Il y a soixante dix ans des affrontements avec les forces d'occupation, le 9 avril 1938, ont fait 120 morts. Depuis l'indépendance la Tunisie commémore la journée des Martyrs. La contestation de la colonisation bat son plein à cette époque et début avril 1938 une vague d'arrestation parmi les militants a été opérée par les forces françaises elle a frappé notamment le docteur Slimane Ben Slimane, Hédi Nouira, Salah Ben Youssef et Youssef Rouissi. Pour répondre à ces arrestation des manifestations ont été prévus dans la capitale le 8 avril une manifestation regroupant des milliers de Tunisiens convergeait à travers les artères de la ville en se dirigeant vers la place de la Résidence Générale. Harangué par Ali Belhouane les manifestants scandaient en arabe et en français réclamant "Un parlement tunisien". Les militaires français laissent faire, prévoyant de frapper un grand coup le lendemain. Le 9 avril 1938, et suite à la convocation d'Ali Belhouane le matin par le juge d'instruction, des élèves du Sadiki et des étudiants de la Zitouna se sont rassemblés devant le Palais de justice. L'occupant fait appel pour les disperser aux unités blindées, à la gendarmerie et à l'armée. A la fin de la journée on dénombre à Bab El Benat Bab Souika et Bab Jedid plus de 120 morts. Le soir l'état de siège est proclamé et des centaines de militants jetés en prison. Il faudra 18 ans de sacrifices entre 1938 et 1956 pour que la Tunisie accède à l'indépendance. Néjib SASSI ----------------------------- Dans une notice de la Direction de la Sûreté, en date du 4 mai 1938, Ali Belhouane est décrit comme étant « parmi les partisans de la tendance extrémiste du nationalisme tunisien. « C'est pour protester contre son arrestation que le Parti a provoqué les graves incidents du 9 avril ». Nous reproduisons ci-dessous, ce document inédit.
Allala Ben Abdelaziz Ben Belhouane dit « Ali Belhaouane », né en 1909, à Tunis, de feu Abdelaziz et de Djenaïna Bent Belkadi, professeur, demeurent 64, rue Sidi Ben Arous. L'intéressé est un propagandiste influent et très actif du Néo-Destour. Il y a lieu de le compter parmi les partisans de la tendance extrémiste du nationalisme tunisien. Son activité et les manifestations de ses opinions ont constamment révélé cette tendance. Les menées politiques de ce fonctionnaire ont fait l'objet de nombreux rapports des services de police qui ont été successivement amenés à signaler : 1/ - Les rapports entretenus par Allala Belhaouane avec les dirigeants des partis nationalistes d'Algérie et du Maroc. Il a été en relations avec Messali Hadj, Mouldi Zaccaria et le Cheikh ben Badis. En 1932, il a été chargé des fonctions de rapporteur au Congrès des Etudiants Musulmans Nord-Africains en France. Allala Belhaouane était correspondant en Tunisie de « L'Etoile Nord-Africaine » avant sa dissolution. 2/ - L'active propagande nationaliste menée à partir de 1936, à Tunis, et dans l'intérieur de la Régence en vue de recrutement intensif d'adhérents au Néo-Destour et de la création de cellules. Dans ces réunions auxquelles il participait, ses manifestations actives étaient le plus souvent empreintes de nationalisme agressifs. Le 12 mars dernier, Allala Belhaouane devait donner une conférence au cinéma « Les Variétés » à Tunis, sur le sujet : « Parti de la Jeunesse dans la lutte ». Cette conférence fut interdite par arrêté de M. le Secrétaire Général du Gouvernement Tunisien. Passant, outre, l'intéressé tenait cette conférence au local du Néo-Destour, 29 bis, rue du Tribunal dans la soirée du 19 mars. Le 22 mars, le Gouvernement retirait à Belhaouane sa délégation de professeur. Cette mesure administrative était suivie d'une agitation des élèves du Collège Sadiki et l'établissement était fermé par ordre de la Résidence Générale. Allala Belhaouane a pris une part très active à la manifestation organisée par le Néo-Destour le 8 avril et les propos qu'il a tenus avant la dislocation du cortège, Place aux Moutons, ont amené son arrestation le lendemain. C'est pour protester contre cette arrestation que le Parti a provoqué les graves incidents du 9 avril. La famille de l'intéressé vit dans l'aisance. Lui-même a perçu son traitement de professeur stagiaire jusqu'en fin mars.
• Archives nationales. Série : Mouvement national. Carton 39 - Dossier 1 - Document 526 Documentation : Mohamed Ali Habachi