Le Temps-Agences - Le Fatah s'est dit prêt hier à reprendre le "dialogue national" avec le Hamas, qui l'a chassé par la force de Gaza en juin, si celui-ci accepte les termes du compromis proposé par le président du Yémen pour mettre fin à la brouille des deux frères ennemis du mouvement palestinien. Le numéro deux en exil du mouvement islamiste, Moussa Abou Marzak, a affirmé à la chaîne de télévision Al Djazira à son arrivée à Aden qu'il venait informer le président Ali Abdallah Saleh que "son mouvement accepte l'initiative yéménite". Saleh a proposé d'en revenir à la situation d'avant ce que le président palestinien Mahmoud Abbas présente comme le "coup d'Etat" du Hamas contre l'Autorité autonome à Gaza ainsi que l'organisation d'élections présidentielles et législatives anticipées en Cisjordanie et à Gaza. Haniyeh recueillerait aujourd'hui 47% des suffrages, contre 46% à Abbas, si des présidentielles avaient lieu à Gaza, en Cisjordanie et à Al-Qods-Est, selon un sondage rendu public et réalisé auprès de 1.270 Palestiniens après l'offensive meurtrière de l'armée israélienne contre le Hamas au début du mois. Le même sondage d'un institut basé en Cisjordanie révèle en revanche que si des législatives avaient lieu maintenant, le Hamas, qui avait remporté haut la main les dernières, en janvier 2006, arriverait derrière le Fatah, avec un score de 35% contre 42% au mouvement d'Abbas. Abbas, partisan des négociations avec Israël, avait été élu haut la main à la présidence palestinienne en janvier 2005 en remplacement du défunt Yasser Arafat avant que le triomphe législatif du Hamas un an plus tard ne conduise à une impasse politique. Le choc des deux légitimités avait conduit l'Arabie Saoudite à imposer aux deux mouvements de négocier à la Mecque en 2007 un gouvernement d'union nationale qui s'est avéré intenable, le Hamas se refusant obstinément à suivre le Fatah sur la voie des négociations avec Israël. Abbas avait alors offert vainement au mouvement islamiste des élections législatives et présidentielles anticipées pour que les électeurs palestiniens tranchent, une proposition aujourd'hui reprise par le Yémen, qui propose aussi d'en revenir aux accords de La Mecque. Un haut responsable du Fatah, Azzam Al Ahmed, a déclaré hier en arrivant à Sanaa pour rencontrer Saleh, que le Fatah était prêt à reprendre langue avec le Hamas pourvu que celui-ci accepte les propositions du Yémen. Le mouvement islamiste avait exclu avant-hier tout préalable à un tel dialogue. L'annonce par Abou Marzouk de l'acceptation des termes de l'initiative yéménite semble faire "bouger les lignes" mais l'absence simultanée à Sanaa de Khaled Méchaâl, numéro un en exil du bureau politique du Hamas, et du président Abbas indiquent que rien n'est encore joué.