Bravant les consignes sanitaires, des hommes et femmes venus de tous les Etats-Unis se massaient sans masque dans les métros, convergeant vers une capitale dont les vitrines étaient une fois de plus barricadées par crainte d'éventuels débordements. Le président sortant, qui continue de nier la victoire de son rival démocrate Joe Biden, encourage depuis des jours ses supporteurs à défiler dans la capitale pour cette journée qui sera "folle", a-t-il prévenu. Il doit prendre la parole devant ses troupes à 11H00 (16H00 GMT) depuis l'Ellipse, esplanade située au sud de la Maison Blanche, et devrait répéter les accusations de fraudes qu'il martèle depuis deux mois sans en apporter la preuve. Katherine Caldwell, 61 ans, et son mari sont venus exprès de l'Oregon, à cinq jours de route, pour le soutenir dans cette croisade. "Ils ont volé l'élection", "j'en suis absolument sûre", dit-elle. D'ailleurs, les élections sénatoriales en Géorgie de la veille ont aussi vu de "la triche", assure-elle, alors que les démocrates semblent en passe de remporter les deux sièges nécessaires pour reprendre le contrôle du Sénat. "Ils ont encore utilisé les machines frauduleuses, les gens en Géorgie sont corrompus", assure cette femme, coiffée d'un chapeau blanc de cowboy qui agite un grand drapeau rouge barré de la mention "Trump est mon président". D'autres brandissent des pancartes "Stop au vol", le cri de ralliement de ceux qui sont persuadés que l'élection du 3 novembre était truquée, malgré les dénégations des tribunaux et des responsables électoraux. Au-delà de la base, des dizaines d'élus républicains de la Chambre et du Sénat restent fidèles à Donald Trump et ont promis de faire retentir leurs doutes dans l'enceinte du Congrès, qui doit officiellement enregistrer mercredi le vote des grands électeurs: 306 pour Joe Biden, 232 pour Donald Trump. Leurs objections ne feront pas dérailler cette procédure, la dernière avant la prestation de serment du démocrate le 20 janvier, mais pourraient la ralentir. Les démocrates tout proches du Sénat Du résultat des élections sénatoriales en Géorgie, dépendra la majorité du Sénat, et la plus ou moins grande latitude dont disposera le président élu Joe Biden. Et ces résultats peuvent arriver très vite, l'un des candidats, le démocrate Raphael Warnock a d'ailleurs déjà proclamé sa victoire. Le candidat démocrate Raphael Warnock a revendiqué, dans la nuit de mardi à mercredi, la victoire dans une élection sénatoriale cruciale en Géorgie face à la sénatrice républicaine sortante Kelly Loeffler. Une victoire confirmée par les chaînes CNN, CBS et NBC hier. Si cette victoire est confirmée, Raphael Warnock, pasteur d'une église d'Atlanta où officiait Martin Luther King, marquera l'histoire en devenant le premier sénateur noir élu dans cet Etat du Sud. Les démocrates doivent encore remporter l'autre élection sénatoriale partielle en Géorgie pour prendre le contrôle du Sénat et l'autre démocrate en lice, Jon Ossoff, semble également en mesure de créer la surprise en l'emportant de justesse dans ce grand Etat du Sud traditionnellement conservateur face à l'autre sénateur républicain sortant, David Perdue. Jon Ossof, ancien journaliste de 33 ans, est aussi en tête, mais avec une avance encore plus serrée sur son rival républicain, avec près de 13 000 voix d'écart après dépouillement de 98 % des bulletins, « Tout se joue aujourd'hui », a tweeté Joe Biden. Le démocrate deviendra le 20 janvier le 46e président des Etats-Unis. S'ils parviennent à conserver un seul des deux sièges en jeu, les républicains garderont leur majorité au Sénat. « Cette élection va être très serrée », ont mis en garde dans l'après-midi les deux sénateurs républicains sortants, David Perdue et Kelly Loeffler. Si au contraire une double victoire démocrate est confirmée en Géorgie, cela changerait tout pour Joe Biden. Il aurait alors la majorité au Sénat dont il a besoin pour appliquer son programme sans entrave. Ce serait aussi une immense sanction pour Donald Trump car le président sortant s'est personnellement investi dans cette campagne et les deux candidats républicains étaient totalement alignés sur sa stratégie de contestation des résultats. En tout cas après la victoire de Joe Biden, la Géorgie qui basculerait chez les démocrates au Sénat, ce serait une première spectaculaire depuis plus de trente ans dans cet Etat du Sud historiquement conservateur.