- Agences- Les Birmans ont commencé, hier, à descendre dans la rue pour le cinquième jour consécutif. Mardi, l'armée a mené un raid nocturne contre le siège de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi. Une action qui montre la détermination des généraux putschistes face aux appels à rétablir la démocratie. Tôt hier matin, plusieurs centaines de personnes ont commencé à se rassembler dans le centre de Rangoun, la capitale économique du pays, électrisés, alors que la répression a franchi un nouveau cap mardi. Selon la LND, les militaires ont mené un raid contre les locaux de la formation à Rangoun. « Le dictateur militaire a investi et détruit le quartier général de la LND aux environs de 21h30 » (15h TU), a indiqué le parti sur sa page Facebook, alors qu'avaient lieu des manifestations dans plusieurs villes, réprimées avec des canons à eau et des tirs de balles en caoutchouc. L'ONU a condamné l'usage « disproportionné » et « inacceptable » de la force par l'armée, auteure la semaine dernière d'un coup d'Etat. « De nombreux protestataires ont été blessés, dont certains gravement », d'après des rapports reçus de plusieurs villes du pays, a déclaré Ola Almgren, coordonnateur résident des Nations unies en Birmanie. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a évoqué l'adoption de nouvelles sanctions contre l'armée birmane. « Nous sommes en train de revoir toutes nos options », a-t-il déclaré devant les eurodéputés, soulignant toutefois que ces mesures ciblées ne devaient pas frapper la population. Un régime militaire « différent » des précédents Pour l'heure, il est impossible d'obtenir une estimation du nombre de blessés auprès des hôpitaux. Une femme aurait été touchée par balle à la tête et demeurerait dans un état critique à l'hôpital. On peut voir circuler sur Twitter des vidéos montrant des officiers de police laissant passer les manifestants de l'autre côté des barricades, mais aussi rejoignant les protestataires. Ces centaines de milliers de Birmans défilent depuis plusieurs jours à travers le pays malgré un risque réel de répression violente. Ils réclament la libération des personnes détenues, dont Aung San Suu Kyi, mais aussi la fin de la Constitution de 2008, très favorable aux militaires. Le commandant en chef de l'armée, Min Aung Hlaing, s'est pour la première fois exprimé sur la chaîne de l'armée. Il s'est engagé à « la tenue d'élections libres et justes » à la fin de l'état d'urgence d'un an et il a promis un régime militaire « différent » des précédents.