Le ministre de la Justice et des Droits de l'Homme : « La protection et la promotion des droits de l'Homme est une action de tous les jours » * M.Abdelfattah Amor : « Ils ne sont pas l'apanage d'un pays et ne sont guère exclusifs » Le sujet d'apparence global et vaste retient particulièrement l'attention en ce que la notion de droits de l'Homme est, aujourd'hui, différemment interprétée de par le monde. Un panel de chercheurs, d'universitaires, de juristes, dont M. Brahima Fal, ex-Secrétaire général-adjoint aux Nations-Unies et M. Miguel Martinez, membre de la Commission consultative du Conseil des droits de l'Homme, a débattu de cette épineuse question et les difficultés à traduire les droits de l'Homme dans les faits. La question fondamentale aura tourné autour de l'adéquation entre universalité des droits de l'Homme et respect des spécificités culturelles des peuples. A cet effet, M. Béchir Tekkari, ministre de la Justice et des droits de l'Homme, a souligné que l'attachement de la Tunisie aux principes immuables et universels des droits de l'Homme est un choix stratégique majeur. Il a ajouté que la protection et la promotion des droits de l'Homme est une action de tous les jours, mettant l'accent sur l'attention particulière accordée par le Président de la République aux droits humains en tant que fondement essentiel du projet de société de la Tunisie du Changement. Il a fait remarquer que les hommages rendus à la Tunisie par la communauté internationale sont un stimulant pour redoubler d'efforts dans un domaine où nul ne peut prétendre à la perfection ou à s'ériger en donneur de leçons. Présidant, jeudi matin, l'ouverture d'une conférence internationale sur ''le système onusien des droits de l'Homme, 60 ans après la déclaration universelle des droits de l'Homme'', M. Béchir Tekkari, a transmis aux participants à cette conférence les salutations du Président Zine El Abidine Ben Ali, qui a accepté de placer cette rencontre sous son haut patronage. Il a indiqué que la Tunisie a veillé, depuis l'avènement du Changement, à célébrer l'anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme, en concrétisation des orientations et constantes nationales dans ce domaine et de l'attachement de la Tunisie à préserver la dignité et la liberté de l'être humain, où qu'il se trouve. Le ministre a fait remarquer que l'engagement de la Tunisie en faveur des droits humains a démarré avec la déclaration du 7 novembre 1987. Cet engagement, a-t-il précisé, s'est d'abord illustré par un ensemble de législations visant à renforcer les droits de l'Homme et les libertés. Le processus, a-t-il ajouté, s'est ensuite accéléré avec la promulgation de textes législatifs et juridiques dans l'objectif de promouvoir et de protéger ces droits, dans toutes leurs dimensions, jusqu'à la réforme fondamentale de la constitution de juin 2002 qui a élevé les droits humains en principes constitutionnels. M. Béchir Tekkari a indiqué que cette approche procède de l'acception globale des droits de l'Homme adoptée, depuis la fin des années 80 et le début des années 90, par la Tunisie qui considère ces droits comme un tout indivisible, sans ordre de préséance entre droits civils et politiques, droits économiques, droits sociaux et droits culturels. Après avoir passé en revue la démarche graduelle et progressive suivie par la Tunisie en matière de consécration des droits de l'Homme, à travers la promulgation de législations et la mise en place des mécanismes nécessaires à cet effet, dans une interaction positive avec le système onusien dans ce domaine, le ministre a souligné que la Tunisie a opté avec une profonde conviction en faveur de la ratification des conventions internationales pertinentes, dans le cadre de la coopération avec les différents mécanismes onusiens et régionaux relatifs aux droits humains. La Tunisie, a-t-il ajouté, a le double mérite d'avoir été parmi les pays fondateurs du conseil des droits de l'Homme de l'ONU et de figurer parmi les premiers pays à avoir réalisé une évaluation périodique universelle (EPU) devant ce conseil, les 8 avril et 9 juin 2008, dans le cadre de ce nouveau mécanisme institué par le conseil, en concrétisation de la mutation de qualité accomplie à l'échelle mondiale en matière d'évaluation des droits humains dans leur dimension concrète et effective.
M.Abdelfattah Amor : « Les ambivalences et l'universalité »
Pour sa part, M. Abdelfattah Amor, maître de conférence et membre de la Commission internationale des droits de l'Homme a fait remarquer que les droits de l'Homme, dans leurs spécificités diverses inhérentes aux traditions, à leurs interprétations culturelles et religieuses, variantes et ambivalentes selon les peuples, hypothèquent leur cheminement vers une cohérence globaliste et vers leur universalité. Abdelfattah Amor, a tenu à raffermir l'unicité des droits de l'Homme, affirmant que les clivages religieux ethniques ou culturels ne peuvent en toucher le fondement ni les valeurs originelles. Avec le fin d'un monde binaire, après la chute de l'Empire Soviétique et la révolution technologique une nouvelle donne a émergé surtout dans les liens entre les peuples grâce aux boulevards de l'information et la libre circulation des biens et des personnes. Il y a dès lors un foisonnement de cultures qui cohabitent ou qui s'affrontent à la faveur de la politique américaine vis-à-vis de l'Islam. Autant à un village planétaire nous assistons aussi à un repli identitaire et à la résurgence des nationalismes. C'est, dès lors, la montée de l'intolérance. L'enjeu, selon le conférencier, consiste à trouver une harmonie entre l'universalité des valeurs des droits de l'Homme et la résurgence des spécificités, génératrices d'affrontement entre les cultures. Mais au final, les Droits de l'Homme, affirme M. Abdelfattah Amor ne sont pas l'apanage d'un pays précis et ne sont guère exclusifs. D'autres interventions ont mis en exergue les options tunisiennes en rapport aux diverses connotations que connaissent les droits de l'Homme.