Cette rubrique traite des faits réels dans des affaires anciennes et classées. Par respect pour les personnes , il n'est guère mention de non , ni de dates précises des faits , et encore moins de lieus précis. Il avait soixante ans bien sonnés et pourtant il paraissait beaucoup plus jeune. " Slouma ", cet homme était bien dynamique. Eveillé, la démarche leste et le regard perçant, il émerveillait tous ceux qui le connaissaient et prenaient du plaisir en le rencontrant surtout quand il pratiquait la marche, en fin de journée, à s'arrêtaient pour discuter quelques moments avec lui. A son cabinet d'affaires, il allait tôt le matin et s'arrêtait de travailler à midi pour aller au restaurant où il prenait tout son temps pour déjeuner. Il passait ses après-midi à se promener sinon il allait au cinéma où il regardait surtout des films policiers. Au fil du temps, l'ouvreuse qui prit l'habitude de le voir souvent, avait fini par sympathiser avec lui. Le jour où il l'invita au restaurant, elle était toute contente. Cette jeune fille vivait seule avec sa mère et habitait un modeste appartenant à la capitale. Depuis le jour où elle déjeuna avec " Slouma ", elle multiplia les sorties avec lui. Quant à ce dernier, qui vivait seul depuis la mort de sa femme et le départ à l'étranger de sa fille avec son mari, il finit par s'enticher de l'ouvreuse, au point de vouloir l'épouser, mais comment pouvait-il le lui annoncer, alors qu'elle avait l'âge de sa fille ? Après une petite hésitation, il prit son courage à deux mains pour le lui dire. Et la jeune fille n'afficha aucune réticence et n'opposa aucune objection. Bien au contraire, elle était toute contente. " Tu n'a qu'à demander ma main à ma mère, elle en sera bien ravie ", lui dit-elle. - " J'irai de ce pas pour le lui dire ". Ce qui fut fait. Slouma se maria avec la jeune ouvreuse,quelque trois mois plus tard, avec toute la pompe due à une aussi belle jeune fille ainsi qu'à un richissime homme d'affaires. Après la lune de miel, passée au pays de l'amour à Venise, Slouma reprit son train-train habituel. Son épouse passait toute la journée seule dans la somptueuse villa où était édifié le nid conjugal. Les années passèrent, et Slouma fatigué de jour en jour, n'avait plus le même entrain ni le même comportement d'antan. En tous les cas, sa jeune dame le remarqua sensiblement et cela lui pesait de jour en jour. Elle devint susceptible et nerveuse. Cependant, l'événement qui se produisit un jour du mois de mars, où elle commençait comme à l'accoutumée à prendre son petit déjeuner près de la piscine, changea tant le courant de sa vie. En effet, ce jour-là, son mari demanda au chauffeur de le conduire à son cabinet où il avait un rendez-vous important. Quelques minutes plus tard, on sonna à la porte et la femme de ménage vint lui annoncer que quelqu'un voulait la voir. - " C'est un jeune homme ; il dit qu'il est votre cousin ", lui dit-elle. - " Ah bon ? Fais-le entrer ". Elle était toute contente de voir le cousin qu'elle avait perdu de vue depuis qu'il est allé au Canada pour poursuivre des études d'architecture. Grand et svelte, il avait le teint clair et portait un blouson en cuir noir et un jeans délavé, avec un gros chapeau sur la tête. Elle le salua avec chaleur et l'invita à s'asseoir. Elle le retint ce jour-là pour le déjeuner, et le présenta à son mari, au retour de celui-ci de son bureau. Et, depuis, les visites se multiplièrent et les contacts évoluèrent de jour en jour. Entre temps, elle tomba enceinte et annonça cet événement à son mari. Celui-ci était intrigué au fond de lui-même, car il n'était pas sûr d'être le géniteur de l'enfant qu'elle portait. Il était de plus en plus rongé par la jalousie mais ne voulait le manifester ouvertement à son épouse. Le jeune cousin prit l'habitude de venir dîner avec sa cousine et son mari. Le jour du drame, un dimanche, alors que son épouse, enceinte au 8ème mois, faisant la grasse matinée, il monta sur le toit pour bien fixer la parabole. Il était accompagné du jeune homme avec lequel il avait pris rendez-vous la veille. Celui-ci arriva à dix heures tapantes, muni du matériel nécessaire pour donner un coup de main à Slouma qui n'était pas un connaisseur en électronique. Brusquement, vers 11h, la jeune dame qui dormait encore, fut réveillée par un grand bruit et les appels au secours de son mari. Elle se hâta de se lever et fut choquée de voir, en franchissant le seuil de la porte, le jeune homme gisant inanimé sur le palier attenant à la véranda, le sang giclant de sa tête d'une profonde blessure au niveau du front. Son mari, affolé, la rejoignit. " Il faut appeler les secours, lui dit-il ". Ceux-ci dépêchés sur les lieux, alertèrent la police. Quant au jeune, transporté à l'hôpital, il passa de vie à trépas avant d'y arriver. Une enquête fut mené par les agents de la brigade criminelle sur ordre du procureur de la République. Interrogé sur les circonstances dans lesquelles le jeune homme a chuté, " Slouma " répondit qu'il en était lui-même surpris. Il était occupé à fixer les accessoires de la parabole. Il n'eut pas le temps de réaliser ce qui se passait car il entendit un grand bruit. La victime a dû trébucher avant de perdre l'équilibre et tomber. Dans la chute sa tête vint s'écraser contre une porte en fer avant de s'écraser au sol. Les enquêteurs n'étaient pas bien convaincus de sa version d'autant que sa femme révéla que son mari était jaloux, surtout depuis qu'elle était enceinte. Avait-il alors lui-même provoqué la chute du jeune homme en le poussant ? Bien qu'inculpé, Slouma put s'en tirer à bon compte avec un non-lieu. Et le doute plane toujours sur les circonstances de la chute du jeune homme, que personne n'a pu déterminer, faute d'éléments probants.