Les observateurs jugent que c'est la fougue et la jeunesse des nôtres qui fera la différence. Sur le "Bild Zeitung" de vendredi, Giovanni Trapattoni a même jugé la Tunisie supérieure et Samuel Eto'o, dans sa sélection, n'est pas vraiment dans son élément. Pour sa part Michel Platini (La Gazzetta du vendredi) affirme attendre un coup d'éclat de Chikhaoui et juge Chermiti capable de perturber n'importe quelle défense. Seulement voilà: Chermiti ne sera pas titularisé. Nous voici, donc, au seuil du club des quatre. L'instant est grave car il pourrait nous renvoyer à Tunis avec le sentiment mitigé d'avoir accompli le nécessaire sans plus. Ou bien nous ouvrir d'autres horizons auxquels on rêvait sans trop de conviction. Comment se présente l'entreprise ? Difficile certes, mais tellement motivante qu'on ose la résumer en un seul mot : Un défi historique. Parvenir jusqu'au dernier carré, après tant de controverse, sur nos capacités et notre préparation, ce serait marquer le début d'autres ambitions et la vision d'autres objectifs. Plus on y pense et plus la faisabilité de la chose se précise. Face à une autre équipe on aurait hésité à le dire mais quand il s'agit du Cameroun, cela devient moins utopique. Car, le Cameroun présente un profil à deux faces qui, intelligemment appréhendé nous donneront des pensées d'y croire. D'un côté, le Cameroun est tellement réputé comme intouchable lorsqu'il est dans son élément, qu'il vous élimine tout calcul sur la valeur réelle. Dans le cas d'aujourd'hui, il vous donne cette impression enivrante qu'on n'a rien à perdre et tout à gagner. De l'autre côté, le fait que le Cameroun ait commencé le premier tour dans la médiocrité, pour finir sur les chapeaux de roues, a donné à certains, l'idée qu'il est dans une phase ascendante. Cela peut être une illusion. Pourquoi ne pas penser plutôt que le Cameroun ne maîtrise pas parfaitement son sujet et qu'il peut connaître des hauts et des bas.
Jeu en mouvement Certes, notre équipe n'a jusqu'ici été convaincante offensivement que contre l'Afrique du Sud, mais à chaque fois elle a été maîtresse d'un registre différent. Quel sera celui qu'on adoptera tout à l'heure ? Sincèrement pas celui choisi contre l'Afrique du Sud. Ni tout à fait celui qui nous a permis de tenir en échec le Sénégal. Je présume que ce sera un « pack » défensif au centre. Une fermeture des couloirs sans risque de montée offensive de nos arrières. Mais, au lieu d'un duo offensif isolé, sans lien de transmission avec l'entre-jeu, ce serait un jeu en mouvements incessants qui ferait bouger tout le groupe du milieu pour provoquer la dernière passe ou pousser l'adversaire à la faute. Vous me diriez que c'est facile à dire, car dans un tel registre, il y aura une grande part de prudence, mais une astuce quelconque pour tirer profit d'une suffisance probable des Camerounais. Et puis, il y aura l'impondérable qu'on ne peut toujours prévoir. Une balle arrêtée, un tir soudain qui ferait mouche. Dans tous les cas de figure, nous aurons besoin de notre qualité première : la solidarité et d'une conviction : perdre contre le Cameroun ne sera pas la fin du monde mais, le battre peut signifier reconstruire le monde de notre football, à deux ans de la Coupe du monde.