Déjà en 1862, Victor Hugo protestait contre les injustices sociales dans son chef d'œuvre " Les Misérables ".Parmi les injustices qu'il avait énergiquement dénoncées, le mauvais traitement qu'avait réservé Mme Thénardier à Cosette. Cette jeune fille âgée à peine sept ans, fut engagée chez cette famille où elle a tant souffert. Elle est finalement, sauvée par Jean Valjean, lui-même, épris de justice mais subissant un mauvais sort, étant de famille modeste et démunie. Bien qu'il fût constamment traqué par Javert, un inspecteur de police tatillon, il persista jusqu'au bout à aider Cosette, allant jusqu'à payer les Thénardier, pour l'emmener avec lui et la libérer du carcan où elle se trouvait. A cette époque, les mauvais traitements des gens de maisons étaient partout monnaie courante. En Tunisie,notamment à l'ère du colonialisme les aides-ménagères étaient appelées " Khoddam ". Ce terme bien que venant du terme arabe " Khedma " signifiant travail, a pris au fil du temps un sens péjoratif. Les gens de maison n'étaient protégés par aucune loi. De nos jours les choses ont , fort heureusement bien changé. Les gens de maison sont protégés par le code du travail ainsi que la convention collective de la branche. Il y a d'abord un âge minimum au dessous duquel, il est interdit de les faire travailler, quelle que soit la rémunération qui pourrait leur être allouée. Par ailleurs ceux ou celles qui sont engagés en tant que personnel de maison, doivent être traités comme le reste des travailleurs notamment quant aux conditions dans lesquelles ils sont tenus de travailler, tant sur le plan sanitaire que sur celui des risques qu'ils pourraient encourir. Que dire alors des mauvais traitements que certains risquent de subir de la part de leurs employeurs ? En principe la question ne se pose même pas, étant donné que tout mauvais traitement, sur n'importe quel être humain est prohibé et sévèrement réprimé par la loi. Mais encore faut-il qu'on puisse le dénoncer, lorsqu'il existe, car personne de nos jours ne peut imaginer, qu'une jeune fille récrutée à titre d'aide-ménagère, puisse être maltraitée par la maîtresse de maison. Et pourtant ce cas a été dernièrement découvert, à l'occasion d'une autre affaire d'attentat à la pudeur, dans laquelle a été impliqué le jardinier travaillant pour le compte de cette même dame. La jeune fille, déclara en effet, à cette occasion, aux enquêteurs qu'elle était sujette à des mauvais traitements par sa patronne. Celle-ci n'y allait pas de main morte, comme l'a affirmé dans son témoignage, une autre employée de maison, travaillant avec elle. Elle déclara, que la maîtresse de céans n'hésitait pas à battre la jeune fille, à coups d'un gros bâton, devant tout le monde, semant ainsi la terreur, et elle était connue pour sa cruauté et son manque d'humanisme. Le procureur de la République ordonna de ce fait une enquête et la jeune fille fut soumise à une expertise médicale. Celle-ci révéla que la victime présentait de graves séquelles dues à ces violences. Inculpé de violence sur mineure, la maîtresse de maison comparut devant tribunal et nia les faits incriminés. Cependant il était difficile pour de se disculper, devant les fortes présomptions dont le témoignage de la deuxième aide-ménagère, ainsi que le rapport d'expertise médicale, décrivant avec précision, les graves séquelles que la jeune fille avait subies. Après délibérations, l'accusée a été déclarée coupable et condamnée à 3 ans de prison.