Malgré la conjoncture actuelle, le cinéma continue. Tout d'abord, les J.C.C. puis « Vues sur les Arts » (à l'Agora La Marsa). Ensuite, les louables tentatives de programmation cinématographique de l'IFT, et bien sûr, ce que nous propose la Cinémathèque Tunisienne depuis le début du mois de janvier en dépit des nouvelles menaces que cause la pandémie. Tarek Ben Chaabane, directeur de la Cinémathèque Tunisienne explique sa démarche et son choix. Pour ainsi dire à quel point, les cinéphiles auront envie de retrouver l'intimité confinée des salles obscures. Tarek Ben Chaabane juge important de proposer un programme à même de les inciter à renouer avec l'expérience d'un grand écran. Entretien. Le Temps : la Cinémathèque va renouer avec le public en ouvrant les salles de cinéma malgré la persistance de la situation sanitaire, quelles sont les mesures que vous aves prises pour le bon déroulement des choses et la sécurité des cinéphiles ? Tarek Ben Chaabane : les JCC ont été une sorte de répétition générale. Notre équipe s'est rodée. Le protocole sanitaire mis en place est efficace et il faut reconnaitre que les spectateurs sont responsables. Donc, il n'y a pas de soucis de ce côté-là. *Qu'avez-vous préparé pour le premier semestre de la nouvelle année. Y a-t-il un programme fin- prêt qui attend de voir le jour ? -Avec mon équipe, nous avons établi un programme qui couvre tout le premier trimestre. Avec des options pour le reste de la saison. Il y aura bien sûr des cycles autour des grands maîtres du cinéma, une rubrique consacrée aux (re) découvertes, dédiée aussi bien aux anciennes pépites, qu'à des cinéastes actuels, mais dont les films ne sont pas distribués dans les circuits conventionnels. Pour le premier axe, je cite Ken Loach, Stanley Kubrick ou Alfred Hitchcock. Pour le second, Hassen Ferhani et Amir Naderi. Venant du monde universitaire, je pense que la synergie avec le monde académique est essentielle. Nous allons donc, et passé la période d'examen, organiser des séminaires autour de la critique, de l'analyse des œuvres etc...C'est dans cette perspective que nous allons lancer une revue dédiée à la recherche et aux essais sur le septième Art. Une grande partie de notre travail sera consacrée au « non-film ». Nous comptons éditer une collection de scénarios tunisiens mais aussi, entreprendre la restauration et la collecte des affiches de films. C'est ma collaboratrice Lilia Ben Achour qui prend en charge cet aspect. Nous allons aussi organiser des expositions. La première qui sera inaugurée le 22 janvier, est consacrée à l'œuvre du cinéaste et écrivain Nacer Khémir. Elle sera accompagnée d'une projection de quatre de ses films. La seconde programmée pour fin février, est consacrée aux travaux du photographe Skander Dhaoui, autour des figures et des lieux du cinéma en Tunisie... *Est-ce que la coopération avec les services culturels des différentes ambassades va se poursuivre, sinon s'intensifier surtout que la ligne directrice de nos assises culturelles demeure encore floue et peu claire. Le ministère chargé de la Culture est peu enclin au transfert de ses compétences culturelles. Qu'en pensez-vous ? - Oui, la coopération va se poursuivre. L'IFT restant un de nos principaux partenaires. Il y a aussi la Francophonie qui organise la semaine du film et de nombreuses ambassades amies de la Cinémathèque. Ces partenariats nous permettent d'avoir accès à des films qui ne sont pas distribués en dehors des festivals et des circuits d'art et d'essai... *Selon vous, comment proposer au public de revenir dans les salles de cinéma après une rupture qui a trop duré. Qu'en est-il de Netflix ? -Je suis mal placé pour répondre à cette question. Subjectivement, je pense que oui. Avec Daly Okbi, nous avons relevé le défi de « lancer » « Vues sur les Arts », en nourrissant de nombreuses craintes à cause de la pandémie. Nous avons travaillé sur ce festival depuis le mois de juin pour qu'il coïncide avec la rentrée scolaire et universitaire en septembre. La situation sanitaire en a voulu autrement. Maintenant, le public a apprécié le programme. C'est le plus important pour moi. *Vous avez fait partie du comité qui a pensé et programmé les films de la première session de ce festival, et vous comptez reprogrammer cette fois à la Cinémathèque, « La vie passionnée de Vincent Van Gogh » de Vicente Minnelli. Pourquoi ? - C'est un beau film. Un grand classique qui a donc sa place dans la programmation de la Cinémathèque. Surtout qu'il me semble qu'il n'a pas été beaucoup vu... *Outre votre vocation d'universitaire et critique de cinéma, vous avez publié plusieurs recherches sur le champ culturel et essentiellement sur le cinéma et l'audiovisuel dont le tout dernier paru en 2019 : « Le cinéma tunisien d'hier et d'aujourd'hui ». Quand verra t-on le prochain ? - Je n'ai pas encore d'idée précise. Plus précisément, j'hésite entre deux ou trois problématiques. Mais je suis en train d'écrire, à mon rythme, un scénario de fiction sur une période de l'histoire tunisienne. Une période de grands choix et de grandes ruptures... Propos recueillis par : S.B.Z