Organisée par l'Unité de recherche « Pédagogie Numérique et Multimédia » et l'Association Université Environnement à Sfax, la 5ème édition du colloque international s'inscrivant dans le cadre des TICE MED 2008 vient de se tenir à la Capitale du Sud. Centrée sur la problématique de l'interculturel, c'est-à-dire le dialogue des cultures, la manifestation a été marquée par la présentation d'un certain nombre d'expérimentations et de projets pilotes en matière d'enseignement à distance dont notamment celui de « l'Université populaire » qui préconise la transmission du savoir théorique et pratique pour tous. L'idée avait émané de la professeure Hédia Abdelkéfi , maître de conférences à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sfax et présidente de l'Association Jousour Ettawassol qui, dans un article publié en 2006, soulignait « Certaines difficultés qui entravent la praxis universitaire » et esquissé quelques solutions susceptibles d'y remédier. Puis, c'est à l'occasion des travaux du récent colloque international TICE MED 2008 qu'elle a lancé l'idée d'un projet-pilote qui a pour vocation de poser une première pierre heuristique dans l'édifice d'une « Université Populaire » tunisienne qui table sur les formidables possibilités des TIC et sur l'essor que connaît ce secteur dans notre pays. A ce propos, l'initiatrice du projet souligne : « Cette Université sera un moyen de plus pour permettre aux citoyens l'accès au savoir et au savoir-faire indispensables à un effort que toute la nation est en train de consentir sous l'égide du Président BEN ALI , et relever, ainsi, les défis inhérents aux mutations profondes que vit le monde au quotidien. » Ainsi, une « Université Populaire », à distinguer de l'université traditionnelle, est une institution dont l'objectif est de démocratiser le savoir et d'en assurer l'accès à tous, avec le concours de la société civile. Elle participe de ce fait à l'édification de la société du savoir, permet la formation continue durant toute la vie et s'adresse à toutes les tranches d'âges et à toutes les catégories sociales. Concernant l'historique, l'idée de sa création remonte au 19ème siècle.: « On s'accorde à attribuer la paternité de l'Université populaire (désormais UP) au Danois N.F.S. Grundtvig, (1783-1872) qui a stigmatisé le système éducatif officiel de son époque et s'est évertué à établir un dispositif pour permettre aux infortunés d'accéder au savoir. Outre sa farouche détermination à garantir un accès inconditionné au savoir, il se distingua par sa conception de l'éducation. En France, l'UP a vu le jour dans une période trouble : celle de l'affaire Dreyfus. Le besoin d'éduquer les couches sociales défavorisées se faisait, à cette époque, de plus en plus pressant. Par la suite, plusieurs expériences similaires ont été menées dans le monde.", nous rappelle Mme Abdelkéfi dont le projet n'est pas une simple transposition d'un modèle étranger dans un contexte tunisien dans la mesure où son originalité réside essentiellement dans trois points : - Prendre en considération la réalité des usages, représentations sociales, et aspirations relatives aux TIC, à la culture des internautes tunisiens. Cette dimension a été réalisée par le biais d'une initiale, mais large, enquête pilotée par Mohamed Boussarsar (doctorant à l'unité de recherche ERCILIS dirigée par la professeure Abdelkéfi) - Faire appel au concours efficient du tissu associatif pour sensibiliser certaines composantes, de notre société, qui demeurent encore moyennement intéressés par l'élan numérique - Fédérer toutes les bonnes volontés, universitaires et associatives, autour de ce projet qui nécessite le concours de tous ceux qui s'évertuent à garantir un ancrage efficient de notre pays dans la société du savoir. L'initiatrice de ce projet pilote met en exergue, également, les perspectives d'un ancrage réussi de l'Université dans son environnement et la contribution que cette institution est appelée, avec le concours du tissu associatif, à assurer pour démocratiser le savoir et en assurer l'accès à tous. Dans ce cadre, elle affirme : « La coopération est nécessaire depuis que les expériences de formation menées dans plusieurs pays du monde ont fait émerger la notion de « sociétés éducatives ». Il n'en reste pas moins que, par rapport à l'Université traditionnelle, c'est l'Université Populaire qui est la référence institutionnelle ». Il reste à espérer que ce premier pas vers l'opérationnalisation d'une Université populaire tunisienne qui met à profit l'apport des TIC trouvera écho favorable auprès des sociétés non gouvernementales et qu'il bénéficiera du soutien requis de la part des autorité compétentes. Cette opérationnalisation est d'autant plus aisée que divers programmes, d'équipement, de formation, et d'intégration des TIC dans les secteurs éducatif de l'éducation et de la formation ont été entrepris en Tunisie où : « Un constat d'évidence statistique s'impose : le secteur des TICS gagne au fil des années une importance incontestable dans l'économie Tunisienne. En effet, il constitue, d'une part, un facteur crucial dans la consolidation de la compétitivité économique du pays dans un contexte mondial caractérisé par une compétition de plus en plus accrue. D'autre part, ce secteur est un vecteur d'investissements, public et privé, et un levier crucial dans la création d'entreprises et l'emploi des jeunes diplômés. »