La 26e édition de la Coupe d'Afrique des Nations s'ouvre aujourd'hui à Accra avec toute la solennité qu'exige un tel aéropage de Nations. La CAN est désormais un classique mondial qui attire sur lui le regard universel. Si la Coupe d'Europe garde son avance par son côté organisationnel et technique, si la coupe Sud-américaine reste le prototype du football festivalier couvert de l'aura de deux pays au football mythique qui sont le Brésil et l'Argentine, l'Afrique s'impose par son inépuisable réserve humaine. Deux ans avant l'organisation pour la première fois de l'histoire de la coupe du monde dans notre continent, l'édition qui va s'ouvrir au Ghana va donner à la CAN, une autre dimension et une plus grande valeur. Quoique l'effort fourni par le Ghana a été immense pour accueillir ces joutes, il reste des risques de manquements sur des plans si névralgiques telles l'organisation et la logistique. Il serait injuste de vouloir comparer, sur ces plans, les pays subsahariens à ceux de l'Europe. Car là n'est pas l'essentiel. La CAN s'est toujours distinguée par sa spécificité où ni la hérarchie établie sur le vécu depuis des décennies, ni la logique de l'Histoire ne peuvent se prévaloir sur par exemple l'heureuse improvisation d'ensembles d'hommes qui jaillissent presque du néant, pour remettre en question les vérités qu'on croit établies depuis longtemps. Rappelons-nous le Nigeria qui, à un certain moment a fait trembler les grands du football européen. Et le Cameroun d'il y a une décennie. La spécificité du football africain est la dissemblance des divers éléments qui le composent. Quelle comparaison peut-on risquer entre un football méditerranéen plus proche de l'Europe du Sud que de ce fantastique jeu athlétique truffé de qualités techniques innées. Presqu'une centaine de joueurs expatriés en Europe vont cette année joindre la discipline du geste et du comportement assimilée dans les clubs européens. Des équipes comme celles du Ghana, du Sénégal et la Côte d'Ivoire vont, sans aucun doute, tirer de la fréquentation de la majorité de leurs éléments du football européen, un bénéfice qui leur donnera un avantage certain. Quant à nous, ayant vu à l'œuvre l'équipe de Zambie, pourtant loin d'être cotée parmi les meilleurs, nous prévoyons d'autres surprises dont l'improvisation évoquée plus haut sera justement le vecteur.
Et nous dans tout cela ? Depuis l'édition de 2004 qui nous a valu le titre africain, notre approche de cette compétition a subi bien des changements. Tombés de haut en 1994 à Tunis même, surpris par notre propre réussite deux ans après en Afrique du Sud, presqu'indifférents la plupart du temps, nous avons soudainement pris conscience de notre capacité à jouer les premiers rôles depuis notre victoire de 2004. Depuis cette année-là, nous avons délibérémment placé la barre trop haut - sans tenir compte parfois de la stature de nos adversaires ni de leur propre évolution, ni de leur intimité désormais continue avec le football moderne dans sa figure organisation collective. On s'est laissé aller jusqu'à ignorer que désormais tout est devenu transparent et qu'il ne suffit plus d'être mieux organisé collectivement pour surprendre des adversaires dont la principale force était physique. Désormais tout le monde part avec les mêmes atouts de la collectivité et de la discipline. Il ne reste plus pour faire la différence que la qualité des hommes et leur détermination à se surpasser. Sur ce plan spécifique , je prends à titre personnel, le risque de me tromper lourdement. Je suis persuadé que nous possédons des hommes d'un niveau qui peut tenir la corde. Quant à la détermination, la conviction, l'ambition de se transcender, les dernières controverses depuis un mois, vont paradoxalement jouer favorablement. Je ne prétends pas annoncer des victoires retentissantes. On sait trop que celles-ci dépendent souvent plus des impondérables que de la programmation. Mais ma conviction est que nos représentants joueront à leur meilleur niveau, à l'extrémité de leurs possibilités. En général, une équipe n'est transcendée que dans deux cas : ou elle est soutenue unanimement et inconditionnellement par toutes les composantes qui constituent "Le Club de la Nation" ou au contraire mise en doute et piquée dans son amour propre. Elle se sent dans ce cas, obligée de relever un défi. Force nous est faite d'admettre que le deuxième cas est plus proche du sentiment de nos joueurs. Mon espoir est donc que par une réaction violente, notre équipe fasse de la 26e CAN, une date sur le long chemin du football tunisien. M. ZOUBEIDI
Dossier réalisé par Rafik benArfa, chiraz ounaies, mohamed sabbi Rammah et Abderrahman bellakhdar