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Les femmes en paient les frais
Montée de l'incivilité
Publié dans Le Temps le 31 - 12 - 2008

La femme tunisienne jouit actuellement de tous les droits civiques qu'elle a acquis progressivement à travers les années. Le Statut Personnel, remis à jour maintes fois
n'a cessé d'améliorer la situation de la femme tunisienne dans la famille comme au travail en lui accordant davantage de droits sociaux économiques et politiques, pour la mettre sur un pied d'égalité avec l'homme en faisant d'elle un modèle d'émancipation et de liberté dans le monde arabe. Cependant, cette égalité, juridiquement assurée, demeure soit mal assimilée chez certains hommes soit mal interprétée chez d'autres. La femme tunisienne souffre encore de certains comportements déraisonnables et malveillants de la part des hommes. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, certaines femmes tolèrent souvent certains gestes inciviles et peut-être humiliants provenant des hommes, comme si l'égalité entre les sexes ne signifiait rien à leurs yeux, trouvant normal d'être traitée d'une manière grotesque et impolie de la part de la gent masculine. A quoi donc peut servir l'égalité si elle n'est pas traduite dans la vie quotidienne par des gestes, des actes et des paroles ? Malheureusement, la courtoisie, la complaisance et la galanterie ne sont pas d'usage chez les hommes de chez nous dans leurs rapports avec les femmes ; pourtant ces qualités ne coûtent rien à l'homme et sont d'un grand intérêt pour les femmes qui, de par leur nature, en ont certainement besoin.

La femme tunisienne est actuellement la cible de toutes les incivilités commises par les mâles dans la rue, à l'école, au travail... Partout où elle va, elle est en proie à des comportements bizarres et souvent provocateurs de certains jeunes qui n'hésitent pas à proférer de gros mots au passage d'une fille ou d'une femme, jeune ou vieille. Dans les moyens de transport, la femme est bousculée par des jeunes musclés pour occuper un siège dans le bus, le métro ou le train et rares sont les hommes qui cèdent leur place à une femme, même enceinte. Devant et dans le lycée, les jeunes filles se sont habituées aux propos malsains, injurieux et outrageux adressés à leur égard par des camarades masculins insolents, tout comme ils le font avec d'autres camarades de même sexe. On ne peut pas entrer dans un marché sans entendre ces mots et expressions vulgaires dont usent les marchands de légumes, de fruits ou de poissons pour vanter leurs marchandises, des propos qui abondent en métaphores « sexuelles » destinées aux ménagères qui font semblant de ne pas comprendre ou de faire la sourde oreille. Au foyer, rentrée fatiguée, la plupart des femmes doivent exécuter certains travaux domestiques, souvent sans le moindre secours du mari qui, à ce moment, se trouve au café ou devant la télé sans jamais penser à un petit remerciement poli ou un petit compliment sincère adressé à ces femmes en signe de reconnaissance. Que de femmes se voient passer leur anniversaire inaperçu, parce que « Monsieur » n'y a pas pensé ou l'a tout simplement négligé, sinon oublié ! Or, ces gestes galants comptent beaucoup pour une femme qui préfère toujours qu'on la traite en fonction de sa féminité avant toute chose.


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