Le fameux article du règlement intérieur de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) adopté lors du congrès de Djerba tenu en février 2002 et qui limite à deux mandats l'exercice de la responsabilité au bureau exécutif de la centrale syndicale continue de susciter des remous et de la contestation chez nombreux syndicalistes dont certains appellent à la création d'un syndicat autonome et commencent avec insistance à revendiquer le pluralisme syndical dans le pays. C'est dans l'euphorie qui a régné lors de ce congrès placé sous le signe de la réconciliation et de la démocratisation après les années "muselées" de l'ancien secrétaire général Ismaïl Sahbani, qu'a été donc adopté cet article. L'objectif est de consolider la pratique démocratique et asseoir une véritable alternance socle de la démocratisation. Mais après coup des membres du bureau exécutif se sont rendu compte qu'ils vont tôt ou tard céder leurs places. Ils ont tenté ainsi lors du congrès de Monastir tenu en décembre 2006 d'amender cet article une tentative qui s'est soldée par un échec. La majorité des congressistes s'y sont opposés. Du coup neuf membres du bureau exécutif actuel qui ont été élus au congrès de Djerba et celui de Monastir n'auront plus le droit de briguer un autre mandat au prochain congrès. Il s'agit de M. Abdessalem Jrad l'actuel secrétaire général et des membres du bureau exécutif MM. Ali Romdhane, Mohamed Saâd, Mohamed Chendoul, Ridha Bouzriba, Mohamed S'himi, Moncef Yaacoubi et Abid Briki. Quant à Mohamed Trabelsi qui était concerné lui aussi, il a choisi de partir occuper le poste de représentant du bureau international du travail (BIT) au Caire gardant ainsi ses chances intactes pour pouvoir se représenter au prochain congrès.
Amendement Une situation qui ne plait donc pas à ces responsables lesquels ne peuvent plus aspirer à un autre mandat à la direction de la centrale syndicale. Ils vont donc tenter d'amender cet article du règlement intérieur. Mais un article adopté par un congrès ne peut être amendé que par un congrès. Et pour tenir un congrès prématuré c'est-à-dire extraordinaire. Il faut qu'une majorité des membres du conseil national le sollicite. Donc selon une source proche de la direction de la centrale syndicale "Pour les membres du bureau exécutif concernés par le fameux article il faut dans un premier temps s'assurer d'avoir une majorité favorable à l'amendement au conseil national. Donc écarter les membres qui sont contre". Même si les intéressés le nient avec force tout laisse croire que l'opération d'exclure ou d'écarter les hostiles à l'amendement a déjà commencé. Et les crises qui se sont succédé aux Unions Régionales du Travail, de Nabeul, Bizerte et Tunis et qui ont abouti à l'exclusion des secrétaires généraux de ces unions respectives le prouvent même si Ali Romdhane membre du bureau exécutif de l'UGTT chargé du règlement intérieur assure avec force que "ces crises ont été déclenchées suite à une mauvaise gestion financière notamment à l'URT de Tunis et à des dépassements dans les autres cas".
Conflit Les remous mentionnés dans cet article ont eu leurs incidences directes lors du renouvellement des Unions régionales. Des élections qui ont une importance majeure étant donné que les membres des bureaux élus feront partie du conseil national qui pourrait convoquer un congrès extraordinaire susceptible d'amender l'article en question. Mais, mauvaise surprise, pour la direction de la centrale syndicale ! Dans certaines unions régionales, les listes qu'elle a soutenues n'ont pas remporté ces élections. A Sousse le secrétaire général sortant n'a pas été élu. A Kairouan quatre membres d'une liste concurrente ont été élus. A Siliana sept membres d'une liste indépendante ont fait leur entrée au nouveau bureau. Autre surprise désagréable à Gabès; le secrétaire général a décidé de ne pas se représenter affirmant qu'il est pour l'alternance et le rajeunissement des responsables. En clair pour le maintien du fameux article des deux mandats. Des remous qui soulèvent une vive polémique et annoncent un conflit de générations au sein de la centrale syndicale.