Avec le démarrage de la saison de migration des oiseaux, dès la troisième semaine de févier et qui se poursuit jusqu'à la fin mois de mars, la Tunisie se trouve bien sur le chemin de retour de certains espèces d'oiseaux migrateurs, tels que les canards, qui s'apprêtent à quitter les zones humides du Nigeria en direction de l'Europe et de l'Asie. A cet égard, plusieurs médecins et vétérinaires appellent à la vigilance et à la prise des précautions et mesures préventives nécessaires, rappelant la nécessité de renforcer la campagne de vaccination des volailles notamment dans les volaillers domestiques, même si la probabilité d'arrivée du virus de la grippe aviaire en Tunisie reste « faible », selon certaines sources du ministère de la Santé publique. En effet, après un marathon de réunions, tenues au cours de la dernière période, et ayant regroupé des médecins, des vétérinaires, des responsables au ministère de la santé, des représentants des médias et de la société civile, deux principaux arguments ont été avancés pour étayer ce constat. Tout d'abord, le virus apparu en Afrique est dû à des échanges commerciaux et non à la migration des oiseaux. Pour preuve, ils citent le cas du Nigeria, l'un des pays affectés par la grippe aviaire, où la contamination s'est produite après l'importation de la Chine de quantités de volailles qui s'étaient avérées par la suite touchées par le virus grippal. Deuxièmement, ils font valoir la hausse des températures au cours de la saison de migration des oiseaux qui réduit la durée de la vie du virus et rend difficile son passage médical d'un endroit à un autre. Les structures compétentes au niveau des différents ministères poursuivent le plan d'action engagé par la Tunisie pour la lutte contre la grippe aviaire. Le comité de surveillance de la grippe aviaire, veille en collaboration avec les autres parties concernées, sur l'exécution des différentes actions de la stratégie nationale mise sur pied par le ministère. Ce comité se réunit périodiquement pour l'examen de l'évolution de la situation dans le monde. « Les cas humains enregistrés jusqu'ici dans les pays touchés par l'épizootie ont été provoqués, d'après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), par le biais de la contagion volaille-homme. Mais le décès d'une femme nigérienne atteinte par le virus de la grippe aviaire H5N1 a suscité l'inquiétude au sein de la communauté sanitaire internationale. Les spécialistes croient en fait qu'il pourrait s'agir du premier cas de transmission humaine ». A cet égard, la Tunisie a, à l'instar des autres pays et conformément aux recommandations de l'OMS, constitué un stock de traitements antiviraux pour réagir à toute pandémie de grippe aviaire. Il s'agit d'un stock composé de 100 mille doses de Tamiflu. Ce dernier, rappelons-le, est le principal médicament préconisé par l'OMS pour traiter les cas humains du virus H5N1. Par ailleurs, et parallèlement avec cette mesure préventive, l'accent est toujours mis sur la surveillance des oiseaux migrateurs dans certains portent le virus H5N1 sous sa forme hautement pathologique. Quatre équipes permanentes ont été mises en place pour sillonner tout le territoire tunisien pour assurer la surveillance des mouvements des oiseaux migrateurs. Selon certains vétérinaires, les oiseaux aquatiques qui ont passé l'hiver au Nigeria et dans d'autres pays de l'Afrique subsaharienne, vont survoler la région de l'Afrique du Nord sans s'arrêter. Ils doivent atteindre la Sibérie le plus vite possible pour pourvoir nicher et se reproduire. Ayant beaucoup souffert l'année écoulée de la désaffection des consommateurs du poulet, suite à la psychose de la grippe aviaire (chute de 40% de la consommation de viande de volailles), le secteur commence depuis la fin 2006 à peine à reprendre son rythme habituel de production, grâce à la réussite des campagnes de sensibilisation menées auprès des consommateurs, lesquelles ont mobilisé 13 millions de dinars pour relancer le secteur. Le volume de production avicole varie aujourd'hui entre 7000 et 8000 tonnes de poulets de chair. Plusieurs industriels du secteur affirment que les autorités de tutelle ne les ont pas soutenus pour tirer profit de la crise de la grippe aviaire dans des pays voisins, en exportant la volaille tunisienne, qui n'a enregistré aucun cas d'épidémie. Cette filière demeure peu compétitive, par rapport, à d'autre pays comme le Brésil qui maîtrise la production des aliments de volailles.