Rejet en bloc de la décision ministérielle relative à la fixation du prix des viandes au public La décision du ministre du commerce et de l'artisanat en date du 18 juillet, relative à la fixation des prix plafond des viandes durant le mois de ramadan a été totalement rejetée par les bouchers et les commerçants de la viande de poulet et de dinde au détail qui ont refusé de l'appliquer. Ce rejet a été exprimé par les responsables des chambres professionnelles des bouchers et des commerçants de la viande de poulet et de dinde au détail, relevant de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), lors d'une rencontre avec la presse tenue, hier, au siège de l'UTICA à Tunis et animée, notamment, par Mustapha Habib Testouri, président de la fédération nationale des métiers, Sodok Halouani, président de la chambre nationale des bouchers et Mohsen Kharrat, président de la chambre nationale des commerçants de la viande de poulet et de dinde au détail.
A cet égard, Mohsen Kharrat, président de la chambre nationale des commerçants de la viande de poulet et de dinde, a annoncé que les chambres professionnelles signalées ont déposé, depuis le 20 juillet, une requête auprès du tribunal administratif pour l'annulation de cette décision ministérielle. Il a déclaré que les prix ont été fixés sans l'accord des intéressés et de leurs représentants , ajoutant que les commerçants de la viande de poulet et de dinde au détail ont été amenés à vendre la viande de poulet au public à des prix inférieurs aux prix avec lesquels ils l'achètent auprès des abattoirs, c'est-à-dire à des prix perdants , ce qui est contraire à la loi tunisienne, plus précisément les dispositions de l'article 26 de la loi numéro 64 de l'année 1991 relative à la concurrence et au prix. En vertu de cet article, il est interdit de vendre à des prix moins chers que les prix d'achat (le dumping). Or, le prix fixé par la décision ministérielle pour le kg de viande de poulet est 4 dinars 900, soit le prix avec lesquels les commerçants achètent la viande auprès des abattoirs, selon leurs dires.
Cependant la décision ministérielle a fixé également les prix de vente au niveau des abattoirs à destination des commerçants à 4 dinars 300, c'est-à-dire que la décision ministérielle ne comporte pas de contradiction. Le problème se situerait au niveau des abattoirs qui, selon les représentants des commerçants, n'appliquent pas les prix fixés. Aussi, les chambres professionnelles ont décidé d'appliquer d'autres prix de vente au public, soit 5 dinars 500 et 5 dinars 600. Cette situation a eu des répercussions au niveau du contrôle économique. Ainsi, sur 1600 infractions relevées par les agents du contrôle économique durant la première semaine de ramadan, 60% sont des infractions commises par les bouchers et les commerçants de viande de poulet et de dinde au détail.
Mouton « 17 dinars le kilo au moins » A prendre ou à laisser
Les bouchers n'ont pas appliqué, non plus, les prix fixés pour la viande bovine et la viande ovine, soit 14 dinars 500 pour le kilogramme de viande bovine et 14 dinars 800 pour le kilogramme de viande ovine. Les prix fixés pour l'escalope de dinde se montent à 8 dinars 500 le kilogramme.
S'agissant des viandes rouges et en particulier la viande ovine, Sadok Halouani, président de la chambre nationale des bouchers, a estimé que les prix plafond fixés ne reflètent pas la réalité, notamment en ce qui concerne la viande de mouton local qui est très demandée, durant le mois de ramadan, car la viande réfrigérée importée est consacrée principalement à l'approvisionnement des marchés du Grand Tunis, soit les gouvernorats de Tunis, Ariana, Manouba et Ben Arous, alors que les autres gouvernorats consomment presque exclusivement la viande de mouton local qui est un produit coûteux. Pour générer des bénéfices, son commerce nécessite d'appliquer un prix de l'ordre de 17 dinars le kilogramme au minimum. Il a proposé le renforcement de l'importation pour satisfaire une partie de la demande de Grand Tunis et contribuer à réguler les prix de la viande de mouton local, notant que les structures publiques dont la société ‘'Ellouhoum'' peuvent vérifier le coût élevé de la viande de mouton local, en suivant l'évolution des prix du mouton vivant sur le marché intérieur.
Dans ce contexte, les commerçants de viande en Tunisie ont insisté sur la nécessité de procéder à la mise à niveau du secteur des viandes qui a été longtemps marginalisé, en arrêtant des programmes propres à le promouvoir et à développer toute la filière, au niveau de la production, de la distribution, et des stockages régulateurs, de manière à créer un marché tunisien libre et actif de la viande fonctionnant sur la base de la règle de l'offre et de la demande dans la transparence totale.