A quatre mois de la fin de son contrat, David Jemmali ne sait toujours pas s'il jouera aux Girondins la saison prochaine. Une situation qui déçoit le défenseur après dix ans passés à Bordeaux. Questions : Comment qualifierez-vous la saison de Bordeaux jusqu'à présent ? David Jemmali : Le moral n'allait pas trop après Osasuna mais on a bien redressé la barre en championnat. •Auriez-vu pu suivre la cadence des matchs si vous vous étiez qualifiés à Pampelune ? -Je ne vais pas me réfugier derrière l'élimination car honnêtement, on a tous pris un coup sur la tête à Pampelune. Tout le monde s'attendait à jouer les tirs au but. Et puis on perd à la dernière seconde de la prolongation, bêtement... Franchement, on voulait se qualifier mais après coup, on se dit que ce n'est pas plus mal. On va enfin pouvoir se remettre à bosser. Cela va faire du bien. Pendant un temps, c'était match, récupération et repos. On ne pouvait plus travailler l'aspect tactique. A chaque entraînement, il manquait des joueurs. On vivait trop sur notre acquis. Tactiquement et physiquement, ce n'était pas ça. Aujourd'hui, j'espère que ça va changer. •Comptez-vous sur cette période pour reprendre vous-même un peu de jus ? -Bien sûr. Je suis un peu cuit en ce moment. Je paye toujours le Mondial et mon manque de repos. Je n'ai eu que quinze jours de vacances et j'ai l'impression de n'en avoir eu que deux. Aujourd'hui encore, j'ai un peu de mal à rattraper mon retard. La période qui va s'ouvrir va me faire du bien. •Vous retrouvez-vous dans les différents changements tactiques ? -Non, ce n'est vraiment pas évident. On change quand même beaucoup depuis le début de saison. On essaye de s'adapter mais je le répète, ce n'est vraiment pas évident. Au moins l'an passé, on avait beaucoup plus de repères. On jouait tout le temps de la même manière. Et puis, on tournait assez peu. On avait 13-14 joueurs et ça nous suffisait. Là, on voit que l'attaquant de pointe, je pense notamment à Marouane (ndlr : Chamakh), fait beaucoup d'efforts pour créer l'espace. Du coup, il le paye devant le but. L'an passé, chacun avait sa mission et les rôles étaient mieux définis. •A titre d'exemple, avez-vous apprécié de vous retrouver en défense centrale ? -Je préfère jouer sur un côté, tout le monde le sait. Là encore, il a fallu s'adapter. Cette saison, j'ai joué à droite et dans l'axe. Franck (ndlr : Jurietti) a dépanné à droite et à gauche. Julien, lui, a joué en défense et au milieu... Des fois, on est un peu perdus. •Vous pensez que Bordeaux se cherche encore une identité ? -Sans doute. La saison dernière, on avait une particularité : le mental. Tout le monde était déterminé de la 1ere à la 90eme minute. Là, on a voulu évoluer mais les joueurs n'étaient pas encore prêts à le faire. On manquait de repères. La saison dernière, on en avait plus. C'était beaucoup plus facile. •En avez vous parlé au coach ? -Non. •Vous ne pensez pas que cela aurait fait avancer les choses ? -Ricardo a ses systèmes et nous, on doit faire avec. Il a aussi son staff et je pense qu'il doit échanger avec lui. Après, peut-être qu'il a eu des discussions avec Yul (ndlr : Ramé) ou Jo (ndlr : Micoud) mais je n'en sais rien. Si je dois le rencontrer, cela se fera un jour mais bon... •Vous n'en avez jamais ressenti le besoin ? -Peut-être qu'il n'en a pas besoin non plus... •On ne voit pas beaucoup de leaders émerger du vestiaire. Qu'en pensez-vous ? -C'est clair que Lilian Laslandes n'a pas été remplacé. Lui, il parlait tout le temps, même après une victoire ! C'était son boulot et il le faisait très bien. Et vu l'effectif actuel, on aura du mal à trouver un successeur. •Ce rôle ne vous était-il pas dévolu après son départ ? -Moi, je l'ouvre plus sur le terrain. Je replace, j'encourage. Ce sont des choses qui sont naturelles quand je suis en match. Mais dans la semaine, je pars du principe que chacun doit se gérer personnellement. J'interviens donc assez peu dans le vestiaire, sauf si on me demande des conseils. Là, OK, je peux prendre du temps pour parler. Mais sinon, je n'y vais pas spontanément. •La gestion personnelle est peut-être plus facile à 32 ans qu'à 20... lui, s-Mais moi, j'étais pareil à 20 ans ! Si les jeunes ne savent pas comment faire, je n'y peux rien. C'est à eux aussi de se prendre en main. Je ne suis pas à leur place. Il y a un coach et un staff qui doivent aussi gérer cela. Moi, ce n'est pas mon boulot et ce n'est pas mon tempérament. Lilian, avait comment parler aux mecs. C'était peut-être le seul. •Jouez-vous libéré actuellement ? -Physiquement, ce n'est pas évident. Il y a un mois et demi, j'étais un peu en dedans. Mais je sais que ça va revenir avec un peu de boulot. Déjà, faire un match par semaine va me faire du bien. •On voulait parler de votre fin de saison et de l'échéance de votre contrat ? -Honnêtement, je n'y pense pas. Je fais mes matchs et on verra bien ce qui se passera. A 24 ou 25 ans, j'aurais été beaucoup plus perturbé. Là, je sais que quoi qu'il arrive, j'aurai un club la saison prochaine. Dans quelques mois, je suis libre de signer où je veux. Le seul truc qui m'embête, c'est qu'une blessure vienne me pourrir la fin de saison. Je touche du bois. •Voulez-vous rester aux Girondins la saison prochaine ? -Tout le monde connaît mon attachement à ce club. Mais bon, s'il faut partir, je le ferai aussi ! J'ai eu des contacts au Mercato et j'en aurai cet été. Je ne me fais aucun souci pour mon avenir. •Vous n'aviez pas prévu de voir les dirigeants ? -Si, si... Mais à chaque fois, la réunion a été repoussée. Je devais déjà les voir la saison dernière. On avait évoqué une prolongation en janvier 2006. Après, on a voulu se voir en mars puis en mai. Ensuite, il y a eu la Coupe du Monde. Depuis, c'est toujours la même histoire. On n'arrive jamais à se rencontrer. Apparemment, en avril 2007, il y a un truc de prévu mais je ne prévois plus rien maintenant... •Vous pensez que les dirigeants profitent de votre attachement au club pour faire traîner les choses ? -Ils se disent peut-être que je resterai à vie ici. Mais moi, je sais aussi ce que je veux. A mon âge, je veux un bon club et un dernier bon contrat. •Etes-vous agacé ? -Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas stressé. J'arrive à prendre du recul. Mais cela fait dix ans que j'avale les kilomètres pour les Girondins et ça, si personne ne le voit, je n'y peux rien... Il n'y a pas toujours de retour d'ascenseur dans le football. Je dirais même que dans mon cas, il y a un manque de reconnaissance.