On ne cessera jamais de le répéter : la Tunisie est et restera une terre de tolérance et de coexistence pacifique entre les religions et les communautés. Bercée par une histoire millénaire, elle a accueilli en silence le passage enrichissant de multiples civilisations, chacune ayant laissé son empreinte et contribué à l'épanouissement d'une culture, de coutumes et de traditions uniques. Faut-il rappeler que la discorde n'a jamais trouvé sa place entre les trois religions monothéistes en Tunisie ? Musulmans, chrétiens et juifs y vivent en harmonie sur cette terre séculaire qui a offert refuge à tant de victimes de guerres et de persécutions, comme les Morisques ou les soldats espagnols fuyant la dictature de Franco. Ce même pays a fait preuve de solidarité en protégeant ses enfants juifs contre la déportation pendant les deux guerres mondiales. Aujourd'hui, chacun pratique librement ses rites religieux, comme en témoigne la communauté chrétienne. Monseigneur* Nicolas Lhernould, archevêque de Tunis, évoque ainsi la fête de l'Assomption et la procession de Notre-Dame de Trapani prévue à La Goulette le 15 août. Sur les ondes de RTCI, Monseigneur Lhernould, invité par Hatem Bouriel, a rappelé la signification de l'Assomption, célébrant l'élévation de la Vierge Marie au ciel. Ce dogme, proclamé par le Pape Pie XII en 1950, plonge ses racines dans les premiers siècles du christianisme. Si cette fête du 15 août, à l'origine païenne, a été christianisée, elle prend des formes variées selon les confessions : Assomption pour les catholiques, Dormition pour les orthodoxes, ou simple fête mariale pour certains protestants. À La Goulette, elle s'accompagne de la procession de Notre-Dame de Trapani, héritage des pêcheurs siciliens installés en Tunisie dès le XVIIe siècle. Interrompue en 1960 puis relancée en 2017, cette manifestation incarne une dimension interculturelle et interreligieuse rare, rassemblant chrétiens, musulmans et juifs. Cette année, l'accent sera mis sur la paix et la justice, en écho aux cinq défis méditerranéens identifiés lors des rencontres régionales, à savoir les migrations, l'écologie, l'éducation, le dialogue interreligieux et la résolution des conflits. Initialement envisagé, le volet écologique a cédé la place à l'urgence des tensions au Moyen-Orient. Monseigneur Lhernould souligne le caractère spirituel de l'événement, ouvert à tous dans un esprit de recueillement. Les autorités, bien qu'informées, n'y participeront qu'à titre privé. Pour l'archevêque, cette tradition illustre la capacité de la Tunisie à offrir un modèle de vivre-ensemble à la Méditerranée. L'édition s'inscrit dans l'année jubilaire catholique, temps de grâce et de pardon. La cathédrale de Tunis propose ainsi un parcours spirituel pour les pèlerins de l'espérance, inspiré des portes saintes de Rome. Dans son homélie, Monseigneur Lhernould appellera à persévérer dans l'espérance malgré les conflits, reprenant l'enseignement de Jean-Paul II sur le lien entre paix, justice et pardon. L'église ouvrira à 16h30, suivie d'un temps de prière à 17h, de la messe à 18h et de la procession sur le parvis selon le même parcours qu'en 2024. L'événement sera retransmis en direct sur YouTube et sur écran géant à l'extérieur. *Monseigneur : titre donné aux évêques et archevêques dans l'Eglise catholique