Le baryton Heythem Hadhiri, la soprano Amina Baklouti et le pianiste Elyes Blagui ont présenté à Dar Sebastian à Hammamet , un registre sans frontières : Verdi, Mozart, Chopin... Un voyage à travers les époques et les styles, porté par une franche complicité musicale et humaine Le baryton Heythem Hadhiri est la révélation de la soirée : une voix solide et puissante, irréprochable de technicité pour un rôle long et périlleux, auquel il donne une profondeur dramatique très convaincante.Dans l'ambiance feutrée de Dar Sébastian, Heythem offre un instant lyrique sur le thème de la quête. Avec élégance et délicatesse, il séduit le public, accompagné par le pianiste Elyes Blagui Le récital débute par « Elégie » de Jules Massenet, véritable hymne à la musique, dans lequel il dévoile déjà ses graves vibrants et ses aigus lumineux. Il impose d'emblée une interprétation nuancée. La petite taille de la salle, qui place les spectateurs les plus éloignés à quelques mètres seulement de l'artiste, lui permet parfois de murmurer son chant, lui conférant une délicatesse qu'il brise aussitôt de forts puissants. Il enchaîne par des extraits de Giuseppe Verdi : « Courtisans, vile race damnée, « Oh Carlo écoute » Enfin, il conclut son passager par quatre chansons espagnoles : le jardin d'Ouanes Khligéne, « Ah , vient à la fenêtre » extrait de Giovanni et « Toréador » extrait de Carmen »La voix de Haythem Hadhiri coule comme du miel . Elle se découvre profondément grave et puissante. Un univers où chaque syllabe se déguste, chaque son s'apprivoise. L'artiste capte l'intérêt de son auditoire par une grande présence scénique. Il vibre de toute sa personne, dans les expressions du visage, les mouvements des mains, les pas sur les planches, faisant vivre les personnages et les paroles du morceau qu'il interprète, et nous fait vibrer avec lui. Il y a dans sa prestation beaucoup d'authenticité. Tout pour lui doit être au service de la musique qui meuble sa vie. Au piano Elyes Blagui qui l'accompagne a révélé une fois de plus ses dons d'excellent musicien ponctuant avec harmonie chaque morceau. La soprano Amina Baklouti a aussi séduit le public. Elle a su allier vivacité et savoir-faire vocal pour composer le portrait d'une exceptionnelle soprano. Sa présence scénique, ainsi que sa belle voix bien timbrée ont ébloui l'assistance en interprétant des airs de Puccini, Verdi , Choppin , Ben Othman et Kalman. Un timbre de vrai soprane, une technique bien maîtrisée, qui permet les multiples inflexions et nuances exigées par l'art de la mélodie. Résultat : une soirée agréable et homogène de bout en bout. Pratiquement à chaque air, elle mettait toute son énergie et toute sa sensibilité. Elle ne laissait personne indifférent lorsqu'elle chantait « O mon petit papa chéri » » et « Ighdab» . Son timbre clair communique une élégante palette de couleurs. Que de bonheur de goûter aussi le jeu du pianiste Elyes Blagui, ses improvisations et ses notes. Un vrai régal. Il nous a donné de véritables moments de bonheur. Amina comblait l'assistance, entre autres lorsqu'elle interpréta « je ne t'aime pas » . Sa parfaite prononciation témoigne en effet d'une grande attention portée au texte et, assurément, la musicalité ne lui fait pas défaut. Elle y mettait? ce soir toute son énergie et toute sa sensibilité. Aussi, était-ce avec une aisance et un entrain remarquables qu'elle interpréta « Air de Odabella » « Printemps » et « Air de Mariza » . Tout le monde a découvert ce soir une soprano apaisée et épanouie. KB