* M De Souza François, le Bénin : « Les débuts étaient difficiles, mais j'ai fini par m'intégrer » * Mlle Mbanghon Elisabeth Yolande, le Cameroun : « Les Tunisiens sont plutôt accueillants, mais il y a quand même des racistes ». * Mlle Mbanghon Marie Fabienne, le Cameroun : « On nous insulte souvent dans la rue » * Ismaîl Makanga, le Gabon : « Je reviendrai en Tunisie (...) j'ai des liens ici... » La Tunisie a toujours été un pays d'accueil et de communautarisme. Italiens, Français, Espagnols et autres nationalités vivent dans notre pays depuis des années. Qu'en est-il des Africains, citoyens de notre propre continent ? Alors que certains affirment qu'ils se sont facilement intégrés dans notre société, d'autres vivent néanmoins retranchés et font face parfois à certains préjugés.
M De Souza François, le Bénin : « Les débuts étaient difficiles, mais j'ai fini par m'intégrer » M. François est en Tunisie depuis cinq ans. Il se souvient de ses débuts difficiles surtout qu'il est arrivé avec une culture occidentale et subsaharienne différente. Il s'est d'abord retrouvé face à une société qu'il décrit comme « fermée et méfiante », mais qui a fini par lui ouvrir ses portes. Cela s'est passé peu à peu et aujourd'hui, M. François dit n'avoir aucun problème d'intégration. Il lui reste le « problème culinaire » : il ne trouve ici ni les plats, ni les épices de son pays. Résultat, il s'adapte et mange notre cuisine, néanmoins celle de son pays lui manque toujours. Il attend de finir sa mission pour rentrer. « Cela sera sans regret, rien ne nous rattache vraiment ici, ni famille, ni traditions » dit-il. Il fait remarquer néanmoins : « mais la Tunisie me manquera ». Ce qu'il apprécie ici est en premier plan la sécurité, chose qui « manque dans son pays ». « Ici, on se sent en sécurité » affirme-t-il. De plus et habitant Ennasr, M François n'a aucun problème financier, bien au contraire. Il estime que le rapport salaire et niveau de vie est assez équilibré et lui permet une vie agréable et sans soucis d'argent.
Mlle Mbanghon Elisabeth Yolande, le Cameroun : « Les Tunisiens sont plutôt accueillants, mais il y a quand même des racistes ». Etudiante en sciences économiques, Elisabeth est au bout de sa deuxième année en Tunisie. Elle dit avoir souffert du dépaysement à son arrivée ici, mais déclare que les Tunisiens se sont montrés plutôt accueillants. Elle cite néanmoins quelques cas de discrimination : un taxiste préfère embarquer un Tunisien au lieu d'un Africain, le bus qui ne s'arrête pas dans les arrêts là où il y a un grand nombre de noirs. Elle-même vit en Tunisie en communauté camerounaise. Elle dit qu'ici, les Africains se ressemblent plutôt en bloc : Afrique centrale, Afrique de l'Ouest... Concernant le niveau de vie, Elisabeth affirme qu'elle n'a aucun souci de ce côté. Etudiante dans une faculté privée, ses parents payent ses études et lui assurent une vie digne. Elle n'a pas à travailler, par contre d'autres Africains le font, surtout dans les centres d'appel. Sa venue fait suite à la multiplication de promotion des facultés tunisiennes dans son pays. Pour finir, elle assure que « la Tunisie est belle et qu'on s'y amuse bien, la vie y est agréable » et d'ailleurs sa sœur l'a rejointe cette année.
Mlle Mbanghon Marie Fabienne, le Cameroun : « On nous insulte souvent dans la rue » En 1ère année du deuxième cycle, Marie a suivi sa sœur car elle considère que l'enseignement est plus fiable et plus professionnel dans notre pays. Sa sœur l'a bien préparée psychologiquement avant de venir et l'a prévenue contre la discrimination qu'elle pouvait rencontrer lui conseillant de rester indifférente. Elle lui a aussi raconté qu'en Tunisie au moins, on peut mener une vie agréable. En arrivant ici, Marie dit avoir souffert du changement climatique et du froid auquel elle n'est pas habituée. Il fait très chaud chez elle et le soleil y est ardent. Malgré les conseils de sa sœur, elle a mis du temps à s'adapter tant au climat qu'à la société tunisienne. Elle dit que « même si elles ne le lui disent pas clairement, certaines personnes font comprendre qu'elles n'aiment pas les noirs ». Dans la rue, Marie entend souvent des insultes : « Kahlouch » et « Guérra » sont les plus fréquentes. Et ce ne sont pas seulement des gamins qui l'affublent de ces appellations réductrices. Des jeunes aussi et des personnes assez âgées s'amusent à les insulter. « Des gens qui n'ont rien à faire » s'exclame-t-elle. Elle répond par le silence et l'indifférence et continue dignement son chemin. Elle raconte aussi des anecdotes d'arnaques comme le cas d'un des ses amis auquel un chauffeur de taxi a réclamé 20 dinars pour l'avoir conduit de Tunis à la Soukra. Dans ces cas, on réagit en « groupe » : le frère de l'arnaqué et ses amis camerounais ont essayé de discuter avec le chauffeur et ça s'est terminé au poste de police.
Ismaîl Makanga, le Gabon : « Je reviendrai en Tunisie (...) j'ai des liens ici... » Etudiant en droit à l'Université Centrale, il est en Tunisie depuis 3 ans, mais ses liens avec notre pays ont commencé bien avant. Il doit même son prénom à un Tunisien, c'est un ami de son père qui le lui a choisi avant qu'il ne soit encore né. Aujourd'hui et au bout de trois ans, il se sent bien en Tunisie. Ses débuts étaient difficiles certes, vu la différence du climat et des gens. Au début, il a eu du mal à s'adapter à une société et des traditions qui lui étaient inconnues à son arrivée. Ses parents lui payent ses études, ce qui ne l'oblige pas au travail clandestin auquel ont recours beaucoup d'étudiants africains ici. De toutes les façons et comme c'est interdit, Ismaîl affirme qu'il est trop dangereux de le faire et qu'il ne s'y aventurera pas. En ce qui concerne l'ouverture de la société tunisienne aux Africains, Ismaîl affirme : « Je ne veux pas juger toute une société à cause d'une minorité ; de quelques parasites qui existent d'ailleurs dans toutes les sociétés. Je trouve les Tunisiens chaleureux et accueillants et la vie ici est un peu moins chère qu'au Gabon. Elle est agréable aussi. » Après ses Etudes, Ismaîl compte bien revenir ici pour affaires ou pour vacances. Il a des liens fraternels et amicaux avec la Tunisie, pas amoureux néanmoins étant donné qu'il est de religion chrétienne. « Pour sortir avec une fille ici, il faut se plier à des exigences religieuses et sociales et faire des concessions sur ces plans, des concessions que je ne peux pas faire. »