Moncer Rouissi : L'UPM est en mesure d'apporter des réponses au chômage des diplômés du supérieur * Jean-Louis Guigou : Le rôle que doivent jouer les pays riverains en faveur des élites * Moncef Cheikh Rouhou : Sans rôle central dévoulu à l'entreprise, l'employabilité des diplômés restera approximative . C'est sur une note d'optimisme que s'est clôturée la 23éme édition des Journées de l'Entreprise, hier vendredi à Sousse, portant sur le thème de « l'UPM, approches pour un nouvel avenir ». Un optimisme légitime, mais qui attend des réponses concrètes. Cette deuxième journée, entamée par un quatrième panel, a beaucoup marqué l'assistance. Il s'agit en effet d'un sujet qui demeure au cœur de toutes les stratégies de croissance et par conséquent de celle du développement : formation, emploi et migration, défis et objectifs dans l'UPM (Union Pour la Méditerranée). Les panélistes ont fait part de leurs idées, de leurs revendications ainsi que de leurs visions pour des plans de restructuration. Ils ont essayé d'une certaine façon d'apporter une réponse aux nombreuses interrogations des intervenants concernant surtout la formation et l'emploi, deux paramètres intimement liés, et ce, dans le cadre de l'UMP. Ainsi, M. Moncer Rouissi, président du Comité d'Organisation de la Consultation Nationale sur l'Emploi en Tunisie, s'est-il prononcé sur la question d'un projet commun pour l'emploi et la formation entre les deux rives de la Méditerranée. Il affirme qu'il existe « deux problèmes principaux d'ordre national au niveau de l'emploi qu'il importe de résoudre et pourquoi pas à travers ce projet. Le premier concerne les diplômés de l'enseignement supérieur qui sont touchés à raison de 18% par le chômage, un chiffre qui malheureusement évolue en hausse ». M.Rouissi explique que l'effort massif déployé en faveur de la formation est à l'origine de cet état des lieux. Le deuxième, quant à lui, se rapporte aussi à un chiffre, celui du taux de chômage assez élevé (qui n'a pas été communiqué) leqel atteint la gent féminine. Ce type de chômage est cautionné par la promotion de la femme, qui suite à son émancipation s'intègre de plus en plus dans la sphère économique et de surcroît au travers de la formation et de l'emploi. Sur la question de l'immigration, dite de qualité, M. Jean-Louis Guigou, président de l'IPMed en France, a affirmé qu'il faut instaurer quelques idées, il s'agit essentiellement du rôle que les pays riverains doivent jouer vis-à-vis des élites. En effet, ces dernières sont aujourd'hui sollicitées pour revenir dans leur pays d'origine afin de mettre à contribution leurs compétences au service de l'économie nationale. Toutefois, le retour des élites dépend pour beaucoup, des moyens disponibles dans leurs pays d'origine et qui, justement, soulèvent une problématique puisqu'ils ne sont pas suffisants. Il faut par exemple créer des technopoles qui soient en mesure d'accueillir ces élites, mais tout en faisant attention à l'introduction de la disparité au niveau des revenus. En effet, ces centres technopoles ont pour vertu d'exploiter les richesses en matière de connaissance et de technologie et sur un autre plan de générer des écarts importants entre les couches sociales comme c'est le cas au Maroc. « L'immigration inversée » est importante et essentielle, encore faut-il mettre en place une structure favorable à sa mise en application. A ce titre, l'UPM ambitionne d'aider à garder les élites dans le Sud (pays d'origine), à condition que la présence des entreprises soit plus confirmée et plus accentuée. M. Moncef Cheikh Rouhou, professeur, HEC Paris a confirmé sa position par rapport à la question de l'employabilité en Tunisie. Une position qui privilégie le rôle prépondérant de l'acteur principal à ses yeux à savoir l'entreprise et ce pour la promotion de l'emploi. Car dit-il « le gouvernement et les autorités ont beau fournir l'effort nécessaire et engager des processus pour la promotion de l'emploi, si l'entreprise ne s'y met pas de son côté, la lutte contre le chômage ne pourra aboutir». Selon M. Cheikh Rouhou, et d'après une révélation de l'un des participants, chaque pays de l'UMA (Union du Maghreb Arabe) gagnerait 2 points de croissance et résoudrait ainsi les problèmes des nouveaux arrivants sur le marché de l'emploi. Une autre question tout aussi importante, celle de l'intégration économique. Une question qui avait été notamment soulevée par M. Mohamed Ghanouchi, Premier ministre lors de son discours d'ouverture officielle. Les pays du Sud s'interrogent sur la volonté des pays du Nord de continuer à faire de la rive Sud leur marché de prédilection. Dans ce sens l'échange n'est pas équitable et les pays européens gardent une main mise sur le marché du Sud. Le cinquième et dernier panel a porté sur la recherche et développement dans l'UPM, sources de croissance et d'intégration. Un sujet profond et qui comporte plusieurs points de débats. En substance, les panélistes ont parlé de la transformation de l'éducation comme point de départ pour l'instauration d'une structure moderne et opérationnelle pour la fonction de recherche et de développement. En outre, le développement d'un environnement favorable pour cette fonction est primordial et il doit être fait par le gouvernement. Car, il faut savoir que la fonction recherche et développement, n'est pas astreinte à des campagnes de marketing, commerciales ou promotionnelles. Un intervenant a formulé une revendication à ce niveau : l'institution de la déduction d'impôt des sommes réservées à la recherche et le développement. Une démarche qui permettrait en effet aux entreprises de s'ouvrir plus à la création et à l'innovation et de créer elles-mêmes leurs technologies et pourquoi pas les exporter. Il est clair, que pour chaque sujet abordé dans les cinq panels, la volonté politique mais surtout économique constitue le maillon central de tous les mécanismes de partenariat. Selon les intervenants, si cette volonté se concrétise, l'UPM pourra croire en ses chances de réussite et atteindre ainsi les objectifs prédéterminés. Nadya B'CHIR LOUATI.
(Dans notre supplément Economia une large couverture comprenant des analyses, des interviews et les enseignements de ces Journées)