Ils sont partout : dans les cités de la banlieue, dans les gares et dans les carrefours. Ils passent dans les cafés, frappent aux portes des maisons et font chaque jour des kilomètres à pied pour sillonner les artères de la ville à la recherche de clients pour écouler leur marchandise de contrebande dont la qualité laisse souvent à désirer mais qu'ils ont l'art de vanter à leurs clients. Ces colporteurs évitent généralement le centre des grandes villes pour se déployer surtout dans les petites villes de la périphérie où ils ont plus de chance de vendre leurs articles aux habitants des quartiers populaires. Vous les voyez chargés de produits de toutes sortes pendus au cou, aux épaules et sur les bras, exhibant aux passants, aux automobilistes ou même aux gens assis à la terrasse d'un café leurs produits en suppliant les clients peu avertis d'acheter quelque chose ! Ces marchands ambulants semblent être bien entraînés au commerce. Ils ont le flair des affaires et savent très bien dénicher leurs clients. Des chaussures, des gadgets électroniques, des transistors, des T-shirts, des calculatrices, des parapluies, des parasols et mêmes des produits cosmétiques ; tout ce qu'ils peuvent colporter. Pendant la saison estivale, on peut les voir sur les plages présentant des serviettes, des casquettes, des ballons et des maillots de bains aux baigneurs.
Très jeunes voire ados Les week-ends, ils prennent d'assaut les terrasses des cafés pour vendre leur marchandise aux hommes venus déguster un café ou une limonade en compagnie de leurs amis en leur proposant parfois des prix défiant toute concurrence. C'est qu'avec ces commerçants qui sont toujours prêts à faire des concessions importantes, il faut bien marchander. Généralement, pour tirer profit d'une transaction avec ces vendeurs, il faut toujours diviser le prix proposé sur trois ou quatre ; c'est ainsi qu'on peut acheter des chaussures à 10 dinars au lieu de 40 dinars, tout en sachant que c'est de la camelote. Ces marchands ambulants sont jeunes, adolescents même : ils ont sûrement choisi ce métier par nécessité ou faute de mieux. Ils travaillent du matin au soir, en été comme en hiver, sous le soleil et la pluie pour gagner leur pain. Travaillent-ils pour le compte de quelqu'un ? Apparemment oui ! C'est tout un réseau et ces petits marchands ne sont que des employés au service de leurs patrons. La plupart sont des amis, des habitants du même bled, et peut-être des frères ou des cousins qui ont quitté leurs familles et leurs régions pour venir travailler dans ce commerce. Combien gagnent-ils ? On ne sait ! Sur quelle base sont-ils payés ? Impossible de savoir ! Dès qu'on leur pose ces questions, ils s'esquivent et préfèrent plutôt parler commerce ! En effet, ils sont de vrais négociateurs. Il faut les voir en train de débattre le prix d'une marchandise avec le client. Ils ont l'art de convaincre les clients usant de tous les stratagèmes pour enfin les leurrer. Il suffit que le client se fixe sur un choix, ils ne le laisseront jamais partir sans achat. En bons commerçants, ils savent se constituer au fil des ans une clientèle fidèle, surtout parmi les femmes au foyer et les familles aux revenus faibles qui peuvent s'approvisionner de temps en temps en articles importés, quoique imités, que ces commerçants achalandés leur proposent à bon marché ! Ils peuvent tout vous procurer, selon le stock disponible, mais on peut toujours passer la commande pour tel ou tel article et souvent ils tiennent promesse en fournissant le produit commandé. Des escrocs ? Il y en a certainement, tant qu'il y a des clients crédules !
Métier trop fatigant Pour la plupart de ces jeunes camelots, ce métier qui est trop fatigant, à force de marcher à longueur de journée, peut pourtant rapporter gros, tant qu'il n'y a pas de charges à payer ! Toutefois, il faut toujours savoir prendre ses distances avec ces marchands inconnus, qui changent constamment de quartiers et de lieux et qui peuvent disparaître à tout moment en cas d'escroquerie ! De toute façon, c'est un métier comme tant d'autres tant qu'il fait travailler pas mal de jeunes défaillants de l'école, en chômage ou en quête d'un emploi fixe. Pour ces jeunes marchands, vivre de sa sueur vaut beaucoup mieux que de tendre la main aux passants pour demander l'aumône comme font des milliers de mendiants éparpillés partout dans les villes !