Il y a quelques jours, un vieil homme nous quittait, sans bruit et comme sur la pointe des pieds. Quelques lignes de condoléances ont suffi pour l'apprendre à ceux nombreux, qui savent qui était Salah Akacha et ce qu'il fut. Ainsi se vérifiait une réalité cruelle qui veut que la gloire soit éphémère et que le souvenir finit toujours par s'estomper dans les brumes du passé. Il est vrai que dans ce cas, le temps s'est trop étiré pour qu'on ne tienne pas rigueur à l'actualité de n'avoir pas eu le réflexe du souvenir à la dimension du personnage. Mais on aurait beaucoup apprécié si la famille sportive l'avait rappelé aux vieux et l'avait fait connaître aux jeunes. Qui se souvient encore du capitaine au mouchoir en guise de bandeau autour de la tête, menant par deux fois son club à la conquête du titre de champion au temps où il était rare qu'un autochtone passe à la une des journaux. Mais 60 ans, c'est si loin me direz-vous cela est vrai si l'exigence était une médiatisation en règle avec cérémonie. Tous les clubs ayant perdu, au gré du temps un grand homme, on aurait passé notre temps à nous souvenir. Mais ce n'est pas tant l'oubli qu'on déplore, c'est l'indifférence de ceux qui dans leurs clubs, se targuent d'être les gardiens de la mémoire. Du temps de Salah Akacha et de ses contemporains, on ne faisait pas que passer, comme aujourd'hui on naissait dans son club et on y mourait, honoré et pleuré par les siens. Hélas ! même ce sentiment est passé de mode. C'est pour cela, peut-être que le glorieux capitaine des vieilles années nous a quittés sur la pointe des pieds. S'il est inconcevable qu'à chaque décès, on fait appel à nos fantasmes, il est indécent, quand il s'agit d'un homme repère qu'on ne passe pas sous silence même sans aller. Jusqu'à la larme d'émotion. Car même dans le bruit et la fureur de l'actualité, Salah Akacha aurait mérité cet hommage soixante ans après.