* Quand Microsoft s'endette, les marchés applaudissent La demande mondiale en pétrole continue de reculer alors que l'économie se contracte, souligne le rapport mensuel de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Selon le cartel pétrolier, la récente hausse affichée par les cours du brut reflète davantage l'optimisme de certains investisseurs que l'évolution des fondamentaux de l'économie. Malgré la baisse de la demande et ses propres promesses de réduire sa production, le cartel a annoncé que sa production avait en fait augmenté le mois dernier, suggérant ainsi que la hausse des prix avait encouragé ses membres à produire davantage. Dans son rapport, l'Opep estime que sa production, Irak exclu, s'est élevée à 25,81 millions de barils par jour (bpj) en avril, contre 25,59 millions en mars. Le cartel estime que la demande mondiale de brut va fléchir de 1,57 million de bpj en 2209 pour tomber à 84,03 bpj. Sa précédente estimation tablait sur un recul de 1,37 million bpj. Il s'attend toujours à une demande mondiale en pétrole plus importante que celle anticipée par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui conseille 28 pays industrialisés; le mois dernier celle-ci a dit prévoir une demande annuelle de 83,4 milliards de barils. La demande chute fortement dans les pays développés de l'OCDE, mais la récession mondiale a aussi freiné la croissance rapide de la demande dans les pays en développement comme la Chine et l'Inde. Au premier trimestre, la demande a reculé de 2,4 millions de bpj par rapport à la même période l'an dernier. Selon l'Opep, ce recul est imputable à 95% à la baisse de ma consommation dans les pays de l'OCDE. Le prix du baril a atteint un record historique à près de 150 dollars le baril en juillet dernier, soutenu par les prévisions d'une forte demande des pays en développement. Il a ensuite chuté pour tomber à 35 dollars en décembre alors que la récession mondiale s'installait. Les cours du baril se sont rétablis depuis décembre et ont repassé mardi le seuil de 60 dollars le baril alors que des signes précurseurs laissent penser que la récession ne sera pas aussi dure et prolongée qu'on le pensait il y a peu de temps encore. Mais le rapport de l'Opep avertit que le récent retournement du sentiments du marché, alors que les cours remontent, ne reflète pas nécessairement la réalité de l'offre et la demande. "Les prix se maintiennent à plus de 50 dollars le baril, davantage à cause de l'optimisme de certains investisseurs que de l'évolution des fondamentaux de l'économie. D'énormes risques subsistent tant que les fondamentaux du marché du pétrole ne sont pas équilibrés, à cause de la contraction persistante de la demande et d'un approvisionnement excessif." A New York, le baril de brut s'échangeait à 59,18 dollars vers 14h45 GMT. L'Opep a promis de diminuer sa production de 4,2 millions de bpj, soit environ 5% de la demande mondiale quotidienne, pour essayer de soutenir les prix. Le cartel pétrolier, qui fournit plus d'un tiers du pétrole mondial, avait maintenu ses quotas lors de sa dernière rencontre en mars, mais devrait se réunir le 28 mai pour réexaminer le marché. Il prévoit une baisse de la demande de 2,2 millions de bpj à environ 28,81 millions de bpj, avec un pic au deuxième trimestre de cette année et une possible reprise vers la fin de l'année. (Reuters)
Quand Microsoft s'endette, les marchés applaudissent Microsoft a fixé à près de 4 milliards de dollars (2,9 milliards d'euros) le montant de son premier emprunt obligataire. Les marchés ont de quoi se régaler. Elles sont bien rares, les sociétés jouissant d'une capitalisation boursière de 170 milliards de dollars et d'une trésorerie surabondante, tout en n'ayant contracté aucune dette. L'accueil enthousiaste que cette opération va recevoir témoignera de la considération accordée à Microsoft, plutôt que de la vitalité des marchés. Les investisseurs chevronnés seront surpris de voir cette entreprise émettre de la dette, mais c'est le signe de sa maturité. Microsoft marque là un net changement de stratégie, habituée qu'était la société à laisser s'entasser les liquidités et à dédaigner l'emprunt. Les entreprises du secteur des technologies ont tendance à faire ce choix parce qu'il les protège des risques liés aux révolutions technologiques inopinées. En revanche, il ne faudra guère s'étonner de voir les souscripteurs accourir. Microsoft est tout d'abord l'une des rares sociétés à être gratifiée d'un triple A, la note maximale de solvabilité, quand tant d'autres, comme Berkshire Hathaway ou General Electric, ont perdu leur précieuse cote dans la tourmente de la crise financière. En fait, l'importance de sa capitalisation boursière et les 20 milliards de dollars de liquidités ou presque que son activité rapporte chaque année placent Microsoft hors concours. Le bébé de Bill Gates fait une très bonne opération. Le taux est à peine supérieur au taux interbancaire pratiqué à Londres, et les intérêts versés sont déductibles des impôts. Microsoft va ainsi disposer désormais d'un trésor de guerre de 29 milliards de dollars en liquide, sans avoir à fournir un quelconque effort. Au contraire, l'émission de l'emprunt pourrait même alléger sa facture fiscale. Personne ne sait à quoi va servir cette tirelire bien garnie. Le fait que le cours de l'action ait perdu un tiers de sa valeur au cours de l'année passée crée une belle opportunité de rachat de ses propres titres, à un prix plus intéressant. Quels que soient les projets de Microsoft, le succès de son émission obligataire ne saurait en aucun cas être considéré comme le baromètre de la santé du marché du crédit