Le Temps-Agences - De nombreux dirigeants ont jugé que le discours du président américain Barack Obama hier au Caire ouvrait une nouvelle ère avec le monde musulman, un changement salué y compris par le mouvement palestinien le plus hostile aux Etats-Unis. Le discours marque "un changement tangible" pour le Hamas, un "pas politique novateur" pour l'Autorité palestinienne, tandis que l'UE espère qu'il ouvrira "une nouvelle page dans les relations avec le monde arabo-musulman", bénéfique pour le règlement des conflits au Proche-Orient. Israël a exprimé "son espoir" que ce discours conduise à "une nouvelle réconciliation entre le monde arabo-musulman et Israël". Mais Israël, dont le refus de geler la colonisation en Cisjordanie irrite l'administration américaine, a prévenu qu'il prendrait en considération d'abord "son intérêt national et en premier lieu sa sécurité". Pour l'Autorité palestinienne, le discours du Caire est un "bon début sur lequel il faudra bâtir" et M. Obama a rompu avec "la précédente politique américaine partiale" en faveur d'Israël suivie par George W. Bush. Le Hamas, qui contrôle Gaza, a également salué "un changement tangible" et un "ton pondéré", "exempt du langage de la menace auquel la précédente administration nous a habitués". Mais le discours devra être jugé "en fonction de la politique qu'Obama va appliquer sur le terrain", ajoute le Hamas qui a aussi relevé des "contradictions", notamment lorsque M. Obama "a dit que le Hamas était soutenu par le peuple palestinien mais n'a pas appelé au respect de la légitimité du Hamas qui a été démocratiquement élu". Nombreux sont ceux dans le monde arabe et musulman qui ont vu dans le discours du président Obama un tournant par rapport à la politique de son prédécesseur George W. Bush, marquée par la guerre en Irak et le soutien inconditionnel à Israël, tout en attendant de voir comment il serait traduit en actes. Pour la Jordanie, ce discours "ouvre la voie à une nouvelle phase dans les relations des Etats-Unis avec le monde arabo-musulman". En Egypte, l'ancien responsable du Jihad Islamique, Kamal Habib, a qualifié cette allocution d'"historique" et de "nouveau début" pour les relations entre le monde musulman et l'Occident. Le président turc Abdullah Gül a jugé le discours "sincère, honnête et réaliste" : le président Obama "montre une fois de plus qu'il est un dirigeant constructif avec qui le monde musulman peut s'engager dans un partenariat pour la paix et la stabilité". Les Européens aussi ont exprimé leur satisfaction. Pour Javier Solana, le diplomate en chef de l'UE, "c'était un discours remarquable, qui, sans aucun doute, va ouvrir une nouvelle page dans les relations avec le monde arabo-musulman". Il a d'ailleurs relevé des "convergences" avec les positions européennes. La France y a vu "un discours qui fera date", d'une portée "majeure", montrant des Etats-Unis "résolument tournés vers le dialogue, la tolérance, le respect mutuel". Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier y a vu "une offre substantielle pour un dialogue entre l'Occident et le monde musulman", tandis que son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos saluait un discours d'"une énorme importance", qui marque une "rupture". Sans surprise, des responsables de la droite israélienne, dont un ministre, ont critiqué les demandes du président Obama, notamment sur l'arrêt de la colonisation en Cisjordanie, tandis que les pacifistes et modérés en Israël ont trouvé dans ses propos un soutien à leurs positions.