Il est très probable que le vaccin contre coronavirus aille vers un rythme de vaccin annuel comme celui de la grippe saisonnière, et alors, l'industrie pharmaceutique tunisienne aura, à terme, un rôle dans la fabrication locale de ces vaccins. Cet avis a été formulé par Sara Limam Masmoudi, présidente de la chambre des Industries pharmaceutiques, lors d'un séminaire virtuel (webinaire) organisé, le 27 janvier, par l'Association tunisienne des grandes écoles (ATUGE) et ayant regroupé, en outre, Hechmi Louzir, président de la commission de vaccination contre coronavirus et directeur de l'Institut Pasteur de Tunis, Lamia Ben Mime, représentante de la Banque mondiale en Tunisie, et autres experts. Des spécialistes ont estimé que la Tunisie aurait pu fournir un meilleur exemple en maitrise de la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus, à l'image de la Nouvelle Zélande, en gardant, contre vent et marée, le confinement général avec des allègements extrêmement ciblées, et la fermeture des frontières, mais, malgré tout, elle a pu limiter les dégâts, selon certaines études internationales qui la place au premier rang à l'échelle arabe et au 21ème rang mondial concernant la maitrise de cette maladie extrêmement contagieuse. Arrière-pensées et préjugés La conférencière citée a souligné que la Tunisie ne dispose pas des moyens nécessaires pour bénéficier de contrats de fabrication de vaccins anti-coronavirus sous licence, à l'instar de l'Inde, mais il est possible de faire le remplissage, ultime étape de commercialisation (remplir le vaccin dans des boites). Trois opérateurs tunisiens en Industries pharmaceutiques sont outillés et peuvent le faire. Les laboratoires Sanofi ont signé un contrat dans ce sens avec les laboratoires Pfizer, fabricant du vaccin qui porte son nom et qui a reçu l'aval de l'OMS (le seul jusqu'à présent ?), mais ce sera pour un peu plus tard, au mois de juillet. Des collaborations dans ce sens pourraient être engagées avec d'autres marques de vaccin. Toutefois, certaines communications faites au cours de la rencontre ont laissé dégager les arrière-pensées et les préjugés qui continuent d'orienter inconsciemment ou sciemment les esprits de quelques-uns de nos experts en ce qui concerne leur confiance absolue dans l'efficacité des produits occidentaux, et dans le cas de figure, le vaccin Pfizer, et leurs réserves à l'égard des autres marques, tel que le vaccin russe anti coronavirus dit Spoutnik 5, par simple ouï-dire. Ceci est de nature à restreindre notre marge de manoeuvre. Officiellement, les responsables tunisiens ont fait état de démarches pour obtenir également le vaccin russe et autres marques, parallèlement au vaccin Pfizer. Pour ce qui est de l'acquisition, la Tunisie a adhéré à l'initiative COVAX (Vaccin anti-coronavirus) de l'OMS, ainsi qu'à l'initiative similaire de l'Union africaine. Un financement de l'ordre de 100 millions dollars devrait être accordé par la Banque mondiale pour l'achat de doses de vaccin Pfizer (50 mille doses seront réceptionnées dès le mois de février et le reste à partir de mars). Sensibilisation D'après H. Louzir, les préparatifs de la campagne de vaccination sont avancés, notamment l'identification des centres régionaux de vaccination. 400 mille tunisiens se sont inscrits pour se faire vacciner dans la plateforme Evax, et on attend d'être mieux fixé sur les dates de réception des doses de vaccin avant d'intensifier la sensibilisation à l'inscription. Au total, on mise sur l'acquisition d'environ 4 millions de doses (achats, initiatives COVAX et initiative de l'Union africaine). S.B.H.