Les cigarettes tuent chaque année sept mille Tunisiens. Ce comportement coûte cher à la communauté. Et de surcroît, les autorités de tutelle ne disposent pas encore de chiffres pertinents par rapport à ce point crucial. Des études sont en phase de réalisation pour en savoir plus mais, entre temps le ministère de la Santé publique en fait son cheval de bataille et ce en annonçant l'année 2009 celle de la lutte contre les cigarettes. Un travail de longue haleine qui nécessite l'implication des différents acteurs. La célébration de la journée mondiale sans tabac s'inscrit notamment dans cette démarche. Un tiers des Tunisiens âgés de plus de 20 ans fument des cigarettes, substance dangereuse et responsable de plusieurs maladies incurables comme le cancer de poumons dans 90 % des cas et les maladies cardio-vasculaires avec 75 %. Si nous avons une loi interdisant sa consommation depuis une décennie, elle reste toujours non appliquée à la lettre et ce à cause de manque de cadre qualifié et bien formé en la matière. Pour remédier cette situation, le ministère de la Santé publique se penche sur la formation de plus de 1700 agents. Ils auront pour mission de renforcer les efforts déployés par les agents de police qui ont toujours été tolérants par rapport à la question. Et d'ailleurs nombreux sont les agents de la police qui fument dans des espaces publics, ou qui n'appliquent pas la loi régissant avec rigueur.
Programme Dorénavant, ils auront à être plus sévères essentiellement dans les endroits où seront affichées clairement les consignes " Interdit de fumer ". D'ailleurs le ministère de la Santé publique a distribué 100 autocollants dans ce sens. Cette démarche s'inscrit dans la ligne droite de la concrétisation du programme arrêté pour lutter contre les cigarettes tout au long de 2009. " Nous axons nos interventions sur trois volets, l'encouragement des jeunes à ne pas consommer la première cigarette, la sensibilisation des fumeurs quant à l'importance d'arrêter d'en consommer et la prise en charge des fumeurs à travers le sevrage ", déclare M. Mohamed Belaiba, Directeur Général de la santé publique. Une mission assez difficile sachant que les Tunisiens sont piégés par la première cigarette dès l'âge de 13 ans généralement. Le ministère de la Santé publique met l'accent essentiellement sur les établissements scolaires et universitaires. Il a " lancé ses programmes en la matière depuis une quinzaine de jours ", déclare le DG. Mais peut-on atteindre les objectifs tracés à quelques jours de la fin de l'année scolaire ? Pour répondre à cette question il a précisé que les opérations de sensibilisation de cette tranche d'âge se poursuivront pendant l'été. " Nous allons travailler en concertation avec les colonies de vacances et les scouts... ", répondra-t-il. Pour ce qui est du deuxième axe, la sensibilisation de fumeurs, quant aux dangers, tâche très difficile, elle se base notamment sur la sensibilisation et la formulation des messages convaincants. Des spots télévisés et radiophoniques ont été diffusés dans ce sens. Des nouveaux messages seront également transmis par les médias audiovisuels. Quant à l'aide au sevrage elle n'a pas réalisé des résultats fructueux car le taux de réussite reste limité. 30 à 40 % seulement des fumeurs ont réussi à arrêter de consommer les cigarettes. Pour appuyer cette disposition, le ministère compte multiplier par quatre le nombre d'unités d'aide au sevrage pour les passer à 80 contre 21 actuellement. Le corps médical exerçant dans le domaine sera lui aussi consolidé à travers la formation de 1800 médecins. Ce n'est pas tout. Le ministère compte aussi réduire les prix des substituts (patchs, pastilles et médicaments...). Il offrira gratuitement le premier paquet de cette matière. M. Belaïba a insisté sur le fait que les textes de loi régissant le secteur seront actualisés et surtout plus rigoureux. Cela permettra à la Tunisie d'adopter la convention de l'OMS. En fait, un fumeur sur deux meurt à cause des cigarettes en France. Les chiffres en Tunisie ne sont pas. D'ailleurs le ministère de tutelle commence à en mesurer la gravité et surtout l'ampleur de ce fléau ravageur. Car à ce train, ce sera trop tard. Sana FARHAT ------------------------------------ Interdiction de fumer dans les espaces de loisirs Des circulaires ont été distribuées aux professionnels de la restauration et des espaces de loisirs afin de s'aligner au programme de lutte contre le tabac. Des fermetures de quelques espaces ont eu lieu mais à un nombre limité. Malgré ces mesures, les textes ne sont pas appliqués par la majorité de professionnels. Ils ne prêtent pas beaucoup d'intérêt à la question. D'ailleurs rares sont ceux qui ont aménagé un espace non-fumeur dans leurs restos ou cafés. D'autres ne trouvent pas toujours du mal à fumer dans la cuisine ou même en servant les consommateurs. ------------------------------------ Manifestations à l'occasion de la Journée mondiale sans tabac Pour célébrer la Journée mondiale sans tabac, tout un programme haut en couleurs a été établi depuis le 25 du mois en cours. Des campagnes de sensibilisations ont été réalisées dans des espaces commerciaux en plus d'un programme scientifique dans des établissements scolaires et universitaires. Des spectacles, des expositions, etc ont aussi été présentés dans ce cadre.