Le Temps-Agences - George W. Bush est arrivé hier soir à Sotchi pour un dernier sommet avec Vladimir Poutine destiné à donner une nouvelle impulsion aux relations russo-américaines et à aplanir les divergences sur le projet de bouclier antimissile en Europe. Le président américain a immédiatement rejoint son homologue Vladimir Poutine pour un premier court entretien avant un dîner officiel. Cette rencontre sur les bords de la mer Noire se déroule dans la foulée du sommet de l'Otan à Bucarest lors duquel les alliés européens de l'Alliance se sont ralliés au projet de bouclier américain, mais ont ménagé la Russie avec le report de l'intégration de l'Ukraine et de la Géorgie prônée par le président américain. Principale inconnue pour ce sommet : quelles concessions le président Vladimir Poutine sera-t-il prêt à faire sur ce dossier hautement stratégique et dans lequel sa marge de manœuvre est de toute façon limitée. Avant même l'arrivée de M. Bush à Sotchi, la Maison Blanche a fait valoir qu'il ne fallait pas s'attendre à ce que les présidents parviennent à un accord rapide sur la défense antimissile. "Nous aurons encore du travail à accomplir après Sotchi", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino. "Personne n'a dit que tout serait finalisé et que tout le monde serait satisfait de l'ensemble des préparatifs, car nous n'avons même pas commencé à discuter des aspects techniques du système. Nous en sommes toujours au début des discussions", a-t-elle expliqué. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s'est également montré circonspect sur les chances d'accord. "Attendons les négociations de demain", a-t-il dit. La veille, le chef de l'Etat russe avait indiqué que lors du sommet de l'Otan à Bucarest, "la question du bouclier a été abordée en passant". "Nous aurons une discussion plus substantielle à Sotchi", a-t-il souligné. Des signaux de rapprochement semblent perceptibles. M. Poutine a ainsi estimé que "les inquiétudes russes" avaient été "entendues" par les Américains qui "réfléchissent à des mesures de transparence et de confiance". Selon des sources russes et américaines, les deux présidents doivent approuver un "document cadre stratégique" destiné à donner une base plus solide aux relations bilatérales avant la transition du pouvoir dans les deux pays, même si ce texte ne sera pas signé et n'aura pas de valeur juridique. "Ce document doit être honnête" et mentionner les sujets qui "inquiètent la Russie" comme le bouclier, le régime de la réduction des armes stratégiques et l'élargissement de l'Otan, a précisé un proche conseiller de Vladimir Poutine, Sergueï Prikhodko. "Si la question du bouclier figure dans ce texte, cela signifiera que la Russie reconnaît les menaces balistiques. Cela pourrait être considéré comme une victoire de Bush qui a besoin d'afficher un succès de sa politique extérieure", estime le politologue russe Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue La Russie dans la politique globale. Le sommet a lieu à la résidence d'été de Vladimir Poutine, surnommée "Ruisseau Botcharov". Le rendez-vous de Sotchi "sera notre dernier face-à-face" en tant que présidents et "je le remercierai d'être franc avec moi", avait dit mercredi en Roumanie M. Bush ajoutant qu'il n'avait pas "d'animosité" envers le président russe.