Le Temps-Agences - Embarras à Washington, optimisme prudent de l'Union européenne, rappel des exigences internationales côté israélien et joie mêlée d'espoir dans les Territoires palestiniens: l'accord sur le partage du pouvoir entre le Hamas et le Fatah, destiné à mettre fin à des mois d'effusion de sang entre les deux factions, a été diversement accueilli. Aux termes de l'accord signé à La Mecque, en Arabie saoudite, après deux jours d'intenses négociations, le Hamas détiendrait neuf postes au gouvernement, dont celui de Premier ministre qui resterait à Ismaïl Haniyeh, le Fatah du président Mahmoud Abbas en aurait six, et d'autres factions, quatre. Les indépendants, obtiendraient l'important portefeuille de l'Intérieur, attribué à une personnalité proposée par le Hamas et approuvée par M. Abbas, et prendraient les commandes des Affaires étrangères et de la Planification. Selon son conseiller Nabil Amr, Mahmoud Abbas a demandé à M. Haniyeh de former le nouveau gouvernement d'union nationale sous cinq semaines. Le Hamas promet par ailleurs de "respecter" les précédents accords de paix avec Israël, alors que le président de l'Autorité palestinienne, élu en 2005, voulait que le Mouvement de la résistance islamique "s'engage" fermement sur ce point pour rassurer Israël et les Occidentaux et obtenir la levée de l'embargo ainsi que la reprise des négociations de paix. Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne bloquent en effet les aides directes au gouvernement palestinien depuis la prise de fonctions des islamistes vainqueurs des élections législatives de janvier 2006, le Hamas refusant de renoncer explicitement à la violence et de reconnaître Israël et les accords de paix passés avec ce pays. Le Quartette pour la paix au Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, UE, Russie) avait également posé ces trois conditions pour examiner toute aide future au gouvernement. Réagissant à l'annonce de l'accord, la porte-parole du gouvernement israélien Miri Eisin a souligné que le nouvel exécutif palestinien d'union nationale devait "respecter" et "accepter" les conditions internationales. A Washington, le porte-parole adjoint du Département d'Etat Tom Casey a observé que les Américains attendaient de voir à quoi ressemblerait "l'accord définitif" pour "procéder à une évaluation" afin de déterminer s'il répond aux exigences internationales. L'Union européenne se montrait pour sa part "positivement prudente" hier. "Nous allons examiner tous les détails de cet accord d'une manière prudente", a expliqué Cristina Gallach, porte-parole de Javier Solana, le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). En France, le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a salué "un pas dans la bonne direction vers la pleine adhésion aux demandes de la communauté internationale". Le porte-parole du Quai d'Orsay, Jean-Baptiste Mattéi, a estimé qu'il fallait "tout faire pour ne pas décourager les Palestiniens" et a lancé à leur intention : "Si vous faites encore quelques pas, la communauté (internationale) sera prête à revoir sa politique en matière de coopération". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a également exprimé sa satisfaction, "espérant" que l'accord "crée un meilleur avenir pour le peuple palestinien". L'Arabie saoudite -qui a mis tout son poids dans la balance- a promis un milliard de dollars d'aide aux Palestiniens, d'après un conseiller politique d'Ismaïl Haniyeh. A Gaza, l'annonce de l'accord, alors que les Territoires se trouvaient au bord de la guerre civile, a été célébrée pendant plus d'une heure par des tirs en l'air. Mais la joie le partage à la douleur d'avoir vu les affrontements interpalestiniens faire plus de 130 morts depuis mai, dont au moins 30 dans les quatre jours précédant la trêve décrétée dimanche soir. "Nous avons laissé derrière nous pour toujours tous ces jours sombres et entamé un nouveau chapitre, avec un nouveau gouvernement et une nouvelle voie en Palestine", s'est félicité hier le président Abbas. Le chef politique du Hamas en exil Khaled Mechaal a juré que le règlement mettrait fin aux violences.