15 février 2021, la matinée, Mohamed Boussetta, ministre de la Justice signe, comme le lui stipulent ses prérogatives, le rapport de l'inspection générale. Rapport qui concerne, non seulement, Béchir Akremi, le très controversé procureur général de la République, mais 15 autres magistrats, dont le nom de Taieb Rached, Premier Président de la Cours de Cassation. Le rapport présenté dans 350 pages condamne dans l'ensemble 16 magistrats. Les accusations à leurs encontre sont graves. Elle concerne la corruption, la malversation dans des dossiers touchant, surtout, à la sureté nationale. En tout cas, les accusations à l'encontre de Béchir Akremi sont plus graves. En effet, le procureur de la République à la fois responsable du pôle judiciaire anti-terroriste est accusé d'atteinte à la sureté nationale, en procédant à des malversations dans nombres de dossier relatifs au terrorisme, à l'assassinat de Chokri Belaïd en l'occurrence. Deux heures après, le ministre de la justice est limogé. Son éviction incombe selon le Chef du Gouvernement, lors du dernier remaniement ministériel. Sauf que, le départ de Mohamed Boussetta, selon certaines sources, serait en lien avec le rapport qui pointe Béchir Akremi. Une fois limogé, le ministre ne peut pas formellement poursuivre les procédures. Car, après la signature du rapport, comme signe d'approbation, le ministre de la Justice devait, en vertu de ses droits, demander la levée d'immunité pour Akremi et autres magistrats et les convoquer en deuxième lieu à un conseil de discipline. Ces deux étapes demeurent bloquées même avec la nouvelle ministre de la Justice. La Justice piétine Le procureur général, à la fois premier responsable du pôle judiciaire anti-terroriste, se trouve accusé d'atteinte à la sureté nationale et le rapport l'accusant demeure immobile au bureau d'ordre du ministère de la Justice. Le Premier Président de la Cours de Cassation est accusé de corruption alors que les procédures administratives nécessaire pour entamer le processus de Justice sont empêchées. En principe, c'est le ministère qui détient la réponse. La ministre par intérim Hasna Ben Slimane en l'occurrence est injoignable. Aucune réaction n'est observée auprès du Conseil Supérieur de la Magistrature. Alors, qu'une source proche du dossier auprès de l'Association des Magistrats Tunisiens (AMT) nous a confié que ce n'est pas par simple hasard que le ministre de la Justice soit limogé deux heures après l'approbation du rapport, tout en précisant que jusqu'aujourd'hui, le rapport demeure secret. Les informations qu'on a obtenues confirment les accusations à l'encontre de 16 magistrats. Il faudrait, normalement, entamer des procédures administratives pour convoquer les concernés aux conseils de disciplines mais avant pour la lever de l'immunité judiciaire. Ces procédures demeurent bloquées après le limogeage du ministre de la Justice », dit-elle. Auprès du Comité de Défense des Martyrs « Belaïd » et « Brahmi », on n'a pas de commentaires. Pourtant, le Comité suit de tout près l'affaire. Depuis la fuite des documents officiels sur la toile (affaire Taleb Rached et Béchir Akremi), jusqu'à la remise du rapport à l'inspection générale. Une fois prêt, ce rapport confirme les accusations du Comité contre Béchir Akremi qui, jusque-là, est soutenu par Rached Ghannouchi et Ennahdha. 50 magistrats auditionnés Au moins, 50 magistrats sont auditionnés dans le cadre de l'enquête contre Béchir Akremi. On apprend également que l'ancien procureur général au Tribunal de première instance de Tunis ainsi que sa famille font l'objet d'un audit financier dans le cadre d'autres affaires. Cet audit est initié sous la demande du Pôle Judiciaire Financier. Béchir Akremi est d'ailleurs accusé d'avoir menacé le juge d'instruction chargé de l'affaire de l'appareil secret d'Ennahdha. Le journal le Temps apprend aussi que Béchir Akremi a menacé la Présidente du Conseil de la Justice judiciaire, lui intimant de ne pas amorcer une enquête concernant les dépassements dont il est responsable. Ces menaces lui ont également, été adressées sur la base de la décision du Conseil de la Justice judiciaire au sein du CSM, d'ouvrir une enquête à son encontre et une autre suite aux fuites de documents qui le concerne avec Taleb Rached. À ce propos, notre source confirme que l'enquête entamée concerne les faits observés depuis 2011. Certains s'interrogent sur la possibilité pour l'un des accusés quittait le pays. Mais, la réponse telle qu'elle est recueillie par notre source, confirme que tout condamné dans le rapport de l'inspection générale du ministère de la Justice fera l'objet d'un mandat d'arrêt à l'échelle internationale. Les accusations touchent à la sureté nationale (affaires de terrorisme) et à la corruption également. Z.D.