Tunis-le Temps : Ils avaient passé dix-neuf ans de vie commune, et n'avaient pas de problèmes particuliers, sauf quelques malentendus de temps à autre, comme c'est le cas chez presque tous les couples. Ces deux époux avaient fondé une petite famille, un garçon et une fille qui, n'ayant pas eu jusque là à se plaindre, poursuivent leurs études normalement au lycée. Les problèmes ont commencé à surgir à partir de la visite du grand père maternel, retenu par sa fille et finissant par élire domicile chez elle. Le mari n'émit aucune réserve ni objection à la décision de son beau-père d'emménager définitivement à leur domicile. Il l'avait même reçu à bras ouverts. Après tout, c'est le père de sa chère épouse, d'autant plus que c'était celle-ci qui en avait fait la proposition. Toutefois, et au fil des jours, le beau-père voulant s'immiscer dans leurs affaires personnelles intervenait à tout bout de champs au point de semer la discorde entre le couple, soutenant inconditionnellement sa fille, même quand celle-ci avait tort. Ce qui irrita quelque peu le mari, qui en fit la remarque à son épouse qui ne l'entendait pas de cette oreille, s'agissant de son père. La goutte qui fit déborder le vase et mit le mari au paroxysme de la colère, fut l'attitude du père qui, non content de s'ingérer dans leurs affaires, il se permit d'inviter ses amis, pour organiser de beuveries à la maison, avec toute une famille, et surtout des adolescents qui sont à un âge délicats où ils risquent de prendre le mauvais exemple. Des soirées étaient programmées par le beau-père au cours desquelles ils se réunissait avec les copains du bon vieux temps, non seulement pour s'adonner à la dive bouteille, mais également pour jouer au poker. Cette conduite n'était pas pour plaire au mari, décidant d'en parler sérieusement à sa femme pour lui faire part de son mécontentement total, le beau-père semblant prendre la maison conjugale pour un casino. Mais l'épouse, prenant le parti de son père, le prit très mal. Tellement mal au point de se disputer avec son mari à maintes reprises à ce sujet. La patience du mari déborda.Afin d'éviter le pire, il prit quelques affaires et alla passer quelques jours chez sa sœur. En retournant au domicile conjugal, il apprit que sa femme avait engagé contre lui une procédure pour abandon de famille. Tombant des nues, il voulut s'enquérir auprès de son épouse de ce qu'il advenait au juste. Mais le beau-père , s'immisça dans la discussion devenant de plus en plus houleuse. Arrivé au paroxysme de la colère, le mari s'arma d'un couteau et se dirigea vers sa femme. Le beau-père intervint pour défendre sa fille, mais il reçut deux coups de couteau à l'épaule et à l'abdomen. Puis, continuant sur sa lancée, le mari ne voyant plus que rouge, porta un violent coup à sa femme, en plein cœur. Alors que le vieillard, transporté à l'hôpital, a pu être secouru et sauvé d'une mort certaine, la pauvre épouse décéda des suites d'une forte hémorragie interne. Arrêté, l'époux reconnut les faits en déclarant que sa patience déborda et il se sentit outré dans son foyer conjugal par les agissements de son beau-père que cautionnait son épouse. Il ajouta avoir agi sous l'emprise de la colère, et mais n'avait aucune intention de tuer. Inculpé d'homicide volontaire en plus de la tentative de meurtre sur la personne de son beau-père , il comparut dernièrement devant le tribunal et réitéra les mêmes déclarations données au cours de l'enquête préliminaire ainsi que devant le juge d'instruction. Son avocat le soutenant, plaida la requalification de l'infraction, les faits ne constituant que des coups et blessures ayant donné la mort, sans l'intention par leur auteur de le faire aux termes de l'article 208 du code pénal, prévoyant une peine plus douce. Le tribunal mit l'affaire en délibéré.