Tunis-Le Temps- Les faits en l'occurrence, ne peuvent être rapportés de trente-six mille façons, car ce meurtre abominable et cruel a été commis au vu et au su des proches ainsi que des voisins de la victime, ameutés par les cris que poussa ce fils , après avoir été assommé, comme on abat une bête de somme, par une série de coups de couperet à la tête. Lorsque sa mère accourut, elle fut étonnée de constater de prime abord que l'auteur de cet acte n'était que son mari, soit le père du jeune homme. Celui-ci gémissait de douleur le sang giclant de sa tête, alors que se tenait à côté de lui le père hébété, le regard hagard et tragique, le couperet encore ensanglanté, à la main. Le fils encore conscient, et avant d'être transporté à l'hôpital, supplia sa mère ainsi que les voisins qui vinrent à son secours de ne pas révéler aux agents de l'ordre que l'auteur des faits était son père. Il succomba à ses blessures, malgré l'effort prodigué par l'équipe médicale, pour le se courir. Hélas il mourut des suites d'une fracture du crâne, doublée d'une hémorragie cérébrale. Le père se livra lui-même aux agents de la brigade criminelle en déclarant de prime abord qu'il était bien le meurtrier de son fils, celui-ci ne cessant de le maltraiter et lui manquait de respect. Le jour des faits, il s'était disputé avec lui une fois de plus. Le fils alla par la suite dans sa chambre pour se reposer. Cela faisait plus d'un quart d'heure, que son père tournait en rond. Il se sentit vexé par le comportement de son fils à son égard. Il était excédé, outré, et voulait bien donner une bonne correction à ce fils inconscient de la situation dans laquelle il vivait et du rythme de vie qu'il menait. Brusquement il fut comme habité par l'on ne sait quel démon, qui l'incita à donner à ce fils irrespectueux à son égard, la leçon de sa vie. Il jeta un dernier coup d'œil dans la chambre de son fils et constata que celui-ci était au stade du sommeil paradoxal, profond et récupérateur. Il profita de la situation où son fils était dans un état de semi-inconscience pour commettre son acte atroce et cruel. Il alla chercher le couperet à la cuisine, et d'un geste ferme et rapide il porta une série de coups à la tête du dormeur qui se réveilla avec des cris de douleurs. Ce fut la première version racontée par le malheureux père, lors de sa déposition à la brigade criminelle. Il fut bien évidemment inculpé d'homicide volontaire, avec préméditation. Il réitéra ces mêmes déclarations devant le juge d'instruction, et la chambre criminelle confirma dans son arrêt, l'inculpation dont il fit l'objet par le magistrat instructeur. Le dossier fut ainsi transmis à la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, devant laquelle comparut dernièrement l'accusé. Cependant il paraissait troublé, ne réalisant même pas ce qui se passait autour de lui, et ne saisissant pas les questions du tribunal. Il ne cessait de répéter qu'il était innocent, ne pouvant commettre un tel acte à l'égard de son fils. D'ailleurs il eut ce même comportement lors de la reconstitution des faits. Il était pris soudainement d'une crise d'hystérie qui le mit hors de lui. L'avocat de la défense sollicita de soumettre son client à une expertise médicale. Et ce fut pour cette raison que l'affaire a été renvoyée à une date ultérieure.