* Vers la privatisation de l'UTB et la création d'un pôle bancaire tuniso-lybien * Création d'un centre de recherches et d'études financières et monétaires Les observateurs économiques qu'ils soient internationaux ou nationaux confirment à l'unanimité que l'année 2009 sera une année cataclysmique et ce malgré les signaux de stabilisation qui s'allumront à l'horizon 2010. L'économie nationale subit indirectement les effets pervers de la crise. La baisse de la demande extérieure et la chute des prix des matières premières ont affecté les exportations tunisiennes et par ricochet le rythme de la croissance économique du pays qui, selon les prévisions du FMI atteindra le seuil des 3,3% en 2009. dans le cadre du suivi de la conjoncture internationale et internationale, le Gouverneur de la BCT a présenté hier lors d'une conférence de presse une rétrospective sur l'évolution économique du pays et sur les principaux indicateurs du système bancaire et financier tunisien. L'évolution récente de la conjoncture internationale, le bilan trimestriel du secteur bancaire tunisien, les mesures engagées en faveur de l'investissement régional et les projets de restructuration du secteur bancaire et de la BCT, ont été les quatre axes d'intervention du gouverneur.
« Il faut faire jeter la Thrombose » S'agissant de la conjoncture internationale, le gouverneur de la BCT a affirmé que 2009 sera la plus mauvaise des années et une année difficile pours tous. Les dernières prévisions du Fonds Monétaire International (FMI) persistent et signent la chute de la croissance mondiale en abaissant ses prévisions de croissance à -1,3% pour 2009. Le Gouverneur de la BCT a fait remarquer à ce titre, le ralentissement de la croissance principalement dans les pays partenaires de la Tunisie dont la France. Le taux de croissance de la zone Euro accusera un fléchissement de 4,2%. Et pour sortir de la crise et reprendre l'équilibre de l'économie mondiale, la restructuration du secteur bancaire et financier mondial est classée parmi les premiers plans de relance du FMI. Le Gouverneur de la BCT a à ce titre repris la déclaration de M. Dominique Strauss-Kahn, Directeur Général du Fonds monétaire international (FMI) en affirmant : « Il faut faire jeter la Thrombose ».
Baisse des exportations dans l'énergie, le THC, les IME, l'huile d'olive et le phosphate Sur le plan national, la baisse de la demande extérieure et la chute des prix des matières premières ont engendré une baisse des exportations tunisiennes. Le taux de croissance a été réajusté à la baisse pour ainsi atteindre selon les prévisions du FMI 3,3% en 2009. « Toutefois, nous maîtrisons les équilibres globaux de l'économie », affirme le Gouverneur. La baisse des prix de l'énergie et des matières premières a engendré une baisse prépondérante des exportations tunisiennes dans les secteurs de l'énergie et des phosphates et dérivés mais aussi dans le secteur de l'huile d'olive. D'un autre côté, le fléchissement de la demande extérieure a contracté les exportations tunisiennes dans le secteur du textile-habillent et du cuir et chaussures (THC) et dans le secteur des Industries mécaniques et électriques (IME). A fin avril 2009, les exportations tunisiennes dans le textile habillement et les IME ont respectivement baissé de 16% et de 15,7%. Pour soutenir les exportations, le Gouverneur a annoncé : « Les comptes spéciaux bénéfices-exports seront libellés en devises ». Les exportateurs auront le choix de libeller leurs comptes en dinars convertibles ou en devises. Par ailleurs, le M.Taoufik Baccar a annoncé qu'un premier bilan sera dressé à l'expiration des 6 mois fixé pour le programme national de soutien aux entreprises exportatrices en difficulté (entré en vigueur en mois de décembre 2008). « Un rééchelonnement et un élargissement du programme de soutien, pour toucher d'autres entreprises non exportatrices, est à l'examen », affirme le Gouverneur Pour ce qui est des transferts des non résidents à l'étranger, le gouverneur de la BCT a fait remarquer que contrairement à d'autres pays, les transferts des Tunisiens à l'étranger ont augmenté au terme du mois d'avril 2009 de 8,3%. Tout en affirmant l'incapacité de prévoir l'évolution du secteur du tourisme d'ici la fin de l'année , notamment en raison des facteurs exogènes dont la grippe porcine, le gouverneur a affirmé l'accroissement des recettes touristiques durant les quatre premiers mois de l'année en cours. Toutefois et en raison de la morosité du marché européen, le nombre de nuitées a accusé une baisse de 4,1% au 10/04/2009. Côté hausse généralisée des prix, l'inflation est maintenue à la fin du mois d'avril à 3,2%. Les réserves en devises ont atteint 580 MDT, soit 151 jours d'importations contre 136 jours d'importations enregistrés durant la même période de l'année dernière. S'agissant de la liquidité, le gouverneur confirme la progression de la liquidité bancaire et du concours du secteur bancaire à l'économie. Lequel s'est accrû de l'ordre de 1,7% au cours du premier trimestre 2009. Sur la base des indicateurs économiques et financiers précités, le déficit courant s'est établi à la fin de la même période de référence à 0,4% du PIB contre 0,6% enregistré à la fin du premier trimestre de l'année 2008. Investissement régional : 353 projets approuvés en 2008 Traitant de l'investissement régional, le Gouverneur a présenté le bilan 2008 de la série de rencontres et séminaires organisés dans les régions. 353 projets ont été approuvés sur un total de 614 projets mobilisant une enveloppe de 382 MDT et générant 9200 emplois. Pour soutenir davantage l'investissement régional, le gouverneur a mis l'accent sur les nouvelles mesures dont : le doublement du capital de la BFPME, sa généralisation pour toucher toutes les régions du pays (une BFPME pour chaque région), le regroupement de la SORUGAR et de la BFPME au sein d'un même siège et l'augmentation du plafond de financement de la BFPME de 100.000 dinars à 200.000 dinars.
Entrée de la BH et la STB au capital de l'UTB Les indicateurs du secteur bancaire ont poursuivi au cours du premier trimestre 2009 et selon le gouverneur de la BCT leur évolution positive. Chiffres à l'appui, les concours à l'économie ont progressé de 13,9%, le Produit net bancaire s'est accru de 12,7% et les créances classées ont baissé pour atteindre le seuil de 15,2%. Toutefois, le secteur bancaire et financier tunisien ne va pas dormir sur ses lauriers, le programme de restructuration et de modernisation du système n'est pas arrivé à sa fin. De nouveaux projets sont en perspective. Le Gouverneur de la BCT a annoncé la prochaine fusion entre trois banques tunisiennes et libyennes en vue de créer un véritable pôle bancaire tuniso-lybien. Une restructuration de l'Union Tunisienne de Banque (UTB) sise à Paris est également à l'ordre du jour avec l'entrée de deux partenaires stratégiques dans le capital de la banque (STB et la BH). Une prochaine ouverture du capital de L'UTB à un partenaire étranger est également prévue. Le gouverneur a annoncé que la STB et la BH détiendront 51% du capital de l'UTB. Etant au centre du programme de restructuration du secteur bancaire et financier tunisien, le gouverneur a annoncé la création d'un centre de recherche et d'études financières et monétaires relevant de la Banque Centrale de Tunisie outre le projet d'élargissement du rôle des « Comptoirs » régionaux de la BCT. Ainsi les efforts se poursuivent pour hisser la qualité du secteur bancaire à des paliers supérieurs afin qu'il puisse jouer pleinement son rôle dans le financement de l'économie et la consolidation du rythme de la croissance notamment durant cette année de crise.