« Je suis un très fidèle lecteur de votre journal que je considère indispensable dans un environnement où le débat est presque inexistant. Je désire m'exprimer sur un sujet qui me tient à cœur : l'identité et la culture tunisienne. Je pense que nos médias ainsi que la société civile et nos institutions éducatives ne font presque rien pour combattre la haine et l'agressivité envers « l'autre » et surtout envers l'occident. L'approche manichéenne du « nous » contre « eux » me paraît très dangereuse. Je fais partie de cette minorité qui se définit comme « citoyens du monde » et je rejette toute forme de racisme et de haine. Je pense que la Tunisie a toujours été un pays unique et exceptionnel qui a sa propre culture qui n'a rien à voir avec la culture arabe, et ceci pour plusieurs raisons historiques et socioculturelles : -les Arabes qui sont arrivés ici au 8e siècle n'étaient que des envahisseurs parmi d'autres. Avant eux il y avait les Phéniciens, les Romains, les Vandales et les Byzantins et après les Arabes on a reçu les Espagnols, les Turcs, les Français ainsi que les immigrés Italiens. Toutes ces races et ces cultures se sont mélangées à celles des berbères pour nous offrir la riche et complexe culture tunisienne d'aujourd'hui. D'ailleurs le Tunisien moderne parle plutôt le tunisien qui est un mélange d'Arabe, de Berbère, de Turc, d'Espagnol, d'Italien, et de Français plutôt que l'Arabe. -Avec la naissance de la Tunisie moderne en 1957, l'élite politique, sous le leadership du grand et unique Bourguiba, a insisté sur la « tunisienneté » du pays et a clairement rejeté « l'arabisation » du pays. -Etant un pays touristique depuis les années 1960, notre culture a ouvert ses bras à la culture de nos visiteurs pour gagner en ouverture et en richesse. Malheureusement depuis la prolifération des chaînes satellitaires, on n'arrête plus cette vague d'arabisation du pays. Ici j'ai deux observations très sérieuses : La culture dite arabe est plutôt, au moins de nos jours, une culture de haine de l'autre, d'hypocrisie, de chaos, de corruption, de frustration, de paresse, de désordre, d'extrême religiosité... (Personnellement je regrette la période où la majorité des jeunes et moins jeunes regardait France 2 et Rai 1 ce qui nous exposait à une culture de débat démocratique et à un monde de vrai civisme). On n'arrête pas de critiquer les jeunes d'aujourd'hui, mais le comportement de nos enfants (violence verbale, impolitesse, manque de civisme, abus, paresse, frustration, immaturité, manque de valeurs morales, manque de patriotisme et de fierté...) ne sont que le produit naturel des différentes composantes de notre société (famille, école, médias, société civile). Alors sauvons notre identité et notre culture avant que ce ne soit trop tard. Apprenons à nos enfants les vraies valeurs universelles de tolérance, d'amour de travail, de civisme, de patriotisme, d'ouverture, de respect... » Fadi Ayech Tunisien, citoyen du monde