Le faisan commun est un gibier rare en Tunisie. Or la faible représentation de l'espèce à l'état sauvage ne devait pas faire oublier ses excellentes capacités d'adaptation. Actuellement, la plupart des obstacles techniques liés à son implantation sont levés et, seuls, des problèmes de choix cynégétiques empêchent ou freinent sa plus grande diffusion à l'état sauvage. Dans l'avenir, l'espèce pourra s'installer de manière durable sur nos sites agricoles. C'est le cas de la faisanderie de Henchir Kort à 12kms de Nabeul. Parsemant des paysages lumineux et accidentés, le village verdoyant confère à la région une forte personnalité. Douceur du climat et transparence de l'air exaltent les étonnants contrastes d'une nature riche et multiple. Les pistes et les petites routes pittoresques sont peu fréquentées. Nul besoin de carte : à chaque carrefour, des jeunes paysans vous indiquent la route à suivre. Là M.Tarak Hadrouk éleveur et passionné par la nature et les animaux depuis toujours, nous reçoit dans sa faisanderie étendue sur un hectare et demi. Sa spécialité c'est l'élevage du faisan commun. " Depuis longtemps, je pense à monter ce projet. Le 22 avril, la faisanderie a démarré après des travaux de terrassement. J'ai opté pour l'élevage du faisan commun qui se différencie des autres espèces de faisans. Le mâle, ou coq, très coloré, a la tête d'un beau vert vif aux reflets métalliques, les joues, privées de plumes, sont rouges, le ventre est fauve à roux, le dos est marron. Il mesure 75 à 90 cm de long, pour un poids moyen de 1 400 g. La femelle, de taille plus réduite (1 100 g), présente un plumage terne d'aspect brun à beige.La femelle, beaucoup plus terne, est de couleur grise tachetée de noir. L'un et l'autre arborent une longue queue striée de noir, plus courte chez la femelle. Les poussins importés de France s'alimentent essentiellement d'insectes et de larves. Les jeunes et les adultes mangent des graines, du maïs, du sorgho, des jeunes pousses et à l'occasion quelques vers. Plutôt sédentaire, le faisan peut néanmoins effectuer quotidiennement des déplacements de un kilomètre ou plus, pour satisfaire l'ensemble de ses besoins. Le faisan a d'importantes facultés d'adaptation comme le démontre la grande diversité des milieux qu'il occupe. Ici, nous sommes à deux mille faisans. Ces effectifs peuvent doubler, voire tripler entre avril et août. Cependant la facilité de l'élevage du faisan commun incite nombre de chasseurs à pratiquer des lâchés en période de chasse, ce qui contribue à altérer son image d'oiseau sauvage. Si de nombreux terrains conviennent déjà à l'espèce, des aménagements sont parfois nécessaires à son maintien à un niveau satisfaisant : exploitation régulière des taillis, mélange des peuplements forestiers, création de parcelles cultivées, agrainage. La reconstitution de populations est alors envisageable à partir de repeuplements massifs accompagnés d'une gestion cynégétique rigoureuse ".
Exigences techniques Il est vrai que l'élevage des faisans communs nécessite beaucoup d'investissements " Cet élevage en parcours, ajoute M.Hadrouk, coûte cher par rapport à celui d'autres volailles, et producteurs et consommateurs doivent se rendre compte qu'il ne s'agit pas simplement d'un "type différent de poulet". À condition d'adopter une bonne conduite de l'élevage, les producteurs peuvent améliorer de nombreux facteurs comme le taux de ponte, le taux d'éclosion et le taux de mortalité. Si l'on veut conserver au gibier à plume son goût distinctif, il n'est pas possible de réduire les coûts de production en élevant les sujets dans des poulaillers et en ne leur donnant que des aliments granulés. La transformation du gibier à plume exige une manutention et un équipement différents de ceux utilisés pour les autres volailles et coûtera toujours plus cher que celle d'autres volailles. Les coûts élevés ne sont pas nécessairement un obstacle à la croissance mais il faudra bien commercialiser ce gibier qui commence à avoir ses adeptes en Tunisie. Actuellement, le prix d'un faisan oscille entre 15 et 17 dinars. Il est de plus en plus prisé par les hôtels, les restaurants et les grandes surfaces. Des pourparlers sont très avancés pour l'exporter sur le marché libyen. Mais mon souhait conclut M.Hadrouk, c'est d'organiser des lâchers, reconstituer des populations sauvages et développer la chasse de ce gibier sur 400 à 500 hectares. Devant soi, de préférence avec un bon chien d'arrêt ou en battue. La battue de "tirés" constitue la façon la plus traditionnelle de le chasser, avec la chasse au vol. La nouvelle loi de la chasse encourage ce genre d'activités surtout que les parcours ne manquent pas dans le Cap Bon "