• Traumatisme dans la Péninsule au lendemain de la mort d'un policier de 38 ans • Prodi promet des "fortes" capables de "changer radicalement la situation" Le Temps-Agences - "L'Italie sous le choc", "La folie au stade", "Basta!". Ces titres de la presse italienne résumaient hier le traumatisme dans la Péninsule au lendemain de la mort d'un policier de 38 ans, tué lors de violences entre supporters à l'issue du match de football Catane-Palerme en Sicile. Des violences qui ont entraîné la suspension immédiate du "calcio". La Fédération italienne de football a annulé les rencontres de Série A et B (première et deuxième divisions) prévues ce week-end, ainsi que les matchs amicaux des équipes nationales programmés la semaine prochaine. Le président du Conseil Romano Prodi, le ministre de l'Intérieur Giuliano Amato et sa collègue des Sports Giovanna Melandri se retrouveront à compter de lundi pour travailler ensemble à des mesures "fortes" capables de "changer radicalement la situation", a expliqué M. Prodi hier à Bologne. Le comité national olympique italien, qui a appelé à une minute de silence ce week-end à la mémoire du policier, se réunira aujourd'hui pour faire le point. Selon un dernier bilan, on dénombre, outre le policier tué, 71 blessés. D'après l'hôpital Garibaldi, qui a traité 45 des blessés, la plupart d'entre eux avaient pu regagner leur domicile tôt hier matin. La presse italienne a fait état de 15 arrestations, huit adultes et sept mineurs, qui ne sont pas soupçonnés d'avoir tué l'inspecteur Filippo Raciti. La police de Catane n'a pas confirmé cette information. Les troubles ont éclaté vendredi soir, pendant la seconde mi-temps de la rencontre, quand des supporters des deux équipes se sont affrontés devant le stade Angelo Massimino de Catane. Un des policiers blessés, Salvatore Renda, évoque une véritable "embuscade". "J'escortais un groupe de supporters de Palerme vers le Massimino quand ils ont soudainement été attaqués par des supporters de Catane. C'était une embuscade" de gens "organisés" utilisant les méthodes de la "guérilla", a-t-il expliqué sur son lit d'hôpital à la chaîne de télévision Sky TG24. Les policiers ont alors fait usage de gaz lacrymogènes qui ont envahi le stade, faisant suffoquer joueurs et spectateurs. Le match a été suspendu à la 58e minute alors que Palerme menait 1-0. Après une demi-heure, la partie a repris et Palerme a battu Catane 2-1. Les violences ont continué après la rencontre. Selon la police, Filippo Raciti est mort après avoir été touché au visage par un engin explosif, de nature encore indéterminée, lancé dans son véhicule. Les émeutiers ont bombardé les policiers de projectiles divers. A l'issue d'une réunion d'urgence vendredi soir à Rome, le commissaire de la Fédération italienne de football, Luca Pancalli, a décidé la suspension de tous les matches de football. La rencontre amicale Italie-Roumanie de mercredi et celle des Espoirs prévue mardi contre la Belgique ont également été annulées. "On ne peut pas continuer comme ça. Ce qui se passe n'a rien à voir avec le football. Dès lors, le football italien s'arrête", a souligné M. Pancalli. Le chef du gouvernement a approuvé cette suspension. "Nous avons malheureusement besoin d'un message fort et clair", a souligné M. Prodi. Le président Giorgio Napolitano, qui a également condamné les violences et exprimé son soutien à la famille du policier tué, a invité les autorités à agir avec fermeté "contre les débordements qui portent atteinte aux valeurs du sport et offensent la conscience civique du pays". Luca Pancalli a estimé que l'annulation des rencontres n'était pas suffisante et annoncé de nouvelles réunions demain "pour déterminer les mesures drastiques qui nous permettront de reprendre". "Sinon, nous ne reprendrons pas les matches", a-t-il indiqué. Réagissant peu après l'annonce de la mort de l'inspecteur Raciti, le ministre de l'Intérieur Giuliano Amato a pour sa part souligné que "dans ces conditions", il n'envoie "plus (ses) policiers dans les stades". Il a précisé qu'il évoquerait mardi devant les députés la question de la violence dans le football, récurrente en Italie. Marcello Lippi, qui a été entraîneur de l'équipe italienne victorieuse de la Coupe du monde 2006, a appelé les dirigeants de clubs à prendre leurs responsabilités. "Ils devraient dire à leurs supporters qu'au lieu d'acquérir des joueurs pour renforcer leurs équipes, l'argent est destiné à garantir la sécurité", a-t-il dit. Le gardien français de la Fiorentina, Sébastien Frey, n'est pas surpris par le drame. "Il s'était déjà produit pas mal d'incidents avec les arbitres, cet été. Maintenant, la violence revient autour des terrains. A ce rythme, les gens ne vont plus venir au stade", dit-il dans une interview samedi au quotidien sportif français "L'Equipe". "Il est vraiment temps d'agir" dans "l'intérêt du football italien", a ajouté le portier français.