Aveu d'insuffisance jouant en sa faveur, la fonction publique tunisienne reconnaît ne pas accorder l'importance requise au mérite dans la gestion de ses ressources humaines, selon un diagnostic rendu public dernièrement, à l'occasion de la Consultation nationale sur la modernisation de la fonction publique, lancée, officiellement, le 20 mars, dans le cadre de la célébration du 52ème anniversaire de l'Indépendance. Le système d'avancement et d'évolution dans la carrière qui régit actuellement la fonction publique tunisienne est basé sur l'ancienneté et ne tient pas compte du mérite personnel des agents dans les critères de promotion, ce qui est jugé comme une anomalie altérant tout le système, car une pareille méthode décourage l'effort, en traitant tout le monde de la même façon et sur un même pied d'égalité, sans aucune distinction. Certains apprécieraient, probablement, cet égalitarisme injuste que le diagnostic range, d'ailleurs, avec raison, parmi les limites et les handicaps qui empêchent la fonction publique tunisienne d'être davantage performante et efficace, dans un contexte où le savoir et l'intelligence sont désormais les facteurs déterminants de progrès et de développement. Au nombre des autres faiblesses du système de carrière fondé sur le critère d'ancienneté, régissant la fonction publique tunisienne, le diagnostic mentionné signale, encore, la lourdeur des concours et la contractualisation non ciblée appliquée pour accéder à la fonction publique, outre une formation centralisée et limitée au niveau de la capacité, la complexité du système de rémunération, la rigidité des lois fixant les statuts généraux de la fonction publique, parallèlement à l'inflation des statuts particuliers, leur similitude et la recherche d'avantages supplémentaires qui les inspirent. Cette faiblesse est constatée, également, au niveau de la mobilité et de la limite des mouvements géographiques et fonctionnels. Ainsi, la fonction publique tunisienne est régie par huit statuts généraux ou lois encadrant 114 statuts particuliers dont 19 statuts particuliers communs à toutes les administrations publiques. Pourtant, la fonction publique tunisienne compte 447 mille agents dont 84% sont des fonctionnaires et 16% des ouvriers, alors que 70% des recrutés durant les 7 dernières années sont des diplômés de l'enseignement supérieur. Les femmes représentent 38%, tandis que 34% des agents publics sont âgés entre 30 et 40 ans. Les agents de la fonction publique sont classés, selon leur niveau d'instruction, dans les catégories et sous catégories A1, A2, A3, B, C et D. Actuellement, 58% des agents appartiennent à la catégorie A. Au même moment, la fonction publique tunisienne a connu diverses réformes, dont notamment les importantes réformes de 2006 // 2007 relatives à l'organisation des concours d'accès à la fonction publique, qui ont permis de rehausser l'âge d'entrée à la fonction publique à 40 ans aux diplômés de l'enseignement supérieur, l'application d'un questionnaire à choix multiple et l'ouverture des concours du 3ème cycle de l'Ecole Nationale d'Administration aux titulaires du diplôme d'ingénieur. Sur la base de ce constat, et en conformité avec les orientations du 11ème plan de développement économique et social (2007 // 2011 ) , les nouvelles réformes envisagées pour la modernisation de la fonction publique, devraient se traduire, notamment , par la mise en place d'un système de contractualisation propre à attirer les meilleures compétences, la liaison de l'évolution dans la carrière des agents publics à la formation et au développement des compétences, la prise en considération des critères de mérite dans la promotion et l'avancement, et enfin l'encouragement de la mobilité des agents publics pour une meilleure répartition des compétences.