Le Temps-Agences - Après avoir courtisé l'aile conservatrice de son parti pendant la campagne pour l'investiture présidentielle, John McCain va tenter de redorer son image de réformateur lors de la convention républicaine, qui s'ouvre aujourd'hui à Saint Paul dans le Minnesota (nord). Objectif: prendre ses distances avec le titulaire du poste, l'impopulaire George W. Bush. Lors des primaires de 2000, le sénateur de l'Arizona avait été battu par l'actuel président américain, mais en était ressorti comme l'une des personnalités les plus populaires du pays, n'hésitant pas à contester son parti. Mais la dernière campagne, et notamment son soutien à la position de Bush sur l'Irak et son opération séduction à l'égard des conservateurs, ont dilué cette image. McCain a déjà surpris le microcosme politique cette semaine en choisissant la peu connue Sarah Palin, gouverneure de l'Alaska, comme colistière, estimant qu'elle était "la mieux à même de (l)'aider à secouer" l'establishment politique à Washington. C'est "exactement la personne dont le pays a besoin pour nous aider à combattre la vieille politique à Washington du 'moi d'abord et le pays ensuite'". Le candidat républicain, prisonnier de guerre pendant près de six ans au Vietnam, va également tenter de convaincre les électeurs qu'il place le pays au-dessus de ses ambitions personnelles. Selon les stratèges du Parti de l'éléphant, il va surtout suggérer que son adversaire démocrate, Barack Obama, fait l'inverse. Il entend également bénéficier de la méfiance que pourraient éprouver certains électeurs à l'égard de l'inexpérience du sénateur démocrate ou encore la couleur de sa peau. Mais son calendrier à Saint Paul pourrait être compliqué par la nature... L'ouragan Gustav se trouve actuellement dans le Golfe du Mexique et pourrait ensuite faire route vers les côtes américaines, trois ans après le passage dévastateur de Katrina et sa gestion calamiteuse par le gouvernement. Le président Bush avait alors été très critiqué pour la lenteur des opérations de secours. Dans un entretien accordé à la chaîne Fox News, John McCain a souligné qu'il ne serait pas convenable de fêter la convention républicaine quand une tragédie est proche sous la forme d'une catastrophe naturelle. "Nous suivons cela jour après jour et je dis quelques prières aussi", a déclaré le candidat républicain. Alors que la course s'annonce serrée entre MM. McCain et Obama, deux mois avant la présidentielle, la convention de Saint Paul est la meilleure, si ce n'est la dernière, chance du candidat républicain de présenter son parti comme celui de la réforme. D'autant plus que le contexte politique est fait sur mesure pour les démocrates après huit années de présidence Bush. John McCain aura la lourde tâche de convaincre la population de permettre au parti en place de conserver la Maison Blanche, malgré une guerre impopulaire en Irak et une économie en berne. Dès le lancement de la campagne, les démocrates ont revêtu l'habit du changement, répétant inlassablement que McCain et Bush, c'était du pareil au même. Les sondages montrent que leur attitude a été efficace : plus de la moitié de la population considère que le candidat républicain poursuivrait la politique de l'actuel président. Peu importe que John McCain ait régulièrement tourné le dos à son parti sur de nombreux sujets, comme le changement climatique ou la recherche sur les cellules souches. Il est vrai que le candidat lui-même a retourné sa veste en approuvant les baisses d'impôts proposées par Bush après avoir voté deux fois contre. Dans son discours jeudi soir, Barack Obama a estimé que les chiffres étaient "clairs". "John McCain a voté avec George Bush 90% du temps. Le sénateur McCain aime bien parler de jugement, mais vraiment, ça dit quoi de votre jugement quand vous pensez que George Bush avait raison dans plus de 90% des cas?". Tous les moyens seront donc bons pendant la convention républicaine pour contrebalancer cette vision. Ainsi, des représentants atypiques du parti sont attendus, comme l'ancien maire de New York Rudy Giuliani ou le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger. Quant à George W. Bush et son vice-président Dick Cheney, leurs apparitions seront limitées à la première soirée