Le rapport de l'Agence de Notation Fitch Ratings concernant le tourisme tunisien est sans appel. Le tourisme tunisien souffre d'une surcapacité d'offre sans diversification. 75 % des hôtels longent le littoral et ne sont animés que durant la saison balnéaire. Cette surcapacité a rendu les hôteliers tunisiens très dépendants des tours opérateurs internationaux pour la commercialisation de leurs produits. Une telle situation explique les résultats de la saison 2007 de la Tunisie avec, uniquement, 6,7 millions de touristes, 3,050 milliards de dinars de recettes et 37,4 millions de nuitées. En même temps, le Maroc a enregistré en 2007 un total de 7,45 millions de touristes générant quelque 59 milliards de dirhams (10DHM = 1€ environ), soit l'équivalent de près de neuf milliards de dinars tunisiens. Le nombre des nuitées passées au Maroc a atteint 16,9 millions de nuitées en 2007. Les français accaparent la première position avec 2,85 millions de visiteurs, après on trouve les Espagnols avec 1,6 millions, les Belges avec 431.000, les Britanniques avec 419.000, les Italiens 370.000, des Néerlandais avec 361.000 et les Allemands avec 296.000. Le Maroc vise d'atteindre le chiffre de 10 millions touristes d'ici 2010. D'autre part, le même rapport relève que les hôtels tunisiens ont un faible niveau de rentabilité, affectant leur solvabilité et la qualité de leurs services, qui sont devenus médiocres, ce qui a causé la régression des marchés traditionnels, -10,8 pour les britanniques, -9,2% pour les espagnols, -6,1% pour les allemands et 4,3% pour les italiens pour l'année 2007. C'est le résultat du choix du tourisme de masse qui a engendré de tels résultats en Tunisie. Le Maroc ayant opté pour un tourisme de qualité, a amélioré son image de marque aux dépens de la Tunisie. Le tourisme tunisien est définitivement distancé par le tourisme marocain au niveau des rentrées des touristes, en devises et aussi en qualité. Le rapport de Fitch Ratings a précisé que l'émergence de destinations concurrentes, favorisées par le développement du Low Cost du transport aérien a renforcé les difficultés des opérateurs tunisiens à s'imposer, les conduisant à baisser les prix et à les brader, afin de pallier le taux d'occupation trop bas, aux détriments de la qualité et du service.
L'alternative Il est nécessaire de redéfinir la politique de l'offre touristique en Tunisie, et ce, à travers la promotion de nouvelles formes de tourisme, particulièrement, le tourisme saharien avec le pôle de Tozeur et celui de chasse, golf, foret, plongée dans le pôle du Kef-Tabarka, où la Tunisie n'a pas mis réellement les moyens qu'il le faut, ni au niveau de l'infrastructure de base, ni au niveau de l'accès autoroutier. La diversification des modes d'hébergement à l'instar des appart- hôtels et des pensions de familles à l'intention des 2 millions de touristes algériens et libyens que reçoit chaque année la Tunisie, dont la formule de tarification par individu ne convient pas à leurs structures familiales nombreuses, d'où la nécessité d'adopter l'offre vers une tarification à la chambre. Sans un virage à 90 degrés et une remise en cause profonde et courageuse et l'ouverture plus grande aux plus grandes enseignes internationales et une gestion de la qualité, le tourisme tunisien sera à la traîne face au Maroc, qui montre l'exemple et s'impose comme leader dans ce secteur. Les professionnels tunisiens ont intérêt à engager des cadres marocains pour profiter de leur savoir faire et à envoyer aussi leurs cadres se former au Maroc, sur les normes de la qualité, car le tourisme tunisien rime actuellement avec non qualité et tourisme bas de gamme.