Mercredi dernier, on était monté dans le bus numéro 68 à la station Belhouane, reliant Bab El Khadra à la cité du 18 Janvier. On a pris nos places, qui n'étaient pas toutes assises bien sûr, les quelques chanceux parmi nous ont réussi à avoir des sièges, et la majorité comme à l'accoutumée avaient juste un petit espace où se cramponner pour ne pas tomber, vu que les secousses sont fréquentes à cause de l'état des routes, il est vrai, mais surtout parce qu'on est conduits, comme vous le savez, par des cascadeurs et non pas des chauffeurs. Mais comme on suffoquait de la chaleur et qu'on était éreintés, on ne prêtait plus attention à tous ces " détails ", à ce moment-là, chacun ne pensait qu'à arriver à destinée le plus tôt possible. Malheureusement, ce n'était pas notre jour de chance, car le départ qui était prévu à 14h 45 a été retardé d'une demi-heure à cause de l'absence du receveur. Après cette longue attente, quand on a désespéré de son arrivée, et comme le bus était devenu surchargé, le chef du couloir a intimé l'ordre au chauffeur de partir et de faire le voyage seul, on a quitté la station à 15h15. Celui-ci ne s'est arrêté que dans les stations où il y a vente au sol, c'est-à-dire Bab Lakouas, Bab Saâdoun, Bardo Touta et Bardo Conseil des Conseillers, il a grillé toutes les autres. Il faut reconnaître qu'à part les conditions désagréables du voyage causées par la surcharge et les odeurs très désagréables de la sueur causée par la proximité et la chaleur, on ne s'est pas ennuyés grâce aux jeunes qui ont pris la place du receveur et qui nous ont fait profiter d'une " belle " ambiance avec leur tapage, et le plus important c'est que nous avons pu rattraper le temps perdu par ce voyage " direct " qui nous a fait revivre une ancienne époque où cette pratique était très courante. D'autre part, et en dépit de ces incommodités, l'aller est beaucoup plus simple que le retour, puisque les dégâts sont limités, mais là, ils sont plus importants étant donné que dans ce circuit, il n'y a aucune vente au sol, ce qui veut dire que le chauffeur ne prendrait que les passagers du terminus et le voyage serait direct, mais vraiment direct cette fois-ci. Des slogans creux Lorsqu'on se rappelle que parmi les devises de TRANSTU figurent la qualité du service, la sécurité et la ponctualité, on ne peut que nous inquiéter pour ne pas dire nous indigner. Comment ce service de transport public peut-il connaître de telles perturbations, vivre une telle anarchie ? Il est absolument inconcevable que la plus importante société du pays dans ce domaine ne soit pas organisée et qu'elle fonctionne au gré des circonstances. Les voyageurs délaissés dans les stations grillées n'étaient pas là pour se promener, mais pour aller travailler ou rentrer chez eux pour ceux qui l'ont déjà fait, et le plus important c'est qu'il y avait parmi eux des élèves qui sont en pleine période de révision et en pleins examens, les premiers sont les candidats au bac, les seconds sont ceux des autres niveaux qui vivent la semaine bloquée la plus décisive, c'est le moment le plus crucial de l'année scolaire. En pareille période, on doit normalement redoubler d'efforts et mettre à la disposition des voyageurs des renforts en personnel et en matériel. Toutefois et en dehors de la conjoncture et des mesures exceptionnelles, l'organisation quotidienne dans des circonstances normales exige la présence d'un agent commandé, un agent de réserve qui remplace son collègue en cas de force majeure exactement comme on fait dans tous les métiers. Ce n'est pas logique de perturber le trafic pour la simple raison qu'un agent est absent, comment va-on organiser les voyages suivants ? Est-ce qu'on va les décaler à cause de cette demi-heure de retard ou bien supprimer quelques uns pour ne pas modifier l'horaire ?!
Le temps c'est de l'argent En Europe, cela fait des années qu'on a supprimé la fonction de l'agent receveur et c'est le chauffeur qui en assure le rôle. Cette solution très pratique paraît très difficile à réaliser chez nous. Car on n'a pas la même conception qu'eux : nous, nous misons sur la rentabilité, alors qu'eux, ils font du confort des voyageurs une priorité. Pour les égaler, on doit donc commencer à changer de principe et de mentalité en renforçant le parc des véhicules, car dans la situation actuelle où les voyageurs se comptent par centaines dans un seul voyage, il faut, au contraire, redoubler le nombre des receveurs par bus. Le chauffeur, lui, sa mission est d'arriver à bon port, ce qui n'est pas toujours évident dans de pareilles conditions, sa tâche consiste à assurer la sécurité des passagers. Cet événement n'est pas à appréhender légèrement, car il a des répercussions fâcheuses sur le rendement scolaire et professionnel des usagers. Ces retards répétés occasionnent des déficits certains affectant tous les secteurs indistinctement. N'oublions pas que le transport est la locomotive de l'économie, puisque le temps c'est de l'argent.