Le Temps-Agences- Barack Obama et Hillary Clinton se sont durement affrontés avant-hier soir lors d'un débat télévisé entre les candidats démocrates en Caroline du Sud qui a tourné à l'affrontement personnel. Réunis à Myrtle Beach, dans cet Etat où auront lieu le 26 janvier la prochaine primaire démocrate, les deux favoris à l'investiture ont illustré la tension croissante qui règne entre eux, au point que le "troisième homme", John Edwards, les a sommés de mettre un terme à leurs "chamailleries". Après les critiques portées par l'équipe Clinton contre sa proposition de relance de l'économie américaine et ses prises de position sur la guerre en Irak, Obama a contre-attaqué. "Ce n'est tout simplement pas vrai", a dit le sénateur de l'Illinois en réponse aux propos de sa rivale sur l'impossibilité de financer son plan de relance économique. Dans une interview accordée à ABC diffusée avant le débat de Myrtle Beach retransmis sur CNN, Obama s'était déjà dit "troublé" par les attaques de Bill Clinton, ancien président des Etats-Unis particulièrement impliqué aujourd'hui dans la campagne de son épouse. Le rôle du 42ème président dans l'équipe de campagne de la sénatrice de New York a du reste donné lieu à une passe d'armes entre les deux favoris. A l'origine de l'accrochage, une controverse sur l'héritage de Ronald Reagan, dont Obama a dit la semaine dernière qu'il avait "modifié la trajectoire de l'Amérique". "Je pense qu'ils avaient des idées, mais qu'il s'agissait de mauvaises idées. Ils avaient de mauvaises idées pour l'Amérique", a dit Clinton. Obama a aussitôt répliqué en assurant qu'il n'avait jamais fait l'éloge du corpus idéologique républicain, mais qu'il avait simplement dit que Reagan avait su faire travailler ensemble des adversaires politiques. Lorsque Clinton l'a interrompu pour lui dire qu'elle n'avait pas mentionné le nom du défunt président républicain, Obama a repris aussi rapidement: "Votre mari l'a fait. - Eh bien, je suis là, il n'est pas là, a répondu la sénatrice. - Eh bien, je suis parfois incapable de dire contre qui je fais campagne", a rétorqué Obama. Trois semaines après le début des primaires américaines, la course à l'investiture démocrate s'est réduite à un duel de plus en plus âpre entre Clinton et Obama. John Edwards, qui avait gagné en 2000 la primaire de Caroline du Sud avant de s'incliner devant John Kerry, semble irrémédiablement distancé. Mais il a annoncé qu'il restait dans la course et que les échanges entre les deux principaux candidats ne l'incitaient pas à se retirer. "Pouvez-vous me dire combien d'enfants pourront avoir accès à une couverture médicale avec ce genre de chamailleries ?", a-t-il lancé. Wolf Blitzer, le journaliste de CNN qui animait le débat, a eu parfois du mal à contrôler les échanges, au soir de la journée commémorant Martin Luther King. Les trois candidats se sont en revanche accordés sur les inquiétudes d'une récession économique aux Etats-Unis et ont jugé inadéquat le plan de soutien esquissé vendredi par George Bush pour un montant de quelque 145 milliards de dollars. "Nous pourrions bien glisser dans une récession extraordinaire à moins que nous ne stimulions immédiatement l'économie", a dit Obama. Pour Clinton, la journée noire vécue avant-hie par les marchés financiers en Asie et en Europe est une "énorme sonnerie de réveil" qui explique, a-t-elle dit au passage, pourquoi elle avait réévalué sa première proposition qui était de l'ordre de 70 milliards de dollars. "Le plan de soutien proposé par le président n'est pas adéquat", a-t-elle dit. "C'est trop peu, trop tard et cela ne donne pas suffisamment d'argent aux gens les plus touchés par la hausse des prix de l'énergie et l'inflation du reste." Résumant une partie des critiques des démocrates, Edwards a relevé lui que les millions d'Américains à bas revenus qui ne paient pas d'impôt seraient laissés "totalement à l'écart de ce plan de soutien", qui repose en partie sur des rabais d'impôts.