Evaluer n'est pas chose facile. C'est une mission très délicate et sensible pour les élèves, mais aussi pour leurs enseignants et les parents. Les notes constituent-elles une mesure fiable des compétences et de la valeur des élèves ? Reflètent-elles le niveau réel de nos élèves. Les enseignants savent-ils noter ? Pourquoi les élèves contestent-ils la note de leur prof ? Faut-il abolir la note ? Chaque enseignant a sa façon de noter. Pour un prof, sa note est toujours sacrée. Pourtant la contestation des élèves à chaque remise des devoirs se multiplie et devient monnaie courante. « J'ai été saqué ! », « Le prof s'est trompé », « Je mérite pas cette note » « Je suis lésée » « C'est décourageant ! » « Avec Mme X, j'aurais eu une meilleure note »...La correction est-elle équitable ? Les avis sont partagés. Pour un enseignant, sa note est sacrée. Lorsque l'on pose la question de l'exactitude et de la justesse de la notation à plusieurs enseignants, on est surpris par les réponses. En arabe ou en philosophie, on estime que seulement un élève sur six pense qu'il aurait la même note si sa copie était corrigée par un autre professeur. Presque 50 % pensent que leur note serait différente. Pour les matières scientifiques, on constate que deux tiers des enseignants pensent attribuer la même note et un autre tiers une note différente. Il est vrai comme nous souligne Sahbi prof de maths le barème influe beaucoup sur l'évaluation de nos élèves. Lorsqu'on applique le même barème, on aura certes des notes qui se rapprochent. Il n' y a pas de grand écart. Par contre, l'absence d'un barème explicite peut influer sur la note de l'élève. Beaucoup d'élèves sont donc peu convaincus de la fiabilité des notes, surtout dans les disciplines littéraires. La différence entre un 10 et un 12 est parfois difficile en arabe ou en philo à établir mais lorsque la différence dépasse 5 à 6 points, cela peut causer tort à l'élève. » Neila estime que « la correction est parfois non équitable. Elle lèse l'élève qui a travaillé et qui a fourni beaucoup d'efforts. Si l'élève est mal évalué, il est bloqué et ne peut pas avancer. Il arrive que certains enseignants cataloguent leurs élèves. Un élève qui a 7 en philosophie ne peut espérer s'améliorer malgré son effort puisque son prof, une fois en contact avec sa copie lui inflige toujours la même note. C'est devenu un réflexe pour l'enseignant et là certains enseignants devront réviser leur système de correction car cette méthode archaïque est dépassée. Un 19 en arabe ou en philo pourquoi pas ? On a même donné au bac une 20 en philo, des 18 en arabe, des 19 en histoire géo. » Jamel ajoute que les correcteurs sont nombreux. Chacun se différencie de l'autre. Il y a les sévères, les méticuleux, les injustes les bons et les mauvais. C'est pourquoi, on exige au bac la double correction notamment dans les matières à fort coefficient comme la philosophie ou l'arabe. » Plusieurs facteurs influent certes sur le correcteur notamment son état psychologique, l'ordre de correction des copies et le niveau de la classe. Amna prof d'histoire-géo nous explique que « Les copies placées dans le premier tiers d'un paquet sont notées de façon plus indulgente que les suivantes. La notation d'une copie est également liée au niveau de la copie précédente. Si le correcteur vient de corriger une excellente copie, par contraste, il notera plus sévèrement la suivante. Et inversement. La situation sociale de l'élève pourra modifier la notation des profs. La relation prof-élève pourra entraîner une surnotation de l'élève qui fait par exemple des cours particuliers chez son prof. Il existe bien un effet positif de l'attractivité du visage sur la notation de la copie. La beauté physique, le comportement de l'élève, son assiduité, influent parfois sur le correcteur.
Pour un bon usage de la note La note est sacrée. Nos élèves travaillent pour être bien évalués. Ces notes récompensent leurs efforts. C'est pourquoi, tous les enseignants doivent faire un bon usage c'est-à-dire sanctionner les mauvais élèves et récompenser les bons. La note à ce qui la mérite. Il faut des perdants et des gagnants. La correction ne doit pas léser les élèves qui ont des comptes à présenter à leurs parents et comme le montre le psychiatre Patrice Huerre « Les notes occupent de fait dans les relations parents-enfants une place de plus en plus importante. Dans une société de comptables qui vise à tout «objectiver», explique-t-il, une société de performance où on voudrait dès la maternelle que l'enfant soit évalué, le risque existe de réduire l'enfant à ses notes. » Il est vrai que la pression pèse sur le dos de nos enfants. Une mauvaise note est toujours mal vue par les parents. Elle crée des problèmes pour le père ou la mère qui vite essaie de contacter le prof pour voir le remède comme quoi l'enseignant va leur proposer une solution miracle à leur enfant. Les notes créent toujours une pression sur la famille. C'est pourquoi on les a bannies dans certains pays. Les notes sont remplacées par des lettres. En Finlande, dont le système éducatif est reconnu excellent pour tous, il n'y a pas de note avant l'âge de douze ans. En Belgique, dès les années 70, certains établissements ont supprimé les notes, pour les remplacer par des lettres. On ne peut supprimer les notes mais faut-il revoir le système d'évaluation dans nos écoles en organisant des réunions de concertation entre les profs et des séminaires de formation pour nos enseignants car qu'on veuille ou non, la note permet rarement de distinguer les compétences de l'élève ou d'identifier ses difficultés. Parfois elle lèse un élève mal évalué et freine son épanouissement pédagogique. La note doit être juste et équitable.