidental n'ont-ils pas, pourtant, pendant longtemps, fermé l'œil sur les départs des milliers de jeunes européens et arabes qui étaient partis faire le Jihad en Syrie, en Irak et ailleurs !? L'Europe n'est-elle pas en train de récolter ce qu'elle avait semé comme désordre et chaos dans le monde arabe au nom du "Printemps arabe" ? Si la France tente, souvent, de fermer l'œil sur les terroristes français écroués dans les prisons irakiennes et syriennes, pourquoi la Tunisie devrait-elle récupérer les siens !? Eh oui, c'est toujours la politique de deux poids, deux mesures ! "Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais!", disait Jean-Jacques Rousseau. À vos ordres, Douce France et Tendre Italie ! D'ailleurs, il semble qu'on regrette, du côté aussi bien italien que français, la méthode musclée du régime de Ben Ali concernant le dossier des migrants clandestins. C'est que, dans la vie, il faut savoir sur quel pied danser ! On ne peut, d'un côté, semer le chaos dans le monde arabe et, de l'autre, regretter combien ce dossier des migrants clandestins aient été si bien gérés par Ben Ali et Kadhafi ! Autre dossier scandaleux : faire de la Tunisie mais, d'une manière générale, du Tiers-monde, une poubelle pour les pays industrialisés ! En fait, c'était toujours ainsi, mais c'est parce que la Tunisie a été choisie pour être plutôt le laboratoire de la démocratie dans le monde arabe que nous posons naïvement la question à nos amis et chers voisins européens ! Le mur de l'argent et de la morale Au nom de quelles valeurs morales et éthiques pourrait-on, en effet, expliquer ces 120 tonnes d'ordures ménagères italiennes très dangereuses pour la santé des Tunisiens que la douane tunisienne vient de saisir ? Ne s'agirait-il pas, en fait, que d'une goutte qui avait fait déborder le vase!? Dernière cette affaire, ne se cachent-elles pas tant d'autres scandales qui alimentent et nourrissent ce fléau de la corruption qui ronge notre pays ces derniers temps et ses voisins européens!? À titre de simple rappel, entre 11 et 12 mille nouveaux cancers sont enregistrés par an en Tunisie, selon la société tunisienne d'oncologie médicale (STOM). Quelle horreur et quel crime contre la santé des Tunisiens et de leurs enfants ! Le silence ou le peu d'intérêt que paraissent accorder les autorités tunisiennes à cette affaire comme sur tant d'autres scandales, est peu digne d'un pays qui avait choisi de couper définitivement avec toute forme d'opacité et de lois occultes. Les Tunisiens et les Tunisiennes attendent légitimement des réponses claires de la part de tous les départements concernés par ce scandale des ordures ménagères italiennes qui empoisonnent notre vie, asphyxient notre environnement et affectent gravement notre planète. "...L'absence du rôle des services de l'Etat dans le contrôle de ces entreprises et le manque de rigueur, lors de l'octroi des autorisations, sont suspects, surtout que ces projets sont mortels et qu'ils provoquent une dégradation environnementale et une pollution de la couche d'eau et d'air, d'autant plus qu'ils contiennent des déchets médicaux et chimiques...", tient à rappeler le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Une chose est certaine : la loi du plus fort demeure toujours la meilleure. La corruption n'a pas de nationalité. Les grandes valeurs morales et éthiques, chères à l'Occident, tombent bien souvent dans l'eau, dès qu'on est face au tout puissant Mur de l'argent ! "...l'argent corrompt, l'argent achète, l'argent écrase, l'argent tue, l'argent ruine et l'argent pourrit jusqu'à la conscience des hommes !", avait souligné François Mitterrand, ancien président français, lors du congrès d'Epinay, le 13 juin 1971. M. M.