Québec-TAP - Le Président Zine El Abidine Ben Ali s'est adressé au Sommet de la Francophonie, réuni au Québec, du 17 au 19 octobre 2008, par un discours dont lecture a été donnée, hier, par M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre. Voici le texte intégral de ce discours : "Madame la gouverneure générale, Excellences, Messieurs les Chefs d'Etat et de gouvernement, Monsieur le Secrétaire Général de l'Organisation Internationale de la Francophonie, Mesdames et Messieurs, Je voudrais, d'abord, remercier les autorités canadiennes et québécoises amies pour l'accueil chaleureux qui a été réservé à la délégation tunisienne et pour les efforts déployés en vue d'assurer le bon déroulement de nos assises auxquelles nous souhaitons plein succès. Il me plaît également d'exprimer notre reconnaissance à son Excellence, Monsieur Traian Basescu, Président de la République de Roumanie, pour son appréciable contribution, tout au long de son mandat de Président du XIe Sommet, au rayonnement de notre Organisation dans le monde et à la promotion de nos valeurs communes. Il m'est tout aussi agréable de rendre hommage à son Excellence, Monsieur Abdou Diouf, Secrétaire Général de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) pour les efforts qu'il ne cesse de mener en vue du renforcement du rôle et de la place de notre Organisation sur la scène internationale. Notre conférence revêt une importance particulière car elle se tient à un moment où la communauté internationale se trouve confrontée à de nombreux problèmes épineux. C'est donc l'occasion pour nous de nous concerter sur les meilleurs moyens de faire face aux multiples défis qui se posent avec acuité à nos différents pays et que nous sommes appelés à relever dans l'esprit de dialogue et de solidarité qui a toujours prévalu au sein de l'espace francophone, creuset de cultures riches par leur diversité et vecteur de connaissances, de savoir et de progrès. Excellences, Mesdames et Messieurs,
Garantir la pérennité de notre patrimoine commun Dans un monde où le phénomène de mondialisation a tendance à sacrifier la diversité culturelle et linguistique au nom du pragmatisme et de l'efficacité, notre Organisation est vivement invitée à démontrer, à travers la promotion d'un partenariat fructueux entre ses diverses composantes culturelles, sa capacité à s'adapter à cette nouvelle donne sur la scène internationale, et aux progrès scientifiques et technologiques qui marquent notre temps. Les thèmes retenus pour ce Sommet répondent ainsi à cette préoccupation commune et portent sur autant de domaines prioritaires auxquels nous devrions accorder une attention particulière en vue d'assurer la stabilité de nos sociétés et la prospérité de nos nations, et de garantir la pérennité de notre patrimoine commun, fondé sur l'esprit de dialogue et les valeurs de tolérance, d'ouverture et de solidarité auxquels nous sommes profondément attachés. Le renforcement de la coopération dans le domaine de l'éducation au sein de la Francophonie représente, à cet égard, un enjeu considérable pour nos pays qui bénéficient en cela de l'usage de la langue française, outil d'échanges et de partage des connaissances et du savoir. Il va sans dire que l'accès de tous à un enseignement de qualité constitue un droit fondamental de la personne et par là-même une condition essentielle du développement durable et du progrès de nos sociétés. L'adaptation de ce secteur stratégique aux exigences de la qualité, aux avancées pédagogiques et aux innovations technologiques est devenue également une nécessité impérieuse pour assurer aux générations futures une formation de haut niveau. C'est dans ce contexte que s'inscrit notre initiative d'organiser en Tunisie, en juin dernier, le Symposium International sur "les TIC au service de l'Education", qui avait été favorablement accueillie par le Sommet de Bucarest. Tout en remerciant bien vivement tous ceux qui ont soutenu cette initiative, je voudrais rendre un hommage particulier à Son Excellence, Monsieur le Secrétaire Général Abdou Diouf, qui n'a ménagé aucun effort pour que ledit Symposium soit un succès éclatant. En effet, les participants, dont bon nombre de ministres responsables des secteurs de l'éducation et des TIC dans l'espace francophone, ont pu engager une réflexion approfondie sur cette question qui s'insère dans le cadre de la dynamique créée par le Sommet Mondial sur la Société de l'Information que la Tunisie a été honorée d'accueillir en novembre 2005. La richesse et la densité des travaux de ce symposium, auxquels ont pris part des délégations de cinquante Etats membres de notre Organisation, ont permis de faire le bilan de l'action francophone en la matière et d'ouvrir de nouvelles perspectives de coopération dans ce domaine. Nous sommes invités, dès lors, à faire en sorte que ses conclusions soient adoptées et intégrées dans les programmes futurs de notre Organisation, ce qui permettrait à l'espace francophone de réaliser pleinement les objectifs majeurs inhérents à l'émergence de la Société du Savoir dont l'éducation, la formation et le développement des ressources humaines constituent les fondements essentiels.
Les attributs fondamentaux de la personne humaine constituent un tout indissociable Excellences Mesdames et Messieurs, La Tunisie qui prône une approche globale et inclusive des droits de l'Homme, se félicite de l'intérêt accru que l'OIF accorde à cette approche. Nous considérons, à cet égard, que la perspective dans laquelle devrait s'inscrire notre action commune gagnerait à ne pas perdre de vue le fait que les attributs fondamentaux de la personne humaine constituent un tout indissociable, la dignité de l'Homme ne pouvant être effective sans la promotion de ses droits dans leur interdépendance et leur complémentarité. Que deviendraient, en effet, des droits politiques sans une solide assise économique, sociale et culturelle ? La jouissance de ces droits peut-elle être pleine et entière dans une société qui souffre du chômage, de la pauvreté et de l'analphabétisme ? La réponse à ces questions nous a amené à initier, tout au long des deux dernières décennies, un processus continu de réformes pour promouvoir les droits de l'Homme dans leur globalité, consacrant les droits politiques et civils, tout en œuvrant avec détermination à accorder aux droits économiques, sociaux et culturels toute l'importance qu'ils méritent. Nous avons également œuvré à réunir les conditions propices à l'extension du champ d'exercice de la liberté d'expression, en multipliant les encouragements en faveur des créateurs, des journalistes et des communicateurs, et en leur réunissant toutes les garanties à même de les aider à accomplir au mieux leur mission. Et c'est dans ce contexte que le paysage médiatique tunisien, l'un des piliers de l'édifice démocratique, a été élargi à l'initiative privée dont la présence dans ce paysage s'est considérablement affirmée au cours des dernières années. C'est également dans le souci d'intégrer toutes les franges de la population tunisienne dans un projet de société alliant modernité et authenticité, que s'inscrivent les diverses lois qui visent une plus grande égalité entre homme et femme, en ouvrant de vastes perspectives de promotion sociale devant la femme tunisienne et en lui permettant d'accroître sa participation à la vie politique du pays et de jouer le rôle qui lui revient dans les différents secteurs d'activité. Il en est de même de la protection des catégories sociales à besoins spécifiques, telles que l'enfance, les personnes âgées et les handicapés, laquelle protection occupe une place de choix dans nos programmes d'action. Nous nous félicitons, à cet égard, de l'intérêt que notre conférence porte au renforcement de notre action tendant à la consécration des droits et du bien-être de l'Enfant dans l'espace francophone. Cette approche des droits de l'Homme est de nature à instaurer un processus de démocratisation évolutif et irréversible permettant d'éviter des phénomènes de rejet ou des dérapages, sources de crises et de conflits. Dans cette optique, le rôle de notre Organisation revêt une importance cruciale, tant il est vrai que la diffusion de la culture démocratique dans nos différents pays passe par la consolidation des différents partenariats francophones, notamment en matière de développement économique et social. Et nous ne pouvons que nous réjouir, à cet égard, du fait que la communauté internationale ait pris conscience de l'étroite interdépendance entre paix, stabilité et développement, et de l'impérieuse nécessité d'agir de concert pour éradiquer les causes profondes du terrorisme et de la violence dans le monde que sont la pauvreté, l'injustice et l'exclusion. Aussi, nous paraît-il important d'agir pour que soient prises les mesures nécessaires à la mise en œuvre du Fonds Mondial de Solidarité, adopté à l'unanimité par les Nations Unies, et dont la Tunisie avait eu l'honneur de proposer la création. Excellences, Mesdames et Messieurs, Nul doute que parmi les défis majeurs qui s'imposent à nous, aujourd'hui, figurent ceux liés à l'environnement et aux changements climatiques, tant ces changements, aux conséquences néfastes, sont susceptibles d'engendrer des pertes de croissance et des retards de développement préjudiciables à tous. Plus encore, ils sont de nature à provoquer des phénomènes d'exode massif et à devenir, ainsi, une source potentielle d'instabilité politique, de par le monde. Conscients du fait que ces problèmes se posent avec acuité aux pays en développement, notamment les pays africains, nous n'avons cessé de multiplier les appels pour focaliser l'attention de la communauté internationale et celle aussi de nos partenaires du Nord sur ces défis qui interpellent particulièrement notre esprit de solidarité et notre engagement commun en faveur du co-développement et de la stabilité au sein de l'espace francophone. C'est dans ce cadre que s'inscrit notre initiative d'organiser, en novembre 2007, à Tunis, la "Conférence sur la solidarité internationale face aux changements climatiques en Afrique et en Méditerranée". Cette Conférence qui a été couronnée par l'adoption d'un plan d'action pour la solidarité internationale face aux changements climatiques en Afrique et en Méditerranée, témoigne d'une prise de conscience quant à la nécessité de conjuguer les efforts et de mobiliser toutes les énergies pour faire face à ce grand défi. Les recommandations et orientations qui ont été adoptées lors de cette Conférence pourraient nous être utiles dans l'élaboration de nos programmes futurs dans ce domaine. Madame la Gouverneure Générale, Excellences, Messieurs les Chefs d'Etat et de gouvernement, Monsieur le Secrétaire Général de l'Organisation Internationale de la Francophonie, Mesdames et Messieurs, Je voudrais, enfin, réitérer mes vifs remerciements au gouvernement et au peuple canadiens ainsi qu'au gouvernement du Québec et les féliciter chaleureusement pour l'excellente organisation de notre Sommet dont le succès témoigne de notre volonté commune de renforcer davantage l'action de la francophonie pour le progrès de nos pays et pour la paix et la concorde dans le monde. Je puis vous assurer que la Tunisie ne ménagera aucun effort, tout comme l'ensemble de ses partenaires francophones, pour que notre prestigieuse Organisation demeure fidèle à la vocation qui est la sienne d'être un espace de solidarité et de concertation, et un instrument de fructueuse coopération pour le bien-être de nos peuples.