Il avait émigré en Italie depuis des décennies à la recherche d'un emploi qui lui permettrait un jour de posséder une villa cossue et richement meublée dans sa ville natale, Sidi Hassine, située à quelques encablures de la capitale. Il a travaillé dur pour réaliser son rêve, à savoir retourner définitivement au pays, une fois sa retraite en poche. Petit à petit, il s'est fait construire une demeure qui sied à son statut d'émigré, c'est-à-dire avec tout le confort nécessaire. Son gendre veillait personnellement sur les travaux d'édification de la villa dont il était par ailleurs fier. Il y avait de quoi puisque c'était la villa de sa propre sœur qui bossait également à l'étranger avec son mari pour la meubler à son goût. Lors de chaque retour pour passer les vacances auprès des proches, le couple retournait avec une estafette remplie d'effets de luxe de toutes sortes qu'il amassait dans les différentes pièces spacieuses de la belle villa. De peur de la convoitise de certaines âmes maléfiques, du fer forgé finement ciselé entourait toute les fenêtres sans exception. Mille et une précautions ont été prises surtout après l'entreposage de l'ameublement importé entièrement d'Italie. Tout se déroulait à la perfection et notre compatriote se hâtait de terminer à temps son projet, son retour définitif se rapprochant à grands pas après tant d'années de labeur dans la botte italienne. Mais voilà qu'une tuile de gros calibre est venue s'abattre sur la tête du couple qui a reçu de plein fouet l'information désagréable que sa demeure a été totalement vidée de son précieux contenu. C'est le propre gendre, affolé par cet acte monstrueux qu'il a découvert lors d'une de ses visites quasi quotidiennes, qui alerta son beau-frère. Le préjudice est vraiment énorme puisque le butin est estimé à plus de vingt mille dinars. Deux téléviseurs, deux postes vidéo et DVD, trois récepteurs, des bijoux, tout l'électroménager, avaient disparu, sans parler des autres effets de luxe. En fait, les investigations policières, suite à la plainte déposée au mois de mars dernier par le propriétaire accouru de l'étranger pour constater les dégâts, ont abouti à l'arrestation d'une bande de quatre cambrioleurs qui ont scié les barreaux d'une fenêtre, fracturé des portes intérieures pour vider complètement la villa. D'ailleurs, le butin était tel qu'il fallut recourir à deux reprises pour le transporter au cours de cette fatidique nuit pluvieuse. Les accusés répondront prochainement de leur forfait devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis.