Le Temps-Agences - Une cinquantaine de manifestants ont défilé hier devant l'ambassade des Etats-Unis à Ankara, réclamant la libération du journaliste irakien détenu pour avoir lancé ses chaussures à la tête du président George W. Bush la semaine dernière à Bagdad. Les manifestants brandissaient des chaussures au bout de piques, et ont déposé une gerbe noire avec une empreinte de chaussure devant la porte de l'ambassade, en signe de soutien avec Muntadhar al-Zeidi. "Adieu, Bush le chien", pouvait-on lire sur les fleurs. Au cours d'une conférence de presse dimanche en Irak, le jeune journaliste avait également insulté le président américain, le traitant notamment de "chien". Cette manifestation, la deuxième de la semaine en Turquie, coïncide avec la visite de Tariq al-Hashemi, l'un des deux vice-présidents irakiens. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki y est lui attendu mercredi. « La meilleure manifestation de représailles » Par ailleurs, le chef de la diplomatie malaisienne a salué le journaliste irakien estimant que son geste était "la meilleure manifestation de représailles" faisant suite à l'invasion américaine de l'Irak. Ce jet de chaussures est, "à mon avis, la meilleure arme de destruction massive" qui ait visé le dirigeant qui "a inventé la phrase 'l'axe du mal'" pour désigner l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord, a déclaré Rais Yatim lors d'un discours prononcé vendredi soir au cours d'un dîner destiné à commémorer le 63e anniversaire des Nations unies. Mountadhar al-Zeidi, correspondant de la chaîne irakienne Al-Bagdhadia, basée au Caire, a jeté ses chaussures l'une après l'autre en direction du président, qui les a esquivées, dimanche lors d'une conférence de presse à Bagdad. Le journaliste a été frappé et présente des contusions au visage et autour des yeux, a précisé vendredi le juge d'instruction irakien en charge de l'affaire. Devenu un héros en Irak et dans le monde arabe, le journaliste a été arrêté. Il pourrait faire l'objet de poursuites pour injures à un chef d'Etat étranger, délit passible de deux ans d'emprisonnement. La Malaisie, à majorité musulmane, s'oppose à la guerre en Irak mais soutient Washington dans sa lutte contre le terrorisme.