Le monde entier vibre avec une intensité incroyable depuis le 15 septembre au rythme de la crise financière. Aux Etats-Unis, tout le gotha a mis la main à la pâte pour créer le plan de sauvetage Paulson. En Europe, devenue pour la circonstance une Europe unie, très même, on a assisté à des réunions sans relâche de G (G4, G15, G27) au risque de déformer la géométrie du vieux Continent. Des milliards et des milliards de dollars et d'euros ont été injectés en un temps record pour tenter d'enrayer la crise, sauver les banques, éviter la récession, rétablir la confiance. Cette prise de conscience universelle a éclipsé la journée internationale de l'alimentation non célébrée hier et de surcroît cet autre fléau non moins dévastateur : la faim. Il ne s'agit pas d'être alarmiste comme Jean Ziegler, ex-rapporteur de l'ONU pour l'alimentation, qui affirme qu'un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné. Mais ce chiffre alarmant donne une idée de l'acuité de la question : 900 millions de personnes sont victimes de la faim et de la malnutrition. En moins d'un mois, tous les riches de la planète ont trouvé ces sommes faramineuses pour juguler la crise financière. Ces mêmes riches n'ont pas trouvé depuis 2000 les 82 millions de dollars par an pendant 5 ans pour aider à combattre la famine. Ce n'est pas leur combat. Devant ce triste constat, il faut résister et continuer d'attirer l'attention sur ce danger afin qu'il ne rentre pas dans la sphère de l'oubli. Quand on sait que l'insécurité alimentaire va toucher 1,2 milliard de personnes d'ici 2015, on ne peut passer sous silence ce tsunami qui pointe essentiellement à l'horizon de l'Afrique, le Continent qui saigne le plus. Il est regrettable de constater que la FAO, créée en 1945 pour lutter contre la faim accusée d'être un mammouth à dégraisser, a perdu de sa crédibilité. Il est regrettable de constater que cette agence est devenue un corps sans idées et sans ressort, incapable de rebondir. Il est regrettable de constater la célérité avec laquelle on règle certains problèmes et la nonchalance avec laquelle on règle les problèmes des plus démunis. Cette célébration de la journée mondiale de l'alimentation est une occasion pour aiguiser les bonnes consciences et donner un nouveau souffle aux humanitaires de tout bord. Aujourd'hui les crises se succèdent, se suivent et ne se ressemblent peut-être pas car il y a priorité et urgence, la situation s'aggrave davantage et le temps presse, il faut agir vite pour que ce ne soit pas le début de la "faim". N'a-t-on pas dit que "la faim" justifie les moyens !