C'était une jeune fille de 38 ans, issue d'un milieu modeste d'une localité du Sahel. Elle a réussi dans ses études supérieures et elle est parvenue à dénicher un poste dans une société étrangère au Cap Bon. Elle se donnait entièrement à son travail et ne s'intéressait nullement aux choses de la vie. En plus, son caractère solitaire et rigide n'a pas encouragé la junte masculine à l'approcher. Pourtant, elle s'intéressait à son apparence et avait un look distingué. Elle faisait des allées et venues à Tunis pour les besoins du travail. Et c'est pendant ces périples qu'elle avait connu ce fonctionnaire dans une administration. C'était un gentil bonhomme d'une cinquantaine d'années. Mais, il était clair que la vie ne l'avait pas encore usé. Il arrivait à ce petit fonctionnaire de rendre à cette dame de menus services qui lui évitent les longues attentes. En contrepartie, il arrivait aussi qu'elle lui emmène des chemises ou des pantalons fabriqués dans la société où elle travaillait. Petit à petit, une complicité s'était établie entre les deux et le bonhomme s'était mis au service de la dame lui évitant de faire ces déplacements qui lui coûtaient du temps et de l'argent. Ils commençaient à se voir en dehors du cadre de ces services rendus. Le bonhomme avait déjà compris que cette demoiselle vivait un grand mal de solitude. Elle avait compris qu'il était un célibataire endurci. Mais, il ne dirait pas non à une offre intéressante qui s'intéresserait à sa personne, non à son portefeuille. Il lui avait fait comprendre que la vie a été dure à son encontre et qu'il n'était pas parvenu à économiser. Elle lui a signifié qu'elle était à la recherche du bonheur et qu'elle ne manquait pas de sous. La quinzaine d'années qu'elle avait travaillé lui avaient déjà permise de se munir contre le besoin. Mais, notre bonhomme était d'une nature noble et voulait lui faire comprendre que son argent ne l'intéressait aucunement. D'une simple complicité, les deux tourtereaux étaient passés à des choses plus sérieuses. La jeune fille s'habituait à venir chez son ami fonctionnaire et, même, à y passer la nuit. Il était accueillant, cordial et compréhensif. A chaque fois où elle abordait avec lui la question de l'officialisation de cette relation, il invoquait sa situation matérielle très approximative jusqu'au jour où elle lui avait apporté dix mille dinars pour finaliser le mariage. Il avait refusé cette somme en prétendant qu'il ne pouvait accepter une telle approche déshonorante. En contrepartie, il lui avait proposé d'acheter une maison avec ses économies. Elle l'a remercié pour son geste chevaleresque et lui apporta le lendemain vingt-cinq mille dinars pour verser une première tranche dans un projet de construction. Une dizaine de jours plus tard, le bonhomme s'était absenté de son logement prétextant une maladie nécessitant une cure thermale nécessitant une quinzaine de jours de suivi dans une station spécialisée. Il lui a notifié l'information par un message SMS sans même l'appeler. Aussi confiante et crédule comme elle était et justifiant son silence par un problème de réseau, la bonne-dame était allée voir son ami à son bureau pour demander de ses nouvelles. La quinzaine de jours était passée et il n'avait pas donné signe de vie. Et quelle fût sa surprise lorsqu'on lui avait annoncé que son prince charmant était parti travailler au Golfe depuis une semaine. Une fois le moment de surprise passée, la jeune fille était allée dare-dare raconter sa mésaventure à la police. Un mandat de recherche a été lancé contre le fiancé volatilisé et l'on attend incessamment son retour pour entendre ses déclarations.