Des citoyens ont enregistré, ces derniers jours, une diversité dans les prix de la viande de mouton, à Tunis, notamment. Certains bouchers proposent le kg de viande de mouton à 24 dinars et 25 dinars, mais d'autres, ainsi que les grandes surfaces, continuent de le vendre à 28 dinars, et ce depuis longtemps. Tout le monde sait que la diversité des différents frais et taxes. des prix pour un même article est unbon signe, reflétant l'existence de laconcurrence perçue par les partisansde la liberté de commerce commeétant le meilleur régulateur des prixet pouvant suppléer efficacement àl'intervention de l'Etat. Renseignement pris, la différence serait justifiée par une différence de qualité. Selon un boucher qui vend la viande de mouton à 28 dinars le kg, le produit vendu à 24 dinars n'est pas une viande de jeune agneau mais de mouton âgé. La sienne est une viande d'agneau dont le poids net ne dépasse pas 10 kg, a-t-il dit. Les Tunisiens désignent dans leur arabe parlé les deux espèces de viande par deux noms différents. Le jeune agneau s'appelle « allouche », alors que le mouton âgé s'appelle « barkousse». Techniquement parlant, ce n'est pas de la concurrence, mais vu les prix élevés atteints par les viandes rouges chez nous, une baisse des prix de ce produit est toujours la bienvenue, peu importe la raison. L'essentiel est qu'il y a respect des règles de l'hygiène. A vrai dire, une lacune souvent épinglée par les organisations de défense des consommateurs en Tunisie, la diversité des prix pour le même article est rare dans nos marchés et circuits de distribution, s'agissant des produits agricoles et industriels à la fois. Il y a très peu de signes de concurrence. On dirait plutôt qu'il y a une entente quelque part, ce qui est contraire aux règles de la liberté du commerce partout dans le monde. Certains pays développés sont dotés de législations très répressives en matière d'entente commerciale. Quelques commentateurs préfèrent parler de « contamination horizontale» estimant que les grandes surfaces de distribution commerciale dites « supermarchés » et « hypermarchés » seraient devenues une référence « négative » dans ce domaine, et jouent pour la hausse. Déviation Le stockage, moyen stratégique d'approvisionnement et de régulation, a été dévié, chez nous, de ce rôle. L'Etat l'utilise à cet effet, tandis qu'il est devenu un moyen de spéculation pour les privés, notamment la technique du conditionnement dans les chambres frigorifiques. D'après des rapports officiels, 80% de la nouvelle production de dattes de la variété supérieure de Deglet Ennour, dans le gouvernorat de Kébili, ont été stockés dans les chambres frigorifiques pour garder le niveau élevé de ses prix. C'est dire que pratiquement, tous les producteurs « se sont entendus », d'une façon ou d'une autre, pour recourir à ce stockage. S.B.H.